Les pères cadres sur le fil du rasoir
Le récent article de Eco89, « Concilier travail et paternité, une question de générations » est l’occasion pour nous d’aborder de nouveau la problématique de l’équilibre entre les hommes et les femmes. Le nombre d’hommes au foyer a progressé ces dernières années, certes lentement (ils sont actuellement 7,8% contre 43% de femmes en 2007), mais ceux-ci semblent de plus en plus enclins à s’impliquer au sein du cercle familial. Alors est-ce la condition sine qua non pour que les femmes obtiennent plus de responsabilités au travail ?
Selon la récente étude de 2008 du cabinet Equilibres « Les pères managers en quête d’équilibre », favoriser l’égalité professionnelle passe forcément par une implication plus grande des pères dans la vie familiale. Le cabinet a établi trois profils de pères chez les cadres : les pourvoyeurs de revenus, plutôt inactifs à la maison, en moyenne 15% des 400 pères cadres interrogés, les égalitaires (33%), fervents militants de l’entreprise « family friendly » et les équilibristes (52%), cadres trentenaires qui jonglent entre implication familiale et travail. Aujourd’hui, au même titre que les femmes, deux pères cadres sur trois sont en quête d’équilibre de vie et cherchent à mieux concilier leurs vies professionnelle et familiale.
La responsabilité des entreprises
Mais la question de la paternité, enjeu fort pour l’entreprise actuelle, reste peu abordée, voire souvent totalement inexplorée malgré la pression législative grandissante. Un sondage de Stepstone que seulement 58% des français pensent que leur entreprise ne contribue pas à créer un équilibre vie pro/vie perso au sein de la société et 28% trouvent que leur entreprise fait de son mieux, et la réponse est à peu près la même partout en Europe. Pas de quoi s’extasier. La majorité des français pensent en effet que les entreprises devraient aménager les horaires de travail mais aussi changer les mentalités au sein de l’encadrement, selon une enquête BVA de l’Observatoire sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (l’ORSE). Les entreprises ont donc leur part de responsabilité à assumer dans l’égalité professionnelle.
Le culte de la performance
L’Observatoire a d’ailleurs diffusé en septembre 2008 son guide «Promotion de la parentalité en entreprise auprès des salariés masculins » dans les entreprises, en partenariat avec le CNIDFF (Centre National d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles). De nombreux freins à l’implication des salariés-hommes dans la vie familiale y sont identifiés. Les clichés « Madame fée du logis » et « Monsieur gagne-pain » ont la vie dure, mais pas seulement. Ils existent des freins familiaux, par exemple, les femmes laissant peu de place au conjoint pour exercer son rôle de père, ou des freins professionnels : un collaborateur performant est un collaborateur présent quoiqu’il arrive… Mais la tendance veut désormais que ce soit la vie familiale qui influence la vie professionnelle, et non plus l’inverse.
Comme l’analyse Isabelle Germain sur le blog Toutpourelles, auteur de « Si elles avaient le pouvoir », « il y a un fossé entre la classe dirigeante et parlante et les citoyen(ne)s, absent(e)s du discours médiatique« . Selon la journaliste, les dirigeants « ne voient pas les changements en cours chez les femmes, mais aussi chez beaucoup d’hommes qui ne veulent plus sacrifier leur vie personnelle et familiale à leur réussite professionnelle« . Pères équilibristes et égalitaires gagnent du terrain, n’en déplaisent aux entreprises, celles-ci vont devoir s’y adapter pour intégrer l’égalité professionnelle.
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