Mobilisation contre la réforme des retraites : ce qu’elle dit de notre rapport au travail

On se penche sur le dernier baromètre de la confiance politique du Cevipof.

Quand la réforme des retraites pose la question de la qualité de vie au travail.
Quand la réforme des retraites pose la question de la qualité de vie au travail. (c) PiotrPhotography/stock adobe.com © PiotrPhotography/stock adobe.com

Nouvelle journée d’actions contre la réforme des retraites, alors qu’au même moment la commission mixte paritaire se réunit, mercredi 15 mars, au palais Bourbon, dans le but de trouver un consensus sur le texte.

Dès les premières annonces faites par Elisabeth Borne en janvier, les mouvements de grève et les manifestations ont rassemblé plus d’un million de personnes à travers le pays. Faut-il voir dans cette contestation le symptôme d’une société française réfractaire au changement, qui foule à ses pieds la valeur travail et revendique haut et fort son droit à la paresse, comme le pensent certains ?

Retraites et QVT : deux sujets étroitement liés

Cette lecture n’est pas celle des chercheurs du Cevipof, qui publient ce 15 mars la quatorzième vague du baromètre de la confiance politique réalisé par OpinionWay. Ce sondage nous apprend, entre autres, que le travail occupe toujours une place importante dans la vie de 72% des Français, notamment chez les jeunes, qui sont 79% à lui accorder un rôle central dans leur quotidien.

Plutôt que de parler de désamour du travail, les chercheurs observent que « si le projet de réforme des retraites du gouvernement est si mal accepté par les deux tiers des enquêtés français (et près des trois quarts des seuls actifs), c’est que leur expérience du travail est négative et que la retraite constitue, à leurs yeux, la seule récompense qui reste ». (Le Monde, 15 mars 2023).

Des données qui nous confirment, tout comme les slogans sur les pancartes des cortèges de manifestants (« Les prisonniers du boulot ne feront pas de vieux os », « Pour le droit au temps libre »…), que débat sur la réforme des retraites et réflexion sur la qualité de vie au travail et le sens au travail sont étroitement liés. « L’opposition à la réforme des retraites catalyse un malaise plus ancien et plus profond sur la place du travail dans la société, décrypte le sociologue Hugo Touzet, membre du collectif Quantité critique, interviewé par France 24. Le besoin de sens et de réorganisation du travail ne concerne pas uniquement les cadres ou les jeunes, mais toute la société. Il ne s’agit plus de travailler pour travailler, mais de se demander pourquoi, et comment, on travaille. »

Pour une meilleure expérience collaborateur

Alors que 37% des salariés interrogés par la Dares déclarent qu’ils ne pourront pas faire le même métier jusqu’à la retraite, comment faire pour rendre ces métiers non seulement supportables mais désirables sur la durée ?

Là encore, le baromètre du Cevipof est riche d’enseignements : il nous apprend que pour 54% des Français, un bon métier est celui qui leur permet de s’épanouir personnellement. Un ratio bien plus élevé que chez nos voisins allemands (41%), britanniques (31%) ou italiens (45%).

Avant la rémunération, les salariés de l’Hexagone accordent de l’importance au fait que leur activité professionnelle serve à quelque chose, d’être considéré, de bénéficier d’une réelle autonomie et de voir leur travail reconnu. C’est sur ce dernier point que la marge de progression des employeurs est sans doute la plus forte, puisque seuls 42% des actifs estiment être rétribués à la juste mesure des efforts fournis.

Bien s’équiper pour bien recruter