Recrutement des cadres : la fin d’année s’annonce morose
Les incertitudes économiques et budgétaires devraient se traduire par un coup de frein sur les embauches de cadres, en particulier dans les grandes entreprises, en cette fin d’année 2025, note l’Apec.
Le quatrième trimestre 2025 s’annonce « encore plus morose que le début de l’année » sur le front de l’emploi des cadres, résume Gilles Gateau, le directeur général de l’Apec (Association pour l’emploi des cadres), qui présentait à la presse son baromètre trimestriel* le 3 novembre.
8% des entreprises françaises prévoient d’embaucher au moins un cadre d’ici la fin de l’année : la photo donne l’illusion d’une stabilité, puisque cette part est la même qu’en juin dernier. « Ce chiffre masque, en réalité, une chute spectaculaire des intentions de recrutement dans les grandes entreprises en un peu plus d’un an : 43% d’entre elles prévoient de recruter au moins un cadre d’ici fin 2025, contre 50% en juin 2024. Quoique moins importante, cette limitation des projets de recrutement s’observe aussi dans les PME : 12% envisagent de recruter un cadre, contre 16% en juin 2024 », commente le directeur général de l’Apec.
Une nette contraction des projets d’embauche d’alternants
Les alternants paient, eux aussi, le prix fort de cette contraction des intentions d’embauche : alors que 20% des TPE, 35% des PME et 80% des ETI/grandes entreprises prévoyaient d’embaucher au moins un alternant de bac+3 et plus en juin 2024, elles ne sont plus que 14% des TPE, 29% des PME et 76% des ETI/GE à souhaiter le faire en septembre 2025. Une tendance justifiée, en grande partie, par la réforme du financement des contrats d’apprentissage et la diminution du montant des aides de l’Etat.
« Les incertitudes liées à la conjoncture économique, au climat géopolitique et à la politique budgétaire française expliquent en grande partie cette prudence des entreprises, analyse le directeur général de l’Apec. Pourtant, leur niveau de confiance, même s’il est moins bon que les trimestres précédents, reste à un niveau élevé, preuve qu’elles font preuve d’une certaine résilience. »
Des cadres lucides sur les difficultés à retrouver un emploi
En miroir, les cadres s’adaptent, eux aussi, à la conjoncture. Seuls 24% sentent leur emploi menacé, mais cette part n’a cessé de croître au cours des deux dernières années, et singulièrement dans les grandes entreprises. « Un certain nombre de grands groupes ont dernièrement annoncé des plans de suppression d’emploi, que ce soit dans des entreprises industrielles qui connaissent des difficultés structurelles, comme l’automobile, ou dans des entreprises qui automatisent leurs fonctions support à grand renfort d’IA, comme Amazon », décrypte Gilles Gateau.
Avec un taux de chômage autour 4,1%, les cadres ont conscience qu’ils bénéficient d’un contexte plus favorable que le reste de la population active. Mais ils n’en sont pas moins lucides sur le fait que s’ils quittent leur emploi, ils auront plus de mal qu’avant à en retrouver un équivalent : 58% des cadres anticipent une telle difficulté, alors qu’ils n’étaient qu’un sur deux il y a trois ans. De même, ils savent que de nos jours, un changement d’entreprise ne se traduira pas forcément par un gap salarial : seuls 38% pensent être rémunérés davantage s’ils changent d’emploi. Quant aux projets de reconversion professionnelle, 74% des cadres estiment qu’ils sont difficiles à mener à bien.
Leur perception générale du marché du travail pousse logiquement les cadres à rester en poste : seuls 14% envisagent de quitter leur entreprise durant les trois prochains mois.

*Ce baromètre, réalisé par l’Apec depuis 2020, repose pour cette vague sur deux enquêtes menées du 1er au 15 septembre 2025 :
- Une enquête en ligne auprès d’un échantillon de 2 000 cadres, structuré pour être représentatif des cadres du secteur privé en et hors emploi, en matière de sexe, d’âge, de secteur d’activité, de taille d’entreprise et de région.
 - Une enquête téléphonique auprès d’un échantillon de 1 000 entreprises (uniques et sièges) employant au moins un cadre, raisonné puis pondéré pour être représentatif des entreprises du secteur privé employant au moins un cadre en matière de secteur d’activité, de taille salariale (TPE, PME, ETI-GE) et de région d’implantation du siège.