Les recrutements de cadres confirmés à la baisse en 2025

Après dix ans de croissance continue (hors période Covid), les recrutements de cadres sont en repli depuis l’été 2024. Sur l’ensemble de cette année, l’enquête Apec 2025, dont les résultats ont été présentés le 3 avril, recense 303 400 recrutements de cadres, soit 8% de moins qu’en 2023.

« Ce retournement de tendance, qui concerne tous les secteurs et toutes les régions, est principalement dû à une contraction de l’investissement des entreprises en 2024, une première depuis 2009 (hors crise sanitaire). Une prudence liée à l’instabilité politique et aux incertitudes budgétaires », souligne Gilles Gateau, directeur général de l’Apec. Ce coup d’arrêt est notable dans les services à forte valeur ajoutée (-10%), et en particulier dans le secteur informatique (-18%), principal pourvoyeur d’embauches de cadres.

Un volume de recrutements sous la barre des 300 000 en 2025

Cette tendance devrait se poursuivre en 2025, avec 292 600 embauches de cadres anticipées (-4% par rapport à 2024). « Les entreprises restent dans une posture attentiste, du fait d’un manque de visibilité sur leur carnet de commandes et du climat économique et géopolitique incertain, renforcé par les récentes annonces de taxes du président américain », commente Hélène Garner, directrice des données et des études de l’Apec.

Trois secteurs devraient concentrer 54% des recrutements des cadres en 2025 :

• informatique : 55 590 recrutements annoncés ;
• commercial et marketing : 52 670 recrutements annoncés ;
• études, recherches et développement : 49 740 recrutements annoncés.

Le podium reste le même qu’en 2024, même si les embauches sont en contraction dans les trois secteurs.

Dans le reste du classement, on retrouve :

• l’exploitation tertiaire, avec 32 190 embauches de cadres prévues ;
• l’administration RH, communication, juridique, avec 26 330 embauches prévues ;
• la finance, comptabilité, contrôle de gestion, audit, avec 26 330 embauches prévues ;
• la production industrielle, chantier, avec 23 410 embauches prévues ;
• les achats, la qualité, la maintenance, la logistique, la sécurité, avec 23 410 embauches prévues ;
• La direction générale, avec 2 930 embauches prévues.

Les entreprises en position de force

« Cette baisse des recrutements, conjuguée à des intentions de mobilité professionnelle des cadres qui restent intactes, laisse penser que le rapport de force est en train de s’inverser au profit des entreprises », déclare Hélène Garner.

Les entreprises, elles-mêmes, disent rencontrer moins de difficultés à recruter qu’au cours des cinq dernières années : 54% d’entre elles disent à avoir eu du mal à embaucher des cadres en 2024, contre 60% en 2023.

Dans ce contexte, les entreprises sont de moins en moins enclines à faire des concessions pour faire aboutir leurs recrutements de cadres et resserrent leurs critères de recrutement. En 2024, elles ne sont plus que 41% à avoir revu la rémunération à la hausse pour embaucher des cadres (contre 51% en 2023). Seules 23% ont recruté un cadre avec plus d’expérience qu’attendu (contre 31% en 2023) et seules 18% ont recruté un cadre n’ayant pas le niveau ou le type de diplôme attendu (contre 23% en 2023).

Cette contraction des recrutements pourrait affecter au premier chef les jeunes diplômés, « avec un risque de déclassement pour leur premier emploi », pointe l’Apec. La diminution des embauches de cadres de moins d’un an d’expérience, déjà entamée, devrait, en effet, se poursuivre en 2025, avec 41 000 prévisions d’embauche de jeunes diplômés, soit 16% de moins que l’année dernière. L’évolution du marché laisse également augurer de plus grandes difficultés à trouver un emploi pour les demandeurs d’emploi cadres, notamment les plus seniors.