Emploi des seniors, salaires, retraites… les dossiers prioritaires de la nouvelle ministre du Travail

Astrid Panosyan-Bouvet a été nommée ministre du Travail et de l’Emploi au sein du gouvernement Barnier, samedi 21 septembre 2024.

Assurance-chômage, salaires et emploi des seniors sont notamment au menu d'Astrid Panosyan-Bouvet, la nouvelle ministre du Travail.
Assurance-chômage, salaires et emploi des seniors sont notamment au menu d'Astrid Panosyan-Bouvet, la nouvelle ministre du Travail. © Le9thermidor, CC BY-SA 4.0/ Wikimedia Commons

« Au travail et au Travail, dans le respect et l’écoute », a sobrement tweeté Astrid Panosyan-Bouvet, quelques minutes après que Michel Barnier a dévoilé la liste des 39 membres de son gouvernement, samedi 21 septembre 2024, dans la soirée.

Pour sa première expérience gouvernementale, la députée Renaissance de Paris hérite de nombreux chantiers d’ampleur, laissés en suspens depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. Des dossiers qui ne sont pas étrangers à Astrid Panosyan-Bouvet, qui a coprésidé un groupe transpartisan sur le travail à l’Assemblée nationale, lorsqu’elle était membre de la commission des affaires sociales. La CFTC a accueilli sa nomination comme « une bonne nouvelle pour le dialogue social », de même que la CFDT qui décrit la ministre comme « quelqu’un de connu, qui sait travailler avec les partenaires sociaux ».

Assurance-chômage, retraites, emploi des seniors, salaires, France Travail : on fait le tour des dossiers qui vont occuper la ministre dans les prochains mois.

Réforme de l’assurance-chômage

Le plus urgent, en termes de calendrier, est sans doute la réforme de l’assurance-chômage. Car les règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi, aujourd’hui en vigueur, arrivent à échéance le 31 octobre.

Pour rappel, le gouvernement Attal prévoyait de réduire cette durée d’indemnisation de 18 à 15 mois, mais aussi de durcir les conditions d’ouverture des droits. Le nouveau gouvernement va-t-il faire sien ce projet suspendu durant l’été ?

Il est permis d’en douter, car Astrid Panosyan-Bouvet avait clairement affiché ses divergences de point de vue : « L’urgence n’est pas de réformer l’assurance-chômage, mais de rendre attractifs les métiers qui ne le sont pas […] et de lever les freins centraux à l’emploi : formation, transport, logement, garde d’enfants… », avait-elle déclaré en mars dernier, selon Les Echos.

Si la réforme en l’état est abandonnée, la ministre pourrait alors lancer une nouvelle concertation avec les partenaires sociaux. Ou reprendre l’accord signé entre patronat et syndicats en novembre 2023, que l’ancien gouvernement avait refusé de valider à cause de l’échec des négociations sur le « pacte de la vie au travail », en avril 2024.

Emploi des seniors

Autre négociation gelée, faute d’accord sur le « pacte de la vie au travail », celle sur l’emploi des seniors. Un sujet qui tient particulièrement à cœur à la nouvelle ministre du Travail. Celle qui plaide pour une approche méthodique et globale, à l’image des politiques publiques des pays scandinaves, détaillait ainsi dans les colonnes du Monde, en novembre 2023 : « Santé au travail, formation professionnelle, retraite progressive, changement de nos représentations culturelles des seniors en entreprise… Il faut mener de front tous ces sujets. »

Sur ce dossier aussi, elle pourrait ouvrir un nouveau cycle de négociations avec les partenaires sociaux.

Retraites

Astrid Panosyan-Bouvet ne s’est pas opposée au recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, porté par la réforme entrée en vigueur en septembre 2023. Elle avait, en revanche, regretté que les thèmes de l’usure professionnelle et du bien-être au travail ne soient pas au cœur du texte.

Un texte d’abrogation de la loi, déposé par le Rassemblement national, doit être examiné à l’Assemblée nationale le 31 octobre. De son côté, Michel Barnier, s’est dit prêt à « ouvrir le débat » pour améliorer certains points du texte sans pour autant « tout remettre en cause ». Plusieurs syndicats (CGT, FSU, Solidaires et des organisations étudiantes) appellent à faire grève le 1er octobre pour demander l’abrogation de la réforme.

Salaires

Alors que le ralentissement de l’inflation semble écarter l’hypothèse d’une revalorisation du Smic avant début 2025, le gouvernement pourrait décider d’un coup de pouce, comme le demandent les syndicats. Pour la nouvelle locataire de la rue de Grenelle, « le Smic a vocation à être un niveau d’entrée dans la vie active, pas la rémunération d’une carrière complète », confiait-elle au Monde en novembre 2023.

La ministre devra aussi examiner les conclusions du rapport Bozio Wasmer, commandé par l’ex-ministre du Travail, Elisabeth Borne, pour mesurer notamment les effets des exonérations de cotisations sur les bas salaires. Dans une interview au Monde, la députée de Paris appelait aussi à « mettre sur la table le sujet de la conditionnalité des aides aux entreprises pour qu’elles soient davantage fonction de la qualité des bonnes pratiques sociales et salariales ».

L’augmentation des salaires sera aussi au cœur des revendications des grévistes, le 1er octobre prochain.

France Travail

Astrid Panosyan-Bouvet devra enfin poursuivre la réforme de France Travail et en particulier la généralisation de l’inscription à cet organisme de tous les bénéficiaires du RSA.

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