Processus de recrutement : qu’est-ce qui énerve les candidats ?

Une étude de l’EM Normandie révèle les principales sources d’insatisfaction et de frustration chez les candidats lors des processus de recrutement.

63% des candidats sont frustrés de leurs expériences de recrutement.
63% des candidats sont frustrés de leurs expériences de recrutement. © NVB/stock adobe.com

Comprendre les points de friction entre recruteurs et candidats en phase de recrutement : c’est le défi que se sont lancé l’EM Normandie et le collectif « SAV du recrutement ». Lors d’une étude inédite*, ils ont récolté 70 témoignages de candidats, de recruteurs et de managers. On y apprend, entre autres, que 63% des candidats sont frustrés de leurs expériences de recrutement. Les résultats, publiés le 1er juillet, dévoilent également les comportements de la part des recruteurs qui énervent le plus les candidats.

Être ghosté par le recruteur

Premier d’entre eux, le ghosting, soit l’absence de réponse. Elle est vécue par le candidat comme un manque de respect et de considération. « On n’a de la valeur qui si on intéresse le recruteur », déplore l’un d’eux. Un autre pointe du doigt la « lâcheté des recruteurs qui n’ont pas le courage de dire que c’est non et d’assumer qu’ils ont préféré un autre ». Et les auteurs de l’étude d’en conclure : « Les candidats réclament de l’information et interprètent l’absence de nouvelles comme une relégation : être ghosté par un recruteur, c’est avoir moins de valeur à ses yeux que d’autres candidats. »

L’étude montre, par ailleurs, que le ghosting n’est pas que le seul fait des recruteurs : les candidats sont de plus en plus nombreux à quitter le process sans donner de nouvelles aux recruteurs.

Recevoir un mail automatique

Mais répondre aux candidats ne suffit pas : ces derniers sont également en attente d’un retour personnalisé, qui va plus loin qu’un mail automatique programmé via un ATS : « Recevoir un vrai faux mail, c’est quand même le summum de la déshumanisation. C’est administratif, impersonnel… On se sent être rien », témoigne un candidat. Tout l’enjeu pour les recruteurs est de réussir à bien placer le curseur face à des candidats qui « oscillent entre demande d’égalité et aspiration à l’individualité », notent les chercheurs.

Un poste survendu

Autre enseignement de l’enquête : les candidats rejettent en bloc tous les discours visant à enjoliver la réalité du poste ou de la vie au sein de l’entreprise. « Un recruteur qui vend du rêve, c’est honteux. J’aurais pu démissionner et me retrouver dans un truc pire que ce que j’avais », avance un candidat. En miroir, recruteurs et managers considèrent grave de mentir sur son CV ou son expérience quand on est candidat.

Un manque de clarté sur les critères réels de sélection

Les critères de sélection affichés sur l’offre d’emploi ne sont pas toujours ceux qui sont utilisés, au grand dam des candidats qui considèrent que l’entreprise joue double jeu. « Le brief explicite les critères formels de recherche et de sélection des candidats. Mais, pour les managers, il est évident que d’autres critères sont à prendre en compte. » Or, ces critères sont parfois rejetés par les recruteurs qui y voient une potentielle source de discrimination du candidat : « Le pire, c’est le profil écarté sur des suspicions, témoigne un recruteur. Je peux explorer beaucoup d’aspects et en parler. Mais je ne peux pas demander à une femme si elle a des projets d’enfants ! »

*Cette recherche s’inscrit dans les travaux de la Chaire « Compétences, Employabilité et Décision RH » de l’EM Normandie, dirigée par Jean Pralong. Elle bénéficie du soutien de ses partenaires : act4skills, Blendy, Saven et Yaggo.

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Bien s’équiper pour bien recruter