Réforme des retraites : qu’en pensent les 45 ans et plus ?

Majoritairement opposés au recul de l’âge légal de départ à la retraite, les seniors actifs étaient pourtant 48% à prévoir de partir à 64 ans, avant même l’annonce de la mesure.

La plupart des seniors estiment être discriminés dans leur entreprise en raison de leur âge.
La plupart des seniors estiment être discriminés dans leur entreprise en raison de leur âge. © Rido/stock adobe.com

Le gouvernement souhaite voir la réforme des retraites appliquée dès la fin de l’été 2023. Le texte, dont les mesures ont été précisées le 10 janvier par la Première ministre, suscite de nombreux mécontentements, notamment chez les syndicats et dans l’opposition politique. A la veille d’une première journée de mobilisation, qui s’annonce massive, contre la réforme, comment celle-ci est-elle perçue par ceux qui seront les premiers concernés ?

L’ifop a sondé* les plus de 45 ans pour connaître leur opinion à ce sujet. Premier constat : l’emploi est loin d’être la préoccupation majeure de cette catégorie d’âge, qui le relègue en 8e position de ce que devraient être les priorités gouvernementales, derrière le pouvoir d’achat, l’immigration, la santé, la sécurité, les retraites, l’environnement et les inégalités sociales.

59% des seniors opposés à un recul de l’âge légal

Globalement, seuls 4 seniors sur 10 sont favorables à un recul de l’âge de départ à la retraite. Ce chiffre chute même à 3 sur 10 si l’on ne prend en compte que les réponses des actifs. Le baromètre nous apprend qu’avant même que le contenu du projet de loi ne soit précisé, le 10 janvier dernier, 48% des actifs de plus de 45 ans prévoyaient déjà de partir à la retraite à 64 ans ou plus.

Quant aux retraités, ils se disent majoritairement opposés à l’idée de reprendre un emploi au cours des prochaines années, même si celui-ci faisait l’objet d’aménagements spécifiques (salaires, temps…).

Pour les auteurs de l’étude, plusieurs facteurs peuvent expliquer que les seniors ne voient pas cette réforme d’un très bon œil. A commencer par le fait que la plupart des personnes interrogées ne savent pas évaluer quel sera le montant de leur pension au moment de leur départ à la retraite. Une confusion qui porte à la fois sur la complexité du calcul de la retraite de base, de la retraite complémentaire ou du nombre de trimestres cotisés.

La question centrale de la place des seniors dans l’entreprise

La question du recul de l’âge de départ pose également celle de la reconsidération de la place des seniors dans l’entreprise, alors que bon nombre d’entre eux s’estiment discriminés en raison de leur âge. 42% pensent ne pas avoir été augmentés à cause de ce motif, 38% y voient une cause de l’absence de promotion et 34% y attribuent le fait qu’ils n’aient pas suivi de formation récemment.

Enfin, travailler plus vieux met aussi sur le devant de la scène la difficulté à concilier une activité professionnelle avec un rôle d’aidant. 68% des seniors accompagnant un proche en perte d’autonomie considèrent que leur activité d’aidant n’est pas bien reconnue par leur entreprise.

Autant d’éléments qui pourraient bien faire de la fin de carrière un sujet prioritaire pour les RH dans les mois qui viennent.

*Baromètre Landoy, réalisé par l’Ifop, auprès de 2013 personnes représentatives de la population française âgée de 45 ans et plus, par questionnaire auto-administré en ligne, entre le 3 et le 17 novembre 2022.

Bien s’équiper pour bien recruter