Mixité des métiers : où en est la France ?

La ségrégation professionnelle demeure forte dans l’Hexagone. Explications avec le panorama des métiers de l’Afpa.

Les métiers de l'industrie peinent à se féminiser.
Les métiers de l'industrie peinent à se féminiser. © Me studio/stock adobe.com

Qu’est-ce qu’un métier mixte ?

Selon la définition de l’Insee, un métier est considéré comme mixte s’il compte entre 40 et 60% d’hommes et de femmes. La mission principale de l’Afpa (agence nationale pour la formation professionnelle des adultes) est précisément de « contribuer à l’égal accès des femmes et des hommes à la formation professionnelle et à la promotion de la mixité des métiers ».

Etat des lieux de la mixité professionnelle en France

Le bilan Afpa publié fin 2023* s’inscrit dans le plan interministériel de lutte pour l’égalité 2023-2027, coordonné par le ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. Il établit que 8 salariés sur 10 exercent un métier non mixte.

Dans le détail, 40,9% des 88 métiers considérés dans l’étude sont majoritairement occupés par des femmes et 38,3% le sont en grande partie par des hommes.

Quels sont les métiers fortement féminisés ?

Les voies de formation professionnelles privilégiées par les femmes sont intéressantes à observer pour expliquer leur part prépondérante dans certaines professions : 85% des femmes ayant passé un titre professionnel à l’Afpa en 2022 se sont orientées vers le tertiaire, contre 10% dans le bâtiment et 5% dans l’industrie.

Dans le tertiaire, les certifications les plus présentées par des femmes sont celles d’assistante de vie aux familles, de conseillère en insertion professionnelle, d’agente de propreté et d’hygiène, de gestionnaire de paie et de secrétaire assistante.

« Les femmes restent plus diplômées que les hommes (53% des femmes âgée de 25 à 35 ans sont diplômées du supérieur vs 46% des hommes). Elles s’engagent ensuite sur un nombre plus restreint de métiers. Cette répartition stéréotypée affecte l’équilibre du marché du travail des femmes et entraîne des parcours professionnels très différents », décrypte l’Afpa.

Parmi les métiers les plus féminisés, celui de secrétaire remporte la palme, avec 96% de femmes. Vient ensuite celui d’agent d’entretien, qui compte 95% de salariées. Les métiers de la santé sont, eux aussi, très féminisés, avec 91% de femmes chez les aides-soignants, 85% chez les infirmiers et 73% dans les professions paramédicales.

Et ceux où les hommes sont surreprésentés ?

Quant aux hommes, leurs choix de certification professionnelle se portent principalement sur celles d’électricien d’équipement du bâtiment, d’installateur en thermique et sanitaire, d’agent de maintenance des bâtiment, de plaquiste/plâtrier et de maçon.

Sur le marché du travail, ils représentent 84% des techniciens de l’informatique et 82% des ingénieurs informatique. Ils occupent également une large place dans l’industrie, y comptant pour 73% des ingénieurs et cadres techniques, et pour 68% des ouvriers qualifiés des industries de process. Ils éclipsent également les femmes aux postes de direction : 82% des dirigeants d’entreprise sont des hommes.

Quelles conséquences du manque de mixité des métiers ?

D’après les travaux de la Dares, c’est bien cette division genrée des métiers qui a le plus d’impact sur les inégalités professionnelles entre hommes et femmes : « Ces inégalités se traduisent par une moindre participation des femmes au marché du travail [26,6% des femmes travaillent à temps partiel contre 7,8% des hommes], des rémunérations inférieures à celles des hommes [avec un revenu moyen salarial inférieur de 23,5% à celui des hommes dans le secteur privé] ou encore des trajectoires professionnelles moins ascendantes. »

*Ce bilan présente les données 2022 de l’enquête Devenir, réalisée par l’Afpa pour le ministère du travail, de la santé et des solidarités, et celles de la base stagiaires Afpa.

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