J’aime ma boîte, ses secrétaires et mes gentils collègues

Pour ce faire, « instaurer des moments de bien-être qui n’existeraient pas », suggèrent les organisateurs de l’opération. On proposerait bien un « moment de bien-être » à la stagiaire du service commercial mais pas sûr que cela colle à la philosophie du concept inventé par Sophie de Menthon, serial-entrepreneuse connue aussi pour ses propos outranciers et également présidente d’Ethic (Entreprises de taille humaine indépendantes et de croissance). Pour cette dernière, « J’aime ma boîte » est avant tout l’occasion de « faire évoluer l’image de l’entreprise en France vers plus de convivialité et de partage, de reconnaître son entreprise avant tout comme un lieu de vie, d’échange, de création et de convivialité, d’instaurer une relation extraprofessionnelle entre les salariés pour qu’ils apprennent à mieux se connaître et renforcer l’esprit d’appartenance et l’esprit d’équipe ».
Mais pourquoi une fête au travail ?
Visiblement, le but de la journée « J’aime ma boîte » n’est donc pas de s’interroger sur le partage des richesses entre travail et capital, ou encore de souligner que parfois le travail fait mal. Quant à l’esprit d’équipe, cela rappelle ses fêtes de voisinage en compagnie du chieur du troisième à la sono surpuissante… On ose quand même se demander pourquoi ? Oui, pourquoi aujourd’hui, à la Saint Luc, au mois d’octobre ? Et pourquoi encore une fête au travail ? Au moins les organisateurs de la journée de la convivialité en entreprise ont eu le bon goût de la caler le 21 mars de chaque année. Il est quand même plus facile « d’inciter chacun à communiquer avec ses voisins au travail » quand la météo est bonne. Les groupes La Poste et Orange (ex France Télécom), réputés pour leur management efficace, ne s’y sont d’ailleurs pas trompés : ils font partie des 12 fondateurs de cet événement.
Gentil, gentil avec tes collègues !

Autant de propositions qui doivent permettre « d’humaniser les rapports dans le monde professionnel », jugent les responsables de la journée. Mais aussi « d’impliquer et motiver (les) salariés autrement que par des primes et des titres ». Ça semblait trop beau… Si vous avez l’esprit de contradiction, vous pourrez toujours vous rattraper lors de la prochaine journée mondiale pour le travail décent.
Un sondage Opinion Way paru le 17 octobre 2012 indique que 64% des Français aiment leur entreprise. Un chiffre en hausse pour la première fois depuis 4 ans. Ceux qui déclarent le contraire pointent du doigt le management (47%), l’entreprise elle-même (28%) et la crise économique en général (15%). Mais globalement, les salariés français vont bien : 69% d’entre eux se disent même de bon humeur en se rendant à leur travail. Étude réalisée auprès d’un échantillon de 930 salariés.