« L’IA nous permet d’améliorer le matching entre candidats et recruteurs »
Comment Hellowork intègre-t-il déjà l’intelligence artificielle, notamment générative, dans ses solutions ? Laurent de Bussac, son chief product officer, fait le point.

Comment Hellowork entend-il se positionner par rapport à l’intelligence artificielle ?
Hellowork utilise l’IA depuis plus de 10 ans ! Nous manipulons énormément de données, que ce soit à travers les offres d’emploi des recruteurs ou les CV des candidats. Ces données sont très « bruitées », elles ne sont pas structurées. Nous utilisons donc des techniques d’IA, de machine learning, pour sortir d’un CV ou d’une offre d’emploi un document très structuré et dont on sait parfaitement ce que c’est – combien d’expériences a le candidat, s’il a déjà une expérience dans le management… Ensuite, la structuration de ces données nous permet de faire notre métier, à savoir la mise en relation entre recruteurs et candidats. Là aussi, nous utilisons l’IA pour suggérer les bons CV aux recruteurs et les meilleures offres d’emploi possibles aux candidats.
Concrètement, quelles sont les dernières innovations de Hellowork dans ce domaine ?
En juillet 2024, nous avons lancé un nouvel algorithme autour de la similarité entre candidats. L’idée, c’est qu’à partir d’un CV qui intéresse un recruteur, on est capable de solliciter les candidats qui ont un CV similaire.
Les solutions Hellowork intègrent-elles de l’IA générative ? Y aura-t-il un jour un ChatGPT Hellowork ?
Non, ce serait trop coûteux de développer notre propre LLM. Nous utilisons les solutions existantes lorsque nous avons besoin de la fonctionnalité de langage naturel. Par exemple, nous avons implémenté dans notre ATS une fonctionnalité pour aider les recruteurs à rédiger leur offre, à partir du contexte qu’ils donnent. Dans ce cas, nous utilisons l’API de ChatGPT. Nous avons aussi lancé un test pour aider les recruteurs à faire des réponses aux candidats qui soient contextualisées par rapport à leur CV et par rapport à l’offre à laquelle ils ont répondu, plutôt que d’envoyer un mail type. Dans ce cas, l’IA générative est vraiment intéressante et elle fait réellement gagner du temps aux recruteurs. Nos équipes regardent aussi l’usage qu’on pourrait faire de ChatGPT pour aider les candidats à bien se préparer à un entretien en listant les questions qu’un recruteur pourrait leur poser à partir d’une offre d’emploi. Mais nous n’avons pas toujours besoin de la fonctionnalité de langage naturel. Pour structurer les données d’un CV ou d’une offre d’emploi, l’IA générative ne nous sert à rien.
Quels sont les moyens humains de Hellowork group pour avancer sur ces sujets ?
Nous nous appuyons sur une dizaine de data scientists, répartis entre Bordeaux et Rennes. Nous faisons beaucoup de modélisations d’univers sémantiques, nous éditons des référentiels pour bien représenter le monde de l’emploi et de la formation. Le vocabulaire que nous modélisons, celui utilisé par les recruteurs et les candidats, tourne autour des métiers, des compétences, des certifications, des diplômes… Ça nous permet ensuite de bien structurer les CV et les offres d’emploi pour améliorer la mise en relation.
Vers où Hellowork veut aller en matière d’intelligence artificielle ?
Ces dix dernières années, nous avons beaucoup nourri nos algorithmes de ce que faisaient les candidats, de ce qu’on connaissait d’eux, de leur navigation, de leurs comportements. Désormais, nous travaillons beaucoup à intégrer tout ce qu’on connaît des recruteurs, ce qu’ils font des données qu’on leur fournit, dans le but d’ajouter une brique plus qualitative dans les candidatures que nous leur fournissons. In fine, l’objectif est d’améliorer encore plus le matching entre candidats et recruteurs.
Le flou du cadre juridique constitue-t-il un frein au développement de l’IA chez Hellowork ?
Le RGPD nous impose un cadre qu’on respecte. A chaque fois que nous choisissons un fournisseur, celui-ci est évalué par un RSSI et un DPO, qui peuvent faire des recommandations, notamment si des données personnelles entrent en jeu. Nous devons aussi avoir le consentement de nos utilisateurs. Ça, c’est intangible, obligatoire. Sur l’IA générative, nous utilisons l’Azure AI Studio de Microsoft, qui permet à Hellowork d’être dans un système fermé, sans qu’aucun partage des données soit fait avec OpenAI ou d’autres LLM. L’objectif est que nos données, après consentement des utilisateurs, restent cloisonnées dans l’environnement Hellowork. Concernant l’IA Act, certaines choses restent encore à définir, comme de savoir quelle sera l’autorité de régulation en France.
Cette interview est extraite de l’enquête Hellowork recruteur Comment les recruteurs utilisent-ils l’IA générative ?