Jeunes générations : le grand écart entre niveau d’études et emploi
Le Haut-commissaire à la stratégie et au plan dresse un constat sans détour : en 2025, les jeunes Français sont plus diplômés que jamais, mais peinent à transformer leurs acquis scolaires en stabilité professionnelle.
 
					
				
				
					En 2025, les jeunes Français n’ont jamais été aussi diplômés, ni aussi fragiles face à l’emploi. C’est l’un des paradoxes relevés par le Haut-commissaire à la stratégie et au plan (HCSP), qui compare dans sa dernière Note Flash* la situation des jeunes d’aujourd’hui à celle de leurs aînés d’il y a 50 ans.
Une jeunesse ultra-diplômée…
En 50 ans, le niveau de diplôme de la jeunesse française a massivement évolué. Alors que la proportion de bacheliers dans une génération a atteint 80 % en 2024, ils étaient moins de 30 % au tournant des années 1980. Autre chiffre parlant : en 1975, à peine 20% des jeunes poursuivaient des études supérieures. En 2023, plus de 50 % des 25-34 ans sont diplômés, dont 56 % des femmes et 48 % des hommes.
Mais derrière cette hausse, les inégalités persistent : 81 % des enfants de diplômés du supérieur décrochent eux-mêmes un diplôme du supérieur, contre seulement 48 % pour les enfants dont les parents n’ont qu’un diplôme du secondaire, et 30 % pour ceux issus de familles peu ou pas diplômées. Le mérite scolaire ne suffit pas toujours à gommer le poids de l’origine sociale.
…mais une insertion professionnelle plus incertaine
Dans le même temps, le diplôme n’est plus le sésame qu’il était. En 1982, 75 % des jeunes actifs âgés de 15 à 24 ans occupaient un emploi stable, contre seulement 43 % en 2023 (CDI ou fonction publique). Pour beaucoup de jeunes, les premiers pas dans la vie active ressemblent davantage à une série d’allers-retours entre emplois précaires et chômage.
Le paradoxe d’aujourd’hui est que plus on est diplômé, moins le diplôme semble apporter une véritable plus-value. Les diplômés d’un bac+2 sont de moins en moins nombreux à occuper des emplois qualifiés. Alors qu’en 1983, ils étaient 77 % à avoir le statut de cadres ou de professions intermédiaires, ils n’étaient plus que 43 % en 2021. Un phénomène de déclassement qui s’est banalisé : un jeune sur six estime aujourd’hui être surqualifié pour son poste, selon les chiffres 2025 de l’Insee.
Des salaires en hausse, mais pas pour tout le monde
La richesse nationale a doublé depuis 1975, mais la part du gâteau n’a pas été équitablement distribuée. Le salaire net moyen à temps plein a progressé de 34 % en euros constants sur 50 ans, une hausse réelle. Mais les jeunes en ont moins profité que leurs aînés : « en 1979, le revenu moyen […] des 30-34 ans était supérieur de 9 % à celui des 50-54 ans, alors que, 40 ans plus tard, il est inférieur de 13 % », révèle l’enquête.
Autre donnée allant dans le sens de cette analyse : un salarié né en 1980 gagnait, à 30 ans, 20 % de moins que la moyenne nationale, quand celui né en 1940 gagnait 24 % de plus. Autrement dit, les trentenaires d’aujourd’hui sont plus formés, mais moins bien placés dans l’échelle des revenus.
*Note Flash n°4 publiée en octobre 2025, sous la responsabilité éditoriale du Haut-commissaire à la Stratégie et au Plan.
