Elle annonce sa grossesse, son employeur met fin à sa période d’essai
La rupture du contrat de travail est intervenue au lendemain de l’annonce de la grossesse de la salariée à sa direction.

On aurait préféré que ce ne soit qu’un cauchemar, mais les faