Prime de partage de la valeur : pourquoi les versements ont diminué de moitié en 2024
Les salaires horaires ont progressé moins rapidement du fait, notamment, de la chute des versements de PPV début 2024.
Après avoir versé à leurs salariés 2,3 milliards d’euros au dernier trimestre 2023, au titre de la prime de partage de la valeur (PPV), les entreprises ont largement réduit la voilure début 2024. D’après les chiffres de l’Insee publiés le 15 mai, le montant total de ces versements atteint 490 millions au premier trimestre de l’année, soit moitié moins qu’à la même période en 2023 (1,2 milliard).
Une prime fiscalisée depuis le 1er janvier 2024
Ce net recul est corrélé à la fiscalisation de cette prime depuis le 1er janvier 2024 : elle n’est désormais plus exonérée de CSG et de CRDS. Côté salarié, alors que cette prime était exonérée d’impôt sur le revenu, ce n’est plus le cas non plus depuis le début de l’année. Sauf si les salariés placent cette somme sur un plan d’épargne ou s’ils gagnent moins de trois fois le Smic et travaillent dans une entreprise de moins de 50 salariés.
Ces nouvelles règles figurent dans la loi sur le partage de la valeur, adoptée fin 2023, qui rendra, en outre, obligatoire l’instauration d’un dispositif de partage de la valeur (sous forme de participation, d’intéressement ou de PPV) dans les entreprises comptant 11 à 49 salariés, à compter de 2025.
Preuve que les entreprises avaient anticipé ces changements, moins de 30% des accords de NAO conclus fin 2023 comprenaient le versement d’une PPV, contre 40% fin 2023, d’après la Banque de France.
Une compensation sous forme de hausse de salaires ?
L’Insee souligne, en outre, que cette chute drastique de la PPV a eu une influence sur la progression des salaires horaires dans les secteurs marchands non agricoles : sur un an, ils affichent une hausse plus modérée de 2,8%, au premier trimestre 2024, contre 3,1% au trimestre précédent. Plus précisément, les salaires horaires ont davantage progressé dans l’industrie (+3,1%) que dans le tertiaire (+2,7%) et dans la construction (+2,1%).
« La baisse sur un an des versements de cette prime a davantage grevé la croissance annuelle des salaires que celle du coût du travail horaire », en hausse de 3% au premier trimestre 2024, précise l’institut statistique.
Au total, les employeurs ont versé, en moyenne, 1 681€ par collaborateur en 2023, sous forme de PPV, d’intéressement ou de participation, selon les calculs de la filiale du Crédit Agricole, Amundi. Des primes qui se sont, en partie, substituées à des hausses de salaire, selon l’Insee.
Mais la tendance pourrait s’inverser dans un contexte de désinflation. Selon l’économiste de l’OFCE Eric Heyer, interrogé par Les Echos, « il se peut qu’avec le retour de la fiscalisation des primes en vigueur depuis le début de l’année, les entreprises choisissent désormais de faire un peu plus de hausse de salaires mais moins de primes ».
Un phénomène qui s’observe déjà sur le terrain. D’après les estimations de la Banque de France, les hausses de salaires négociées dans le cadre des accords de branche et d’entreprises 2024 s’établissent, en moyenne, « à un niveau un peu inférieur à 3,5%, alors que, fin 2024 , l’inflation devrait avoisiner 2% sur douze mois ».