Le « revenge quitting » : l’art de la démission bruyante et assumée
Le mot RH de la semaine. Ryne Sherman, Chief Science Officer chez Hogan Assessments, revient aux racines du « revenge quitting » et propose des parades à ce désengagement au travail.
« Le revenge quitting, ou démission par vengeance, est la décision audacieuse, souvent très visible, de quitter une entreprise en réponse directe à des attentes non satisfaites, à un environnement toxique ou à des promesses non tenues. Contrairement au quiet quitting, où le désengagement se fait de manière discrète, au fil du temps, le but du revenge quitting est d’envoyer un message clair, non équivoque. C’est un acte revendicatif en réponse à un décalage profond – les employés ne s’en vont pas simplement, ils s’assurent que leur départ soit remarqué. Ces démissions à fort impact peuvent perturber les équipes et bouleverser la dynamique du lieu de travail, surtout lorsque des talents clés choisissent de partir, car ils se sentent sous-évalués, ignorés ou non soutenus. »
Une réponse à des attentes non négociables insatisfaites
« Si l’insatisfaction au travail n’est pas un phénomène nouveau, le revenge quitting est devenu de plus en plus fréquent et visible ces dernières années. Avec l’évolution des attentes des salariés, en quête de flexibilité, de perspectives de progression et de reconnaissance, certaines conditions de travail sont désormais perçues comme non négociables. »
« Cette tendance vers des démissions plus bruyantes et assumées reflète un mouvement plus large : les employés ne sont plus prêts à accepter un décalage entre leurs valeurs et celles de l’entreprise. Selon une enquête menée en 2025 par Flashs for Digitiz, 36% des salariés français songent à quitter leur poste actuel. Les principales raisons évoquées sont la dégradation de l’environnement de travail, un management jugé trop toxique, des perspectives de carrière limitées, un mauvais équilibre entre vie professionnelle et personnelle, et surtout un écart entre les valeurs de l’entreprise et les leurs. Dans un monde post-pandémique où les frontières entre vie professionnelle et personnelle sont floues et les valeurs repensées, les employés réclament plus et n’hésitent pas à partir lorsqu’ils ne sont pas satisfaits. »
Trois conseils pour prévenir le « revenge quitting »
« Eviter le revenge quitting ne se résume pas à prendre des mesures temporaires ou à faire bénéficier ses employés d’avantages superficiels : cela requiert une stratégie proactive et réfléchie, fondée sur un véritable engagement. Chez Hogan Assessments, nous avons identifié trois approches clés. »
« Tout d’abord, il est essentiel de comprendre ce que les employés désirent réellement. Les salariés attendent plus que des cafés et des biscuits gratuits ou des sorties occasionnelles en équipe. Ils souhaitent de la flexibilité, des perspectives d’évolution claires et une attention particulière portée à leur bien-être. À titre d’exemple, une enquête menée par YouGov pour The HuffPost en octobre 2024 a révélé que 46% des salariés français seraient prêts à quitter leur emploi si le télétravail n’était plus proposé. Les entreprises doivent passer des paroles aux actes : cela implique des politiques transparentes, un dialogue ouvert et une vraie prise en compte des retours de leurs employés. »
« Investir dans le leadership est le deuxième point essentiel pour fidéliser ses talents. Les managers toxiques ou absents ont tendance à mener au burnout et au désengagement, tandis que les plus empathiques et organisés parviennent à multiplier l’engagement par trois. Soutenir le développement du leadership n’est donc pas une option, c’est un pilier de la satisfaction des employés. »
« Enfin, je recommande vivement de favoriser la santé mentale. Lorsque les employés se sentent à l’aise pour s’exprimer, prendre des risques et être pleinement eux-mêmes, l’engagement et l’innovation prospèrent. Cultiver une culture de confiance et d’inclusion n’est plus simplement une bonne pratique, c’est une nécessité pour rester compétitif. »
« En résumé, les entreprises qui prêtent vraiment attention à leurs employés, responsabilisent leurs leaders et s’efforcent de créer un environnement de sécurité et de croissance ne se contenteront pas seulement de prévenir le revenge quitting, elles attireront les meilleurs talents. »