Les candidats d’origine maghrébine toujours discriminés
La discrimination dans les pratiques de recrutement continue. Pas d’écart de traitement selon l’âge ou le sexe d’après le dernier testing d’Adecco… Mais les candidats d’origine maghrébine sont toujours plus défavorisés que les autres. Visiblement, les déséquilibres apparaissent principalement sur les postes de cadres dans le tertiaire et sur les CDI et CDD. Malgré ses efforts en matière de diversité, le groupe d’intérim peine à imposer les bonnes pratiques à ses clients.
Des variations selon les secteurs
Sur la totalité de ses tests de recrutement, Adecco constate que seuls 18% des candidats maghrébins sont favorisés. Les candidats d’origine française sont préférés aux postulants d’origine maghrébine dans 34% des cas. Cette différence de traitement apparaît sur les postes de cadres dans le secteur tertiaire, et sur les contrats en CDD et CDI. 48% des tests font cependant apparaître un traitement égal des candidatures. Un constat fait pour l’intérim et dans les secteurs de la restauration, l’industrie, la vente et le médical. Qui plus est, la discrimination semble disparaître avec l’âge.
La difficile généralisation des bonnes pratiques
Mais il ne suffit pas d’attendre que les candidats prennent de l’âge pour résoudre le problème. Raphäel Marcy, DRH du groupe Adecco, n’est pas satisfait et admet que « la double difficulté, c’est, d’une part, la multitude des comportements individuels dans un réseau de 10.000 salariés et d’autres parts, la pression des clients ». Temps et constance lui permettront de changer les mentalités de ses troupes ainsi que de ses clients. Adecco mise tout sur la formation de ses salariés, afin que ceux-ci apprennent à refuser au client tout recrutement discriminant, au risque de perdre des marchés… Sûr qu’un groupe d’une telle envergure peut se le permettre, mais quid des autres cabinets de recrutement et d’intérim ?
Un retard important
Quelles méthodes adopter alors ? Le label diversité ? Déjà fait. Le CV anonyme ? En avril 2011, le rapport du CREST y voyait « un impact faible sur les discriminations à l’embauche » et « une pénalisation plus forte des enfants de l’immigration ». « L’anonymisation empêcherait de relativiser des signaux jugés défavorables, comme un diplôme moins prestigieux. », expliquait Jacques Froissant d’Altaïde sur son blog en août 2011. Un débat dénoncé par SOS Racisme, visant surtout selon l’association à dissimuler le retard de la France en matière de lutte active.
Pour le moment, c’est donc aux entreprises de se débrouiller étant donné le silence du Commissaire à la Diversité. Certaines ont compris l’intérêt de n’écarter aucun potentiel. Mais l’investissement en formation est le prix à payer, et toutes les entreprises ne s’y mettront pas sans une véritable impulsion du gouvernement. Et puis, il faudrait déjà commencer par le début rappelle Alain Gavand de l’Association A Compétences Egales : une grande enquête nationale sur les pratiques discriminatoires en France…
Testing réalisé entre juillet 2010 et juillet 2011 dans 268 agences du réseau Adecco (Adecoo, Adia, Adecco Medical, Experts) soit environ un quart des agences françaises, avec la présentation de 800 CV équivalents en tous points sauf sur l’origine ethnique : 400 CV de candidats fictifs d’origine hexagonale et 400 CV de candidats fictifs d’origine maghrébine ont été présentés aux agents et à leurs clients sur une trentaine de métiers en CDD, CDI et intérim.
Source : Entreprise & Carrières
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