Pourquoi les salaires du privé ont-ils augmenté deux fois plus vite que ceux du public ?
Entre 2011 et 2021, le salaire net a progressé, en moyenne, de 4,9% dans le secteur privé.
Selon les derniers chiffres de l’Insee, le salaire net moyen en équivalent temps plein affiche une hausse de 4,9%, entre 2011 et 2021, dans le privé, à euros constants (c’est-à-dire corrigés de l’inflation), pour se situer à 2 524 € mensuels. Une augmentation en partie imputable aux modifications dans la composition de l’emploi pendant la crise sanitaire : « Les périodes de chômage partiel et les destructions momentanées d’emploi ont davantage concerné les emplois les moins rémunérateurs, rehaussant ainsi mécaniquement le salaire moyen de façon temporaire », explicite l’institut statistique.
Sur une période plus longue, entre 1996 et 2021, c’est le salaire des ouvriers qui a le plus progressé (de 17,6%, contre 12,1% pour les employés, 4,7% pour les cadres et 3,3% pour les professions intermédiaires). Ce phénomène s’explique par le fait que la rémunération de ces métiers moins qualifiés est souvent proche du Smic, donc dépendante de ses revalorisations.
Gel des salaires dans le public
Dans le secteur public, le salaire moyen a progressé moins rapidement : +2,1% entre 2011 et 2021. « En légère baisse durant la décennie 2010, il a fortement rebondi depuis 2020, notamment dans la fonction publique hospitalière, à la faveur des primes exceptionnelles versées durant la crise sanitaire puis des mesures de revalorisations prises dans le cadre des accords du Ségur de la Santé. »
Ainsi, dans le public, le salaire moyen des professionnels de la santé enregistre la plus forte hausse : +10,9% en dix ans. Dans le même temps, la rémunération des fonctionnaires a augmenté de 2,6% et celle des autres non-fonctionnaires de 1,5%. A noter que le salaire de base des fonctionnaires a été gelé entre 2010 et 2022, à l’exception d’une augmentation de 1,2% en 2016-2017.
Des inégalités salariales hommes-femmes moindres dans le public
L’étude de l’Insee met également l’accent sur la persistance des inégalités salariales hommes-femmes, même si elles tendent à s’atténuer progressivement. En 2021, un écart de 14,5% subsiste entre salaire moyen féminin et salaire moyen masculin, dans le secteur privé. Un chiffre en baisse de 7,9 points par rapport à 1996. « La réduction de l’écart salarial entre femmes et hommes résulte notamment de la hausse de la part des femmes parmi les emplois les plus qualifiés, en particulier les cadres, même si elles demeurent minoritaires parmi les emplois les mieux rémunérés. »
Dans le public, la situation est légèrement moins déséquilibrée : l’écart salarial s’établit à 11,3% en 2021, soit trois points de moins qu’en 2011.