Quelles sont les priorités des DRH pour 2025 ?

L’association nationale des DRH est revenue, le 14 novembre, sur les trois enjeux prioritaires des DRH pour l’année qui vient.

L'accès et le maintien dans l'emploi des seniors est l'une des priorités des DRH pour 2025.
L'accès et le maintien dans l'emploi des seniors est l'une des priorités des DRH pour 2025. © Maria Vitovska/stock adobe.com

A travers deux enquêtes menées auprès de ses adhérents*, l’ANDRH a pris le pouls de la profession sur ses principales attentes pour 2025. Alors que 55% des 1 170 répondants travaillent dans des entreprises en croissance, pour la plupart modérée, 23% sont dans des structures en stagnation et 21% en décroissance. Parmi ces deux derniers échantillons, les DRH procèdent le plus souvent à des ajustements en gelant les embauches et/ou en réduisant le nombre de postes.

« On se trouve dans une phase difficile, en témoignent les PSE. L’ambiance actuelle et l’instabilité font qu’il est compliqué pour les entreprises de construire un budget. Les DRH se demandent quel sera l’impact des différentes réformes fiscales à venir », souligne Benoît Serre, vice-président de l’ANDRH et DRH du Boston Consulting Group. Dans ce contexte, trois enjeux cristallisent l’attention des DRH : la complexité administrative, l’emploi des seniors et la formation et les transitions professionnelles.

Une forte attente de simplification administrative

C’est l’élément qui arrive en tête des préoccupations des DRH : « Les aspirations des salariés aux nouvelles organisations du travail viennent se fracturer sur la complexité administrative : instabilité des textes, multiplication des contrôles, évolution de la jurisprudence… Les RH demandent qu’on leur facilite la vie ! », avance Benoît Serre.

Le sujet était pourtant sur la table avant la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier. Le gouvernement avait déposé, en avril 2024, un projet de loi visant à simplifier la vie des entreprises dans divers domaines : information des salariés, assurances, commandes publiques, fiche de paie…

Mis entre parenthèses pendant quelques mois, les travaux parlementaires ont repris pour aboutir à une adoption du projet de loi au Sénat, le 22 octobre. Il doit, à présent, être examiné par les députés.

L’emploi des seniors : les DRH attentifs aux négociations en cours

A 58,4% en 2023, le taux d’emploi des 55-64 ans ne cesse d’augmenter, mais reste encore inférieur à la moyenne de l’Union européenne, qui se situe à 63,9%. « Les entreprises déploient principalement des actions pour maintenir leurs salariés senior en emploi (aménagement du temps et des conditions de travail, prévention de l’usure professionnelle pour les métiers pénibles, mentorat inversé). Mais il reste des progrès à faire sur l’embauche des seniors, quand on sait qu’une personne qui perd son emploi à 57 ans met trois fois plus de temps à en retrouver un que les autres demandeurs d’emploi », note Benoît Serre.

Les DRH scrutent les discussions en cours du côté des partenaires sociaux. Le DRH du BCG juge la « négociation qui se joue importante pour doter les entreprises de nouveaux outils pour favoriser l’emploi des seniors ». La proposition de l’ANDRH d’un CDI senior, plébiscitée par 77% des DRH interrogés, pourrait être l’un de ces outils. De même que la mise en place d’un bilan de compétences métier, autour de 50 ans, pour faciliter les reconversions professionnelles de fin de carrière.

Enfin, l’ANDRH juge utile que les employeurs soient mis au courant, bien plus tôt, de la date de départ en retraite de leurs collaborateurs pour mieux l’anticiper. Actuellement, un salarié n’est tenu de prévenir son employeur de son départ à la retraite que quatre à cinq mois avant la date effective. « On se trouve dans une situation d’absurdité administrative : les entreprises ne connaissent pas le moment où leurs salariés toucheront leur retraite à taux plein et pourtant, bien souvent, les RH sont les premiers interlocuteurs vers lesquels les salariés se tournent pour s’informer sur leurs droits à la retraite », témoigne Benoît Serre.

Un accent mis sur la formation et l’accompagnement des reconversions

La dernière priorité mise en lumière par les enquêtes de l’ANDRH concerne la formation et les transitions professionnelles. A commencer par le financement des formations : « Plusieurs entreprises affirment qu’une fois dépensé leur budget pour toutes les formations obligatoires, elles n’ont plus les moyens de financer des formations en lien direct avec leurs métiers », témoigne Benoît Serre. Le développement des compétences est pourtant un enjeu critique à l’heure de la transformation des métiers accélérée par l’adoption de l’IA générative. Ainsi, 50% des entreprises interrogées ont ou prévoient de mettre en place un plan de formation à l’IA à destination de leurs collaborateurs.

Un point d’interrogation demeure également sur le financement de l’alternance, avec la réforme des primes à l’embauche à l’étude. Les DRH insistent sur les bienfaits du dispositif qui fait office de véritable passerelle vers l’emploi. 94% du panel désire même que le contrat d’apprentissage soit accessible à tous ceux qui souhaitent exercer un métier en tension de recrutement, sans condition d’âge. Aujourd’hui, le contrat d’apprentissage est réservé aux moins de 30 ans, sauf exceptions.

*Enquêtes menées auprès des adhérents de l’ANDRH, par questionnaire auto-administré, l’une du 14 mai au 3 juin 2024, l’autre du 13 septembre au 4 novembre 2024.

Bien s’équiper pour bien recruter