Secteurs, métiers, tâches : quel impact réel de l’IA d’ici 2030 ?

27% des emplois pourraient être automatisés d’ici 2030, selon l’OCDE. Mais tous les secteurs, les métiers et même les tâches ne sont pas impactés de la même façon par l’IA.

les métiers en France face au risque de l'intelligence artificielle Zety
L’intelligence artificielle redessine les contours de l’emploi, selon une étude Zety. © Zety

Une étude publiée par la plateforme Zety sur les métiers en France face au risque de l’intelligence artificielle dresse un constat sans ambiguïté : l’IA ne se contente plus d’assister les travailleurs, elle devient partiellement autonome et capable d’initier des actions complexes. En 2025, OpenAI affirme que ChatGPT a déjà atteint le niveau du 50ᵉ meilleur programmeur au monde, et devrait dépasser les capacités humaines avant la fin de l’année.

Pour établir son panorama des professions les plus vulnérables face à l’automatisation, l’étude a mobilisé l’IA elle-même, en croisant les projections de France Stratégie, de l’OCDE, de l’Insee et du Forum économique mondial. Une démarche qui permet d’identifier précisément les secteurs, les métiers et les tâches où la transformation sera la plus brutale.

Six secteurs au cœur de la tempête

L’automatisation frappe d’abord les secteurs où les processus sont fortement standardisés et les tâches répétitives. Six domaines d’activité concentrent l’essentiel des bouleversements à venir :

  • Les services administratifs subissent déjà une transformation en profondeur. La gestion des mails, des agendas, le tri de documents ou la reconnaissance optique de caractères (OCR) sont désormais largement automatisés. Les secrétaires, assistants, opérateurs de saisie et employés de bureau voient leurs missions historiques se réduire ou évoluer radicalement vers des fonctions de coordination et d’arbitrage.
  • Le transport et la logistique s’apprêtent à vivre un bouleversement majeur avec l’arrivée des véhicules autonomes à l’horizon 2030. Les chauffeurs routiers, livreurs et conducteurs de VTC figurent parmi les professions les plus exposées. Parallèlement, les entrepôts automatisés réduisent drastiquement les besoins en magasiniers et caristes, transformant la chaîne logistique en un système de plus en plus robotisé.
  • Le commerce et la distribution connaissent une mutation accélérée. Les caisses automatiques, assistants virtuels et le développement du commerce en ligne menacent directement les postes de caissier, hôte de caisse et vendeur. Des enseignes testent déjà des magasins entièrement automatisés, sans personnel en caisse.
  • L’industrie, habituée à la robotisation depuis plusieurs décennies, franchit un nouveau cap. Les robots collaboratifs remplacent progressivement les ouvriers d’assemblage et les opérateurs de contrôle visuel.
  • La banque et l’assurance automatisent massivement leurs processus. L’analyse des dossiers clients, les réponses aux demandes simples, la gestion documentaire et une partie du conseil de base basculent vers des systèmes d’IA. Les guichetiers, agents de back-office et techniciens en assurance voient leur périmètre d’intervention se réduire.
  • Le secteur de la santé n’est pas épargné. Les IA analysent les images médicales, assistent dans la saisie de comptes-rendus et automatisent certains examens de routine. Les radiologues, anatomopathologistes et secrétaires médicaux doivent repenser leur rôle, l’IA devenant un outil d’aide au diagnostic de plus en plus performant.
Les secteurs les plus impactés par l’IA en France (2025-2030), selon une étude Zety.
Les secteurs les plus impactés par l’IA en France (2025-2030), selon une étude Zety.

Le top 10 des métiers dans la ligne de mire

Au-delà des secteurs, certaines professions cumulent un niveau de risque particulièrement élevé. Ces métiers concentrent un fort volume de tâches standardisées et numérisables, hautement exposées à des outils comme les chatbots, l’OCR (reconnaissance optique de caractères), les IA génératives, la vision par ordinateur ou la RPA (automatisation robotisée de processus).

