Les recruteurs allemands privés de Facebook ?
C’est un projet de loi difficilement applicable qui a été étudié la semaine dernière en Allemagne. Il vise à interdire aux recruteurs de consulter le profil Facebook de leurs futurs employés. Une initiative de Thomas de Maizière, ministre allemand de l’Intérieur qui avait déjà recommandé cet été d’interdire aux ministres d’utiliser des iPhones ou des Blackberry pour des raisons de confidentialité et de sécurité. De là à dire qu’il est un peu fâché avec la technologie, il n’y a qu’un pas !
L’objectif de ce projet de loi est d’une part d’éviter que les recruteurs utilisent des informations d’ordre privé pour sélectionner les candidats à l’embauche et d’autre part, de privilégier l’utilisation de réseaux sociaux professionnels (du type Xing, très répandu en Allemagne ou LinkedIn). Mais cette loi n’empêchera pas aux recruteurs de faire une recherche google sur les candidats. En France, selon notre récente enquête sur le recrutement et les réseaux sociaux, 36% des recruteurs ont le réflexe de chercher des infos en tapant le nom d’un postulant.
Une loi inapplicable
Au-delà des aspects techniques et de la question de fond qui se pose (comment vérifier que les recruteurs n’utilisent pas les infos glanées sur Facebook ?), le projet de loi contient d’autres propositions pour protéger la vie privée des salariés en interdisant la surveillance vidéo d’espaces privés comme les salles de pause, les vestiaires, ou encore les toilettes.
Un « texte de loi de pure façade » selon un avocat spécialisé dans les nouvelles technologies interrogé sur le site de l’Atelier.fr. Il préconise plutôt que chaque internaute devienne « un stratège de son identité numérique ». Cela signifie pour commencer, fermer son profil Facebook (le rendre privé) et faire un peu attention aux photos et à l’image que chacun d’entre-nous véhicule sur Internet. Est-ce vraiment nécessaire de faire une loi, ne vaut-il mieux pas éduquer les citoyens à l’utilisation de ces outils ? Pour une fois, la France n’a pas le monopole des lois absurdes et inapplicables, mais il y a de fortes chances pour que ce débat sur les données privées, Facebook et l’emploi s’exporte au-delà des frontières allemandes.