« En 2035, la flexibilité ne sera plus perçue comme un avantage »

Quelle est votre définition de la marque employeur ?

Tiphaine Trouessard : La marque employeur, c’est bien plus qu’un joli site, une image ou un logo : c’est la promesse que fait une entreprise à ses candidats et à ses collaborateurs, à travers sa culture, ses valeurs et ses engagements. Chez Armatis, où la responsabilité sociale est au cœur de notre stratégie, la marque employeur reflète notre capacité à créer un environnement de travail inclusif, respectueux et stimulant, où chaque salarié peut s’épanouir et se sentir valorisé. C’est cette cohérence entre ce que l’on communique à l’extérieur et ce que vivent nos 9 000 collaborateurs qui fait la force de notre marque employeur.

En quoi la marque employeur constituera-t-elle un levier intéressant, en 2035, pour remplir ses objectifs de recrutement ?

T.T. : 2035, c’est demain et c’est encore loin dans un contexte général aussi mouvant…. Mais gageons qu’alors la marque employeur sera un levier fondamental pour atteindre ses objectifs de recrutement, car les attentes des candidats auront probablement encore plus évolué vers une recherche de sens, d’authenticité et de valeurs partagées. Nos recruteurs le constatent déjà : les candidats leur posent de plus en plus de questions sur notre engagement RSE. Et cela concerne tout type de poste et de profil, pas uniquement les plus diplômés.

Nous voyons aussi que les nouvelles pages consacrées à nos actions RSE sur notre site carrière sont très consultées par les candidats. On communique aussi davantage sur nos actions en faveur des seniors, de la lutte contre toutes les formes de violences, sur notre plan de décarbonation ou encore sur nos formations premiers secours en santé mentale. Et nos collaborateurs le perçoivent, car ils valorisent cet engagement RSE dans nos baromètres sociaux.

En 2035, la marque employeur devra encore davantage incarner une vision à long terme, en mettant en avant une culture inclusive, une gestion responsable des ressources humaines et un engagement tangible pour le bien-être des collaborateurs. Tout cela devra s’articuler autour d’un projet d’entreprise clair, avec une communication transparente sur les impacts, positifs comme négatifs, des activités.

Quels seront, selon vous, les critères d’une marque employeur attirante en 2035 aux yeux des candidats, notamment aux yeux de la Gen Z, qui représentera plus d’un tiers de la population active, et de la génération Alpha, qui arrivera tout juste sur le marché du travail ?

T.T. : L’alignement avec les valeurs et l’impact sociétal seront de plus en plus importants, et tout hiatus entre le discours et la réalité sera fondamentalement interprété comme du socialwashing ou du greenwashing. Ces générations semblent attendre des employeurs qu’ils soient acteurs dans des enjeux globaux (climat, équité, digitalisation responsable). Une marque employeur attirante devra donc afficher – et démontrer – un engagement concret et mesurable.

Aujourd’hui déjà, la flexibilité est un critère majeur pour les collaborateurs. En 2035, ces modalités seront encore plus « normales » et non perçues comme des avantages. Une marque employeur qui s’engage sur un mode de travail flexible, personnalisé et inclusif sera très compétitive.

La génération Z valorise aussi la montée en compétences et la possibilité de changer de rôle en interne. Cette tendance progressera sans doute encore, avec une forte appétence pour des environnements où l’on peut acquérir de nouvelles compétences, coopérer avec des intelligences artificielles… Les entreprises devront montrer qu’elles sont en mesure d’offrir des parcours flexibles à leurs collaborateurs. C’est ce que nous faisons chez Armatis, où plus de 95% de nos postes sont proposés en mobilité interne, via nos process classiques ou l’organisation d’assessment centers pour des profils plus spécifiques/nouveaux.

En 2035, la marque employeur attirante sera sans doute celle qui combine une raison d’être forte et authentique, des modes de travail flexibles et adaptés, des perspectives d’évolution réelles, une expérience transparente et digitale, et un sentiment d’appartenance à une communauté engagée. Une marque employeur efficace doit promettre et offrir une véritable expérience au collaborateur. Dans notre domaine, l’expérience client est notre cœur de métier. Nous avons une écoute active du client en répondant à ses besoins et en traitant au plus près ses préoccupations. L’expérience collaborateur doit adopter les mêmes codes suivant la logique de symétrie des attentions. La marque employeur doit alors refléter fidèlement la réussite de cette expérience.

Quelles actions RH Armatis a d’ores et déjà mises en place pour répondre à ces attentes et faire vivre sa marque employeur de manière pérenne ?

T. T. : Plusieurs initiatives ont déjà été déployées pour offrir un environnement de travail épanouissant et durable à nos collaborateurs :

• Nous avons mis en place des modalités de travail hybrides, permettant à nos salariés d’alterner entre télétravail et présence au bureau. Ce télétravail pendulaire s’effectue généralement sur un rythme 2 jours (télétravail) / 3 jours (travail sur site) mais peut aller jusqu’à un rythme 4 jours/1 jour, voire du télétravail total dans des cas particuliers (lieu d’habitation lointain, problèmes de santé, handicap…) ;
• La RSE est au cœur de notre stratégie, avec des actions et communications régulières (sur le handicap, la santé, les émissions de gaz à effet de serre) sur les enjeux sociétaux et environnementaux. Cela crée un sentiment d’appartenance à une entreprise qui agit concrètement ;
• Sur le volet bien-être et équilibre vie pro/vie perso, nous avons développé des dispositifs d’écoute et de soutien (pour les collaborateurs aidants ou sur la thématique cancer et emploi, par exemple), des espaces et temps de convivialité, et des initiatives pour la santé mentale ;
• Armatis encourage la formation continue et la mobilité interne, afin que chaque collaborateur puisse évoluer à son rythme, en cohérence avec ses aspirations et les besoins de l’entreprise.

Ces actions, combinées à une communication transparente et régulière, participent à faire vivre notre marque employeur de façon pérenne.

Sur quels axes comptez-vous travailler pour améliorer en continu cette marque employeur au cours des 10 prochaines années ?

T. T. : D’abord, il s’agira de renforcer encore davantage l’engagement RSE au cœur de l’expérience collaborateur, en impliquant nos équipes dans des projets concrets et en mesurant systématiquement l’impact de nos actions pour garantir leur authenticité. Par ailleurs, nous souhaitons accroître la flexibilité et la personnalisation du travail, en adaptant toujours mieux les modalités aux besoins individuels, en offrant plus d’autonomie et en tirant parti des nouvelles technologies pour faciliter la collaboration, notamment à distance.

Le développement de la formation continue et des parcours d’évolution professionnelle sera également un levier essentiel pour attirer et fidéliser les talents, en proposant un accompagnement personnalisé et des opportunités de mobilité interne.

Nous veillerons aussi à promouvoir une culture inclusive et bienveillante, où chaque collaborateur se sent reconnu, respecté et encouragé à s’exprimer, en renforçant nos actions en faveur de la diversité, de l’égalité des chances et du bien-être au travail. En 2026, nous allons ouvrir un atelier pénitentiaire pour permettre à des détenus qui présentent de bonnes chances de réinsertion d’avoir une activité professionnelle et une rémunération pour faciliter leur sortie de prison et lutter contre la récidive.

Enfin, nous comptons nous appuyer sur l’innovation technologique pour digitaliser et personnaliser davantage l’expérience collaborateur. Notre objectif, à terme, est de transformer nos collaborateurs en conseillers augmentés, c’est-à-dire de faciliter leur travail en leur permettant de s’appuyer sur une IA, qui ira puiser à leur place dans une riche base documentaire pour apporter plus rapidement une réponse à la question d’un client, dénicher plus facilement la bonne fiche pratique, le bon formulaire à lui transmettre…

Que doivent changer dès à présent les entreprises, à la fois en termes de définition de leur marque employeur et de communication autour d’elles, pour convaincre davantage les candidats de les rejoindre ?

T. T. : Je pense que nous devons avant tout repenser la définition même de la marque employeur. Il ne s’agit plus seulement d’un discours marketing ou d’une image attractive, mais d’une promesse sincère, fondée sur des valeurs authentiques et des engagements concrets, notamment en matière de responsabilité sociale et environnementale. Cette promesse doit refléter la réalité vécue par les collaborateurs au quotidien, afin d’éviter toute dissonance qui pourrait nuire à la crédibilité de l’entreprise. Plutôt que de multiplier les messages standardisés, les entreprises peuvent valoriser les témoignages réels, mettre en avant leurs actions et montrer comment elles accompagnent leurs équipes dans leur développement professionnel et personnel.

Peut-on entrevoir des manières innovantes de communiquer sur sa marque employeur à horizon 2035 ?

T. T. : L’intelligence artificielle offrira des possibilités inédites pour personnaliser et enrichir la communication autour de la marque employeur, voire dans chaque interaction avec les candidats, en permettant de s’adapter à leurs attentes spécifiques. Cependant, il sera essentiel de veiller à une utilisation éthique de ces technologies, en garantissant la transparence, la protection des données personnelles, et en évitant tout biais dans les processus automatisés. L’IA devra servir à renforcer la confiance et l’authenticité, deux valeurs clés pour attirer et fidéliser les talents.