Métiers de la Tech : où sont les plus de 50 ans ?

Une enquête de la French Tech Grand Paris avance des pistes de réflexion pour recruter davantage de seniors dans l’IT.

Les seniors restent peu nombreux dans les métiers de l'IT.
Les seniors restent peu nombreux dans les métiers de l'IT. © Gorodenkoff/stock adobe.com

Avec 56,9%, la France affiche un taux d’emploi des 55-64 ans en dessous de la moyenne européenne (62,4%). A titre de comparaison, le taux d’emploi des Français de 25 à 49 ans est de 82,5%. Ces chiffres interpellent si on les ramène à la pyramide des âges, en France : selon l’Insee, en 2024, 34% de la population a 55 ans ou plus et cette part tend à augmenter dans les prochaines années. Une transition démographique qui doit être anticipée par les entreprises, notamment dans les secteurs en forte tension de recrutement.

Les seniors très peu présents dans l’IT

Si on zoome sur les métiers du numérique, la part d’actifs seniors est encore plus faible que tous secteurs confondus : les plus de 45 ans ne représentent que 7,7% des professionnels du digital, selon des données du collectif RH FirstTalent datant de 2020. Un chiffre qui fond à 2,4% si l’on dénombre les salariés de plus de 55 ans.

Un tiers des entreprises interrogées dans le cadre d’une enquête de la French Tech Grand Paris*, fin 2023, ne comptent aucun senior dans leurs rangs. Alors que le secteur du numérique est en tension de recrutement, comment expliquer que les entreprises se privent d’un tel vivier de talents ?

L’étude met en avant trois freins principaux, côté candidats, résume Houcine Menacer, membre du conseil d’administration de la French Tech Grand Paris : « Une mauvaise connaissance de ces nouveaux métiers, la peur d’être discriminé en raison de leur âge, une faible identification des moyens de financer les formations menant à ces métiers. »

Résultat : alors que 44% des demandeurs d’emploi ont moins de 35 ans, cette catégorie d’âge représente 55% des demandeurs d’emploi cherchant un emploi dans le numérique, souligne le baromètre 2022 France-Travail/Diversidays.

Autocensure des candidats, frilosité des employeurs

Ce phénomène d’autocensure se double d’une certaine frilosité des entreprises. D’après l’Apec, les projets de recrutement de cadres dans la filière digitale concernent, en grande majorité, des profils ayant moins d’un an d’expérience professionnelle. Une tendance à rebours de l’ensemble des cadres, où, en moyenne, plus de cinq ans d’expérience sont exigés.

« 28% des employeurs de la Tech que nous avons interrogés disent rencontrer des difficultés à identifier des profils séniors, rapporte Houcine Menacer. Ils sont également en proie aux stéréotypes qui présentent les 50 ans et plus comme des collaborateurs plus coûteux, qui nécessitent davantage d’accompagnement et de formation pour s’adapter aux nouvelles technologies et auraient plus de mal à s’intégrer facilement dans les équipes. »

Quelles solutions ?

Pour favoriser les recrutements de professionnels plus âgés, plusieurs pistes ont germé du panel d’employeurs : des aides financières et des contrats adaptés aux seniors (alternance, CDI senior…), des outils de sourcing plus efficaces pour détecter ces talents et la mise en place de formations dédiées à ces collaborateurs.

De leur côté, les candidats de plus de 50 ans souhaiteraient avoir davantage la possibilité d’effectuer des périodes d’immersion professionnelle dans l’IT, mais 76% disent ne pas avoir de réseau leur permettant de le faire.

Ces axes pour faciliter l’insertion et le maintien dans l’emploi des seniors seront certainement évoqués dans le cadre des débats qui animent actuellement les partenaires sociaux autour du nouveau Pacte de la vie au travail. Rendez-vous en mars pour connaître le fruit de leurs réflexions.

*Enquête basée sur deux questionnaires diffusés pendant tout le mois de décembre 2023. 80 start-ups et 162 personnes de 50 ans et plus y ont répondu.

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Bien s’équiper pour bien recruter