Marché du travail 2023 : quelle place pour les seniors ?
Alors que l’âge légal de départ à la retraite devrait être repoussé à 65 ans d’ici 2030, les plus de 50 ans sont nombreux à éprouver des difficultés à garder leur emploi ou à en retrouver un.
Seniors : une définition floue
En latin, le « senior » est étymologiquement « plus âgé » que les autres. Mais plus âgé que qui, précisément ? L’âge à partir duquel on devient senior n’est pas gravé dans la loi française, d’où l’absence de consensus sur les critères d’entrée dans cette catégorie. Au sens de l’insee, ce terme désigne les 50 ans et plus. Car, selon l’institut, c’est à partir de cet âge que les conditions d’accès et de maintien dans l’emploi deviennent moins favorables au regard des autres catégories d’âge.
D’autres organismes, comme l’Apec ou Pôle emploi, retiennent le seuil de 55 ans, quand certaines mesures gouvernementales dédiées aux seniors sont accessibles dès 45 ans (par exemple, une aide de l’Etat accordée pour toute embauche d’une personne de plus de 45 ans en contrat de professionnalisation). Le CDD senior concerne, quant à lui, les plus de 57 ans.
Taux d’emploi et de chômage des seniors
Au troisième trimestre 2021, les 55-64 ans représentaient 16,8% de la population active, selon les données de la Direction générale du Trésor.
Selon un rapport de la Dares, publié en avril 2022, en France, le taux d’emploi des 55-64 ans se situe à 56%. Une moyenne qui cache de profondes disparités, car ce chiffre fond drastiquement après 60 ans : il passe de 75,1% pour les 55-59 ans à 35,5% pour les 60-64 ans. Malgré les réformes successives des retraites reculant l’âge légal, les départs demeurent précoces. Et ce, pour plusieurs raisons (conditions de travail inadaptées au vieillissement, règles d’indemnisation chômage plus protectrices que pour les plus jeunes…).
Si le taux d’emploi des seniors dans l’Hexagone augmente en continu d’année en année, il demeure toutefois dans le bas du classement des pays de l’Union européenne : en 2020, il était de 53,8% contre une moyenne de 59,6% dans l’UE à 27.
De son côté, le taux de chômage augmente au fur et à mesure que les seniors prennent de l’âge : de 5,2% chez les 50-54 ans, il passe à 6% chez les 55-60 ans, et à 6,9% pour les 60-64 ans. Selon une étude Apec/Pôle emploi, parue en janvier 2022, l’entrée au chômage est, pour 81% des cadres seniors, la conséquence d’une rupture de contrat à l’initiative de l’employeur.
Conséquence de ces départs subis, et parfois conflictuels, le deuil de l’emploi perdu est plus difficile à faire. Ces candidats sont aussi moins enclins à accepter, d’entrée de jeu, de faire des concessions dans la recherche d’un nouvel emploi. 71% des cadres se disent ainsi prêts à attendre afin de retrouver l’emploi qui correspondra à leurs critères de recherche (niveau de responsabilité, salaire, localisation, métier…).
Preuve de leur difficulté à retrouver du travail, les seniors restent au chômage plus longtemps après 55 ans (771 jours en moyenne) que le reste des demandeurs d’emploi (349 jours environ). En cause, notamment, d’après l’enquête Apec/Pôle emploi, les discriminations des recruteurs liées à l’âge et l’inadéquation des candidats seniors aux profils de cadres recherchés.
Qui sont les seniors actifs ?
On compte plus d’hommes que de femmes parmi les seniors actifs de 55 à 64 ans, avec des taux respectifs d’emploi de 57,7% pour les premiers et de 54,3% pour les secondes.
Selon un rapport de France Stratégie, paru en octobre 2018, le taux d’emploi est bien plus importants chez les 55-64 ans détenteurs d’un diplôme de bac+2 ou plus (70,3%) que pour ceux titulaires d’un certificat d’études primaires ou sans diplôme (39,8%).
D’après la photographie du marché du travail en 2021 établie par l’insee, les 50 ans et plus exercent majoritairement des fonctions de cadres (22%) ou des professions intermédiaires (21,6%). Dans cette tranche d’âge, on compte également 13,3% d’employés qualifiés et 13,3% d’employés peu qualifiés, 12,4% d’ouvriers qualifiés et 5,6% d’ouvriers peu qualifiés, 8,4% d’artisans, commerçants et chefs d’entreprise et 2,6% d’agriculteurs.
Quel type de contrat privilégient-ils ?
Si on s’intéresse maintenant au type de contrat de travail signé par les seniors, le CDI reste la forme privilégiée par 92% des salariés, précise la Direction générale du Trésor. A noter que la part de temps partiel augmente au fil des années : de 17% pour les 50-54 ans à 29,7% pour les 60-64 ans. Même tendance pour les contrats temporaires dans l’emploi salarié : leur proportion passe de 6,2 à 8,5% si on compare les mêmes catégories d’âges.
A la différence des jeunes générations, le temps partiel n’est majoritairement pas subi, d’après les données récoltées par l’insee. Au sens où les seniors dans cette situation ne déclarent pas souhaiter travailler davantage. La vie privée n’intervient pas comme premier motif de recours au temps partiel, mais se place loin derrière les raisons de santé.