  1. Opérateurs de saisie et back-office (risque d’automatisation : 95 %): la saisie de données, tâche entièrement répétitive et régie par des règles précises, est déjà largement automatisée.
  2. Caissiers et hôtes de caisse (90 %) : les caisses automatiques, assistants virtuels et applications de paiement mobile réduisent drastiquement le besoin de personnel en caisse. Le commerce en ligne accélère cette tendance en supprimant purement et simplement le passage en caisse physique.
  3. Employés administratifs et secrétaires (85 %) : la gestion des plannings, le traitement des mails, le classement et l’archivage de documents sont des missions que l’IA gère de façon de plus en plus autonome.
  4. Guichetiers bancaires (80 %) : l’usage massif du numérique, des applications bancaires et des bornes automatiques rend leur rôle de moins en moins central.
  5. Comptables et aides-comptables (75 %) : des logiciels pilotés par l’IA réalisent désormais les saisies comptables, les bilans et les rapprochements bancaires avec une précision accrue et un temps de traitement considérablement réduit.
  6. Téléconseillers et standardistes (70 %) : les chatbots et callbots traitent une part croissante des interactions client, laissant aux humains les demandes les plus complexes ou nécessitant de l’empathie.
  7. Ouvriers d’assemblage (65 %) : les robots industriels remplacent les tâches manuelles répétitives, avec une productivité, une précision et une fiabilité égale voire supérieure à celles des opérateurs humains.
  8. Chauffeurs et livreurs (60 %) : les véhicules autonomes et la logistique automatisée gagnent progressivement du terrain. Si le déploiement massif en 2030 reste incertain, la tendance est irréversible et les premiers usages se multiplient.
  9. Rédacteurs et traducteurs (55 %) : les outils d’IA générative rédigent et traduisent des textes avec une qualité de plus en plus élevée, particulièrement pour les contenus standardisés : descriptifs produits, communiqués de presse, synthèses documentaires.
  10. Graphistes et maquettistes (50 %) : les IA génératives produisent des visuels sur commande à moindre coût et en quelques secondes, redéfinissant les contours d’une profession historiquement protégée par la créativité humaine.

Quelles tâches l’IA peut (et ne peut pas) automatiser ?

Au-delà des métiers, l’étude permet d’identifier quelles tâches sont les plus vulnérables à l’automatisation. Les postes les plus à risque regroupent des activités techniques, répétitives, encadrées par des règles claires, et demandent peu d’interactions humaines ou de compréhension du contexte.

  • Les tâches facilement automatisables : saisie de données et de formulaires ; gestion de mails simples et réponses automatisées ; tri, classement, archivage ; contrôle visuel d’images et de documents ; production d’illustrations, de résumés ou de textes simples sur la base de modèles.
  • Les tâches qui résistent à l’IA : créativité originale et artistique ; relation client personnalisée nécessitant empathie et adaptation ; négociation, conseil stratégique et arbitrage ; décision clinique complexe ; encadrement humain, gestion de conflits et leadership.
    Les professions du soin, de l’artisanat, du bâtiment, du conseil et de la gestion humaine, ainsi que les métiers créatifs ou de maintenance, mobilisent une finesse d’analyse, une capacité d’adaptation et une présence émotionnelle que les machines ne peuvent reproduire.

L’avenir n’est donc pas à la disparition pure et simple des métiers, mais à leur transformation. L’IA prend en charge les tâches répétitives, tandis que l’humain reste essentiel pour les dimensions complexes, sensibles ou créatives. Les RH doivent anticiper cette évolution en identifiant, pour chaque poste, quelle part des activités bascule vers l’automatisation et quelle part monte en valeur ajoutée.

Vers un marché du travail hybride d’ici 2030

Ce que suggère l’étude, c’est moins un scénario d’extinction qu’un recalibrage profond des emplois. Certains métiers vont décliner, d’autres émerger, et beaucoup vont se transformer : l’IA ne sera pas un remplacement, mais un catalyseur d’évolution.

Pour les RH, l’enjeu est clair : il faut anticiper. Cela passe par des stratégies proactives de formation, l’identification des métiers stratégiques à développer, et un accompagnement des collaborateurs vers des rôles plus « augmentés » pour tirer le meilleur parti possible de l’IA.

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Bien s’équiper pour bien recruter