Salaires : que proposent les candidats aux élections législatives ?
La rémunération et le pouvoir d’achat sont au cœur des programmes des partis en lice pour les scrutins des 30 juin et 7 juillet.

Quasi absent des débats des élections européennes, le sujet des salaires revient sur le devant de la scène à l’occasion de la campagne éclair des législatives. Alors que le pouvoir d’achat demeure une priorité pour les Français, nous rappellent les sondages, chaque parti politique y va de sa proposition pour lutter contre la stagnation des salaires. Quelles sont les promesses des candidats en lice ? Réponses programmes à l’appui.
Augmentation du Smic à 1 600€ net mensuels
Le Nouveau Front populaire (regroupant le Parti socialiste, La France insoumise, Europe Ecologie-Les Verts et le Parti communiste français) prévoit d’augmenter le Smic de 14% afin qu’il atteigne 1 600 euros net par mois (contre 1 400 euros aujourd’hui).
Au fil des revalorisations du Smic, de plus en plus de salariés du privé touchent le salaire minimum (17,3% au 1er janvier 2023 contre 12% en 2021). Les bas salaires se trouvent donc rattrapés par le Smic, entraînant un tassement des grilles de rémunération.
A la demande du Haut Conseil du financement de la protection sociale, l’institut Rexecode et Bpifrance ont mené une enquête pour déterminer les causes de cette « smicardisation ». Il en ressort que les deux principaux freins à l’augmentation de leurs employés identifiés par les entreprises sont :
- Des contraintes financière et économiques liées à la marge ou à la trésorerie de l’entreprise
- La difficulté de répercuter le coût salarial supplémentaire sur les prix.
Indexation des salaires sur l’inflation
Le parti d’union des gauches souhaite également indexer les salaires sur l’inflation, à l’image des système en vigueur en Belgique, au Luxembourg, à Chypre et à Malte. C’est une revendication de longue date de la France Insoumise et de plusieurs syndicats, peu goûtée par le patronat, qui estime qu’elle se traduirait par une hausse des prix et affaiblirait l’économie du pays.
Selon les estimations de la Banque de France, les hausses de salaires négociées dans le cadre des accords de branche 2024 s’établissent autour de 3,5% tandis que, fin 2024, l’inflation devrait avoisiner 2% sur douze mois. Les salaires devraient donc augmenter plus vite que l’inflation, confirmant la tendance amorcée en 2023.
Augmentation du plafond de la prime de partage de la valeur
Par la voix du Premier ministre, le camp présidentiel a dit sa volonté d’augmenter le plafond de la prime de partage de la valeur, de 6 000 à 10 000 euros. Celle-ci pourrait également être mensualisée.
Pour rappel, il s’agit d’une prime que l’employeur peut choisir de verser à ses collaborateurs. Depuis le premier janvier 2024, elle n’est plus exonérée de CSG et de CRDS, comme c’était le cas auparavant, ce qui explique que les versements soient en recul de moitié depuis le début de l’année. Gabriel Attal a déclaré que la prime nouvelle version ne serait associée à aucune charge ou impôt.
En 2023, cette prime avait été versée à 6 millions de salariés, pour un montant moyen de 1681€ par collaborateur.
Depuis l’adoption de la loi sur le partage de la valeur, en 2022, les syndicats alertent sur la possibilité que les dispositifs de prime, d’intéressement et de participation ne se substituent de plus en plus aux augmentations de salaire.
Réduction des cotisations sociales des salariés
Rapprocher le salaire net du salaire brut, c’est la solution prônée par Les Républicains. Pour ce faire, ils comptent réduire les cotisations sociales des salariés touchant moins de trois fois le Smic (soit 4 200 € net mensuels).
Exonération de cotisations patronales sur les hausses de salaire
Quant au Rassemblement national, il compte inciter les employeurs à augmenter de 10% les salaires de leurs employés gagnant moins de trois fois le Smic, en mettant en place des exonérations de cotisations patronales sur la part d’augmentation de salaire accordée. Le parti reprend en cela l’une des mesures phares de sa candidate à l’élection présidentielle de 2022.
De nombreux économistes pointent du doigt le coût que pourrait représenter cette mesure pour les dépenses publiques. A titre d’exemple, les allègements de cotisations patronales sur les bas salaires représentaient un coût de 88 milliards d’euros en 2023, selon le rapport de la commission des Comptes de la Sécurité sociale.