Pourquoi les salariés français sont-ils plus mobiles qu’avant la crise sanitaire ?
La crise sanitaire a concrétisé les envies de changement de vie professionnelle de nombreux salariés français.
La Grande Démission, qui a gagné les Etats-Unis en 2021, n’a pas eu lieu en France. Certes, au lendemain de la crise sanitaire, le nombre de démissions a atteint un niveau historiquement élevé de 520 000 par trimestre, fin 2021 et début 2022, selon la Dares.
Difficile pour autant de comparer ces mouvements au Big Quit américain. Les économistes ont surtout vu dans cette hausse les effets d’une conjoncture économique favorable : reprise de l’activité post-Covid, taux de chômage faible et difficultés de recrutement à l’origine de belles opportunités pour des salariés en poste.
Une envie d’ailleurs
Ce phénomène a cependant mis en lumière l’aspiration de nombreux actifs au changement de vie professionnelle. Mais dans quelles directions s’opèrent ces virages ?
Une nouvelle enquête, publiée par la Dares et l’Insee le 22 juillet, dessine les grandes tendances de ces mouvements sur le marché de l’emploi français, en 2023. Premier constat : 18,3% des salariés français du secteur privé ne travaillent pas dans la même entreprise en 2023 qu’en 2022. Soit un chiffre en hausse de 1,3 point par rapport à la période pré-Covid. « Ceci corrobore l’hypothèse d’un changement de comportement des salariés qui se pérennise plutôt qu’un rattrapage ponctuel des mobilités qui n’auraient pas pu s’effectuer pendant la pandémie », notent les auteurs de l’étude.
Des démissions qui touchent toute la population
La moitié de ces démissions débouche sur une embauche par un autre employeur du secteur privé. On retrouve ensuite les autres démissionnaires dans le secteur public (0,6%), sous le statut d’indépendant (0,8%), au chômage (3,2%) ou à la retraite (4,6%).
Il est à noter que les démissions touchent autant les hommes que les femmes et toutes les catégories d’âge et socioprofessionnelles.
Salaire et conditions de travail : les principaux moteurs de changement
L’augmentation des revenus et l’amélioration des conditions de travail sont les deux principales raisons qui poussent les salariés à quitter leur entreprise. On peut l’expliquer à la fois par une volonté de maintenir leur pouvoir d’achat dans un contexte d’inflation et d’accorder la priorité à un bon équilibre vie pro/vie perso.
Pour autant, l’enquête révèle que le pari du changement d’entreprise pour accroître ses revenus n’est pas forcément gagnant. Ainsi, les salariés qui ont changé d’entreprise en 2021 et 2022 ont vu leur salaire augmenter, en moyenne de 2,9% (en euros courants) en 2022. Dans le même temps, ceux qui n’ont pas changé d’entreprise ont été augmentés de 5,7%, en moyenne. Exception notable pour les salariés qui ont quitté un CDD pour un CDI en 2022 : leur salaire a progressé de 13,2% contre 7,8% de moyenne pour les CDD restés au sein de la même entreprise.
Des reconversions professionnelles en hausse
Le désir de trouver un emploi plus intéressant ou de changer d’employeur, voire de secteur d’activité ou de métier sont également cités par les salariés du privé en quête d’un nouvel emploi. L’étude souligne d’ailleurs que de plus en plus de salariés franchissent le pas de la reconversion professionnelle : en 2023, 5,3% des salariés de septembre 2022 ont quitté leur entreprise pour changer de profession. Un chiffre en augmentation de 0,8 point par rapport à l’année précédente.