Temps partiel, indemnisation chômage, formation… quelles pistes pour lutter contre le chômage des seniors ?
Alors que vient de s’ouvrir la négociation entre partenaires sociaux sur le maintien dans l’emploi des seniors, on fait le point sur les différentes solutions avancées.
« Se passer de l’expertise et de l’expérience des seniors est un immense gâchis. Nous ne pourrons atteindre le plein-emploi sans relever ce défi », a déclaré la Première ministre, Élisabeth Borne, lors d’un événement organisé par la CPME.
Le maintien dans l’emploi des seniors est l’un des plus gros chantiers de la négociation sur « un nouveau pacte de la vie au travail » entre patronat et syndicats qui vient de démarrer. Dans un document d’orientation de la discussion, le chef de l’État, Emmanuel Macron, a répété son souhait d’augmenter significativement le taux d’emploi des 60-64 ans, afin qu’il atteigne 65% en 2030, contre 36,2% en 2022.
Un objectif ambitieux qui ne pourra être atteint sans mesures fortes en faveur de l’accès et du maintien dans l’emploi des 55-64 ans. Quelles sont les principales pistes évoquées ?
Un temps partiel pour les plus de 55 ans
L’idée a été mise sur la table, jeudi 30 novembre, par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Le principe serait d’instaurer un « contrat de travail particulier », ouvrant droit à un temps partiel pour les plus de 55 ans. Les seniors qui le souhaitent pourraient ainsi prendre un 4/5e tout en étant payé 90% de leur ancien salaire et en cotisant à 100% pour leurs retraites. La mesure pourrait avoir les faveurs des syndicats, qui avaient plaidé pour un « temps partiel renforcé » de ce type pendant les débats sur la réforme des retraites.
Parmi les autres pistes d’aménagements de fin de carrière listées par les syndicats, on trouve l’octroi de jours de télétravail supplémentaires, de jours de congés ou de RTT supplémentaires ou la mise en place de la semaine de quatre jours.
Une réduction de la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi seniors
La semaine dernière, le locataire de Bercy avait proposé une autre mesure, plus clivante : l’alignement du régime d’indemnisation chômage des seniors sur celui des autres demandeurs d’emploi. Leur durée d’indemnisation passerait ainsi de 27 mois pour les plus de 55 ans, et de 22,5 mois pour les 53-54 ans, à 18 mois. Par là, le ministre entend surtout s’attaquer au phénomène des retraites anticipées qui touchent de nombreux actifs en fin de carrière.
Une proposition jugée « scandaleuse » par les organisations syndicales, qui rappellent que le retour à l’emploi des plus de 55 ans est plus difficile que chez leurs cadets. Un rapport de l’Unédic, datant de mars 2023, pointe, en effet, que la durée moyenne d’inscription à Pôle emploi était de 520 jours pour les plus de 50 ans, au 2e trimestre 2021, contre 340 pour les 25-49 ans.
Renforcer les actions de formation professionnelle
La mesure figure dans le document d’orientation fourni par le gouvernement et devrait rallier l’ensemble des partenaires sociaux : il est nécessaire de concentrer ses efforts sur la formation des salariés en fin de carrière. « Les moyens déployés sont insuffisants aujourd’hui. Il faut que tous les salariés puissent bénéficier de formations qualifiantes et diplômantes. Mais les entreprises rechignent souvent à envoyer les seniors en formation, car ils sont considérés comme moins productifs », fait valoir Sandrine Mourey, négociatrice pour la CGT, dans un article de Capital.
Le retour de l’index senior ?
Retoqué par le Conseil constitutionnel le 14 avril dernier, dans le cadre de la réforme des retraites, l’index senior pourrait réapparaître dans le cadre des nouvelles négociations. Son principe : servir d’outil de mesure sur la place des seniors au sein des entreprises, à l’instar de l’index pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. La mesure est toutefois peu au goût des syndicats, pour lesquels elle est « inefficace », et pour le patronat, qui y voit un « instrument punitif » à l’encontre des employeurs.
Et du CDI senior ?
Également écarté par le Conseil constitutionnel, le CDI senior assorti d’une baisse de charges pourrait faire, lui aussi, son retour. Le patronat y est favorable, les syndicats plutôt hostiles, parce qu’ils considère que ce contrat spécifique ne flèche les seniors comme « des salariés à bas coût pour l’entreprise ».
Les partenaires sociaux ont jusqu’au 15 mars pour rendre les conclusions de leur négociation.