Vous peinez à recruter ? Misez sur l’immersion professionnelle !
Coup de projecteur sur un dispositif qui permet de faire découvrir vos métiers en tension aux candidats et de déceler ceux qui ont du potentiel.

Vous avez dû mettre fin à une période d’essai parce que le collaborateur ne faisait pas l’affaire ? Vous n’êtes pas certain de la motivation de ce candidat à l’alternance ? Le poste sur lequel vous recrutez souffre d’un manque d’attractivité ?
Le dispositif « Immersion facilitée », créé il y a un an, peut vous venir en aide. Son principe : mettre en relation des demandeurs d’emploi souhaitant réaliser un stage d’immersion professionnelle, d’une semaine à un mois et des entreprises cherchant à recruter. Depuis début mai 2022, 550 mises en relation sont faites par semaine. Comment ? Via une plateforme en ligne, mise en place par le ministère du Travail, qui recense, à ce jour, plus de 20 000 entreprises.
« Les entreprises sont depuis plusieurs années confrontées à des difficultés de recrutement. Ce qui est nouveau, c’est que ces tensions concernent désormais tous types de poste et tous les territoires », note Nathalie Reyre, chef de projet « Immersion facilitée ».
« L’immersion professionnelle existe depuis 2014, mais manquait de visibilité, d’où le lancement de la plateforme, développe-t-elle. L’intérêt de cette formule est qu’elle permet une découverte réciproque, sans engagement de part et d’autre et sans obligation de rompre un contrat de travail. »
Quelles entreprises sont éligibles ?
Toutes, à condition d’avoir un numéro SIRET, au moins un collaborateur disponible pour encadrer le stagiaire et que l’immersion se déroule dans l’établissement qui a signé la convention. Cela signifie, par exemple, que dans le cas d’une agence d’intérim, la convention doit être signée par l’entreprise qui accueillera le bénéficiaire.
Quelle différence par rapport à un stage classique ?
« Un stage classique est un stage d’application : les stagiaires sortent de formation et l’entreprise leur assigne une mission précise, explique Nathalie Reyre. Dans l’immersion facilitée, on s’approche davantage d’un stage de découverte ou d’observation. »
Autre différence, les conventions de stage sont tripartites : elles engagent le bénéficiaire, l’entreprise et un organisme prescripteur (Pôle emploi, Cap emploi, la mission locale, l’Apec, les conseillers départementaux). Car, pour être éligible au dispositif, le candidat doit forcément être accompagné dans son projet professionnel.
Quel est son objectif ?
Cette expérience peut poursuivre l’un de ces trois objectifs, en fonction du degré de maturité du projet professionnel de la personne :
- Faire découvrir un métier : « Pour une entreprise, c’est l’occasion de mettre en valeur des métiers méconnus ou mal considérés. C’est également une démarche RSE : les entreprises ont un rôle à jouer dans le consolidation des liens sociaux, notamment pour les publics éloignés de l’emploi, pour les jeunes et pour les candidats qui subissent des discriminations », argumente la chef de projet. Alors que 55% des demandeurs d’emploi accèdent à un contrat de travail au bout de douze mois, ce chiffre atteint 72% pour les personnes ayant bénéficié d’une période d’immersion professionnelle.
- Confirmer un projet professionnel : l’immersion est alors l’occasion pour l’employeur de vérifier la motivation de la personne et ses aptitudes pour occuper le poste. A noter qu’une formation dans l’entreprise ou en centre de formation, de type POE (préparation opérationnelle à l’emploi), financée par Pôle emploi ou la région, peut permettre de faire monter en compétences la future recrue, si nécessaire.
- Initier un recrutement : « L’immersion sert également à promouvoir certains profils auxquels les entreprises n’auraient pas pensé spontanément mais qui disposent de compétences proches de celles qui sont recherchées », souligne Nathalie Reyre. 80% des immersions professionnelles qui poursuivent ce dernier objectif débouchent sur un recrutement dans la foulée.
Comment s’inscrire sur la plateforme ?
Il suffit de se référencer sur la plateforme et d’indiquer les métiers sur lesquels vous êtes prêts à accueillir un stagiaire, qu’il s’agisse de postes opérationnels ou de fonctions support. Vous renseignerez ensuite vos coordonnées et indiquerez si vous préférez être contacté par mail ou téléphone. « Nous ne divulguons pas directement vos coordonnées via la plateforme, explique Nathalie Reyre. Soit nous vous mettons en relation avec les candidats via un formulaire de contact, soit nous envoyons le numéro de téléphone au demandeur. Cet annuaire est vivant : à tout moment, vous pouvez suspendre la publication de votre fiche. »
Et ensuite ?
« On conseille aux employeurs de ne pas demander de CV, parce que la logique est de découvrir le candidat à travers sa personnalité, sa motivation. Au cours de l’échange physique ou téléphonique, sont abordés la motivation du candidat, son projet, ce que va lui proposer l’entreprise, les dates et la durée de l’immersion. Si ça matche en termes de personnalité et d’aptitude, on peut établir une convention. »
Cette demande peut être faite directement sur l’outil auquel ont accès toutes les agences Pôle emploi. « Beaucoup d’entreprises sont contentes de gagner en fluidité, en rapidité, grâce à la dématérialisation de la convention. L’immersion peut débuter dans les 15 jours suivant la demande, et même moins pour les situations d’urgence. »
A l’issue de la période d’immersion, l’entreprise doit remettre au bénéficiaire une évaluation pour l’aider à construire la suite de son parcours professionnel.
Selon une enquête Pôle emploi, 95% des entreprises qui ont testé l’immersion professionnelle la recommandent à d’autres.