8 conseils pour faire une bonne première impression aux candidats
Lors d’un entretien d’embauche, l’impression que fait le recruteur au candidat est tout aussi importante que l’inverse. Suivez les conseils de notre expert pour marquer les esprits.

Un entretien d’embauche n’est pas quelque chose d’unilatéral. Les candidats évaluent autant les recruteurs que l’inverse, parfois dès les premières secondes. Donner une impression positive au candidat influence non seulement sa décision de poursuivre le processus de recrutement et d’accepter le poste, mais aussi sa motivation et son engagement futur dans l’entreprise.
La psychologie et les sciences cognitives nous rappellent que les biais, la communication verbale et non verbale, autant que la cohérence entre le discours et la réalité jouent un rôle déterminant. Jean Pralong, professeur et directeur de l’Institut EM Roads Normandie et diplômé en psychologie, partage ses conseils pour soigner cette première impression aux candidats et les engager dès le début.
1. Préparez-vous (autant que vous attendez que le candidat le fasse)
Avant un entretien d’embauche, la préparation doit être réciproque. Elle commence par une lecture attentive du CV en amont. De leur côté, les candidats attendent de l’entretien qu’il les éclaire sur le poste, le quotidien, les perspectives. Pourtant, ils ressortent souvent frustrés par un échange trop générique. « Beaucoup de candidats se demandent : “Pourquoi je vois le recruteur ? Ce que je veux, c’est voir le manager, qu’il me parle du métier.” Pour le candidat, le recruteur peut apparaître comme un obstacle à franchir, quelqu’un qui ne connaît pas parfaitement les réalités du poste. Plus les recruteurs seront au plus près du réel, plus les candidats pourront se projeter rationnellement et accepter un poste en connaissance de cause », alerte le directeur de l’EM Normandie.
Ce décalage entre le discours et la réalité risque d’engendrer des déceptions chez les candidats une fois devenus collaborateurs. C’est aussi l’une des principales causes des problèmes de rétention et de turnover important.
Le conseil pratique : une préparation sérieuse crée un climat de cohérence et permet de rassurer le candidat quant à la culture d’entreprise. Allez-vous immerger dans les équipes pour lesquelles vous recrutez. Parlez au manager, mais aussi aux collaborateurs pour prendre la mesure des enjeux, des défis, du quotidien, et être en mesure de répondre aux questionnements des candidats.
2. Soignez le premier contact, et la première rencontre
La première impression ne commence pas à l’entretien. Elle s’ancre dès le premier mail, la première prise de contact, l’arrivée dans les locaux. Or, les signaux envoyés à ce moment-là sont interprétés comme des reflets de la culture de l’entreprise.
« Le candidat connaît finalement assez peu l’entreprise, souvent seulement de réputation ou grâce à ce qu’il a lu sur un site carrière. Il faut donc respecter les basiques : préparation, ponctualité, politesse… », explique Jean Pralong, avant d’ajouter : « les recruteurs doivent garder à l’esprit que pour le candidat, l’entretien est souvent un moment décisif pour sa carrière. Pour le recruteur, ce n’est parfois qu’un rendez-vous parmi d’autres. Il faut traiter chaque candidat à la hauteur de l’enjeu qu’il vit. »
Le conseil pratique : ayez un petit mot pour chaque candidat, dès le premier échange. En présentiel comme en visio, soyez ponctuel, souriant et pleinement disponible. Ce qui semble être une formalité peut faire la différence, et deux minutes d’attention sincère valent mieux qu’un accueil pressé.
3. Redonnez sa place à l’humain
Si l’entretien en visio facilite la logistique et permet une certaine souplesse, il diminue une dimension essentielle de l’échange : l’humain. « L’important, c’est qu’il y ait une rencontre », explique Jean Pralong. « La préqualification par téléphone, les questionnaires automatiques à la suite d’une candidature ou les chatbots ne sont ni séduisants ni engageants », ajoute-t-il. Les candidats veulent se sentir compris, écoutés, considérés.
Pour le directeur de l’EM Roads Normandie, « peut-être faudrait-il commencer par un vrai échange authentique, puis seulement après enchaîner sur les questions factuelles », car c’est dans cette interaction vivante que se construit la confiance et que s’évaluent les véritables compatibilités. Pour lui, l’entretien doit rester une vraie rencontre, où l’on perçoit ce qu’aucun script ne captera : émotions, langage corporel, nuances d’attitude.
Le conseil pratique : même en visio, n’oubliez pas la relation humaine. Ne vous laissez pas « guider uniquement par des processus automatisés qui sécurisent les recruteurs, mais n’intéressent pas les candidats ».
4. Réduisez le stress en créant un climat de confiance
L’entretien est par nature une situation stressante capable de nuire aux performances cognitives du candidat. Ce stress peut être structurel (lié à la personnalité) ou conjoncturel (lié à l’enjeu). Le rôle du recruteur est de faciliter l’échange, mais aussi de faire preuve d’empathie.
En guise de conseil pratique et facilement actionnable, Jean Pralong nous raconte une anecdote très parlante, issue d’une époque où le cabinet pour lequel il travaillait était particulièrement difficile d’accès pour les candidats : « dès leur arrivée, je leur posais systématiquement la question : ”avez-vous trouvé une place facilement ? Vous n’avez aucun souci de parcmètre ?” L’idée était simplement de leur demander : “On peut commencer, vous êtes serein ?” » Un geste a priori anodin, mais qui contribue à créer un climat de confiance rassurant et à désamorcer d’éventuelles tensions invisibles, pour permettre au candidat de se concentrer, de se recentrer.
Le conseil pratique : des questions ouvertes, une écoute active et une attention au bien-être créent un cadre propice pour révéler les compétences réelles et distinguer l’état ponctuel de la personne de ce qu’elle est vraiment. Ces petits gestes, les candidats s’en souviendront.
5. Attention à votre communication verbale, et non verbale
Le langage verbal et non verbal joue un rôle important dans la première impression. Jean Pralong insiste sur l’importance de comprendre ces signaux : « un entretien est un moment psychologique complexe : transferts, contre-transferts, attirance ou gêne inconsciente… Tout cela demande une formation spécifique, comme on l’enseigne en psychologie. Or, les recruteurs viennent souvent d’écoles de commerce, de droit…, mais ne sont jamais formés à ces subtilités et aux techniques d’entretien. »
Le conseil pratique : soyez attentif à votre posture, à vos gestes, à votre tonalité. Un recruteur qui sourit, qui maintient un contact visuel respectueux et qui écoute activement participe au climat de confiance. Cela permet au candidat de se sentir à l’aise et d’exprimer ses idées plus librement.
6. Méfiez-vous de vos « intuitions »
Âge, genre, apparence, posture, manière de s’exprimer… Les candidats perçoivent s’ils sont jugés sur de mauvais critères. Et ces jugements précoces sont souvent le fruit d’intuitions biaisées. Jean Pralong met en garde : « dès les premières secondes, le recruteur va inconsciemment être sensible à des signaux très intuitifs : les fameux “ça passera” ou “ça ne passera pas”. Mais ces signaux sont-ils fondés sur une évaluation rationnelle ou sur une émotion, liée à une expérience passée, positive ou négative ? »
C’est là toute la difficulté du recrutement : l’intuition intervient souvent sous pression, dans l’urgence ou le stress, et peut conduire à des décisions émotionnelles plutôt que rationnelles. Et le danger est double : ne chercher que ce qui confirme ces intuitions et passer à côté de talents rares. Selon le directeur de l’EM Roads Normandie, la posture à tenir est de se dire : « tant que l’entretien ne remet pas en cause mon intuition initiale, que je n’ai pas reçu d’informations dissonantes, c’est que je ne suis pas allé assez loin dans l’échange. »
Le conseil pratique : se former à la détection de ses propres biais et adopter une posture réflexive sont des leviers importants pour garantir des décisions justes et objectives. C’est à la fois une question d’éthique et un marqueur fort de professionnalisme.
7. Jouez la carte de la transparence
Les candidats attendent avant tout de la sincérité, « un gage de sérieux et d’authenticité », selon Jean Pralong. « Il est important de leur donner des informations triangulées, diverses, contradictoires même : témoignages de collaborateurs, discours du recruteur, éléments concrets… Cela crée une image sincère et riche » insiste-t-il. Adopter cette posture d’honnêteté contribue à renforcer l’image de l’entreprise et à instaurer une relation de confiance avec les candidats, en leur affirmant clairement : « nous aussi, nous avons nos imperfections. Mais ensemble, construisons ce beau projet. »
Le conseil pratique : présentez le poste tel qu’il est, avec ses forces et ses limites. De même pour l’entreprise. Appuyez-vous sur des retours concrets : témoignages de l’équipe, situations vécues, vrais enjeux. La sincérité ne fait pas fuir, elle fidélise.
8. Entretenez la relation : le nerf de la guerre
Aujourd’hui, les candidats attendent un échange équilibré, une relation fondée sur le respect et la réciprocité. Cette posture d’égal à égal ne s’arrête pas une fois l’entretien terminé : elle se construit aussi dans le suivi, à travers des réponses claires, rapides et transparentes, qu’elles soient favorables ou non.
Mais la réalité du terrain est plus complexe. Pour Jean Pralong, « les conditions de travail des recruteurs ne leur permettent pas toujours de bien faire leur travail. Ils n’ont pas assez de temps. L’accélération des agendas, les modèles économiques des cabinets ou des entreprises provoquent des difficultés à prendre le temps de décider correctement. » Ce manque de temps peut impacter la qualité de la relation, de l’évaluation, et donc de la décision.
Par ailleurs, les outils d’évaluation classiques ne semblent plus suffire. Ils confirment généralement une intuition déjà formée, sans apporter de regard neuf. « Il faut des moyens de mesurer des compétences de façon inattendue, pour provoquer une réflexion nouvelle », précise-t-il. « C’est ce qu’on appelle la triangulation : croiser des informations diverses, parfois incohérentes. C’est peut-être inconfortable, mais c’est à ce croisement que l’on trouve un bout de vérité. »
Le conseil pratique : même si le rythme est soutenu, répondre systématiquement aux candidats est une marque essentielle de respect. Un silence radio peut ruiner une expérience jusque-là positive. À l’inverse, une réponse argumentée, claire et humaine, même en cas de refus, contribue à laisser une impression durablement favorable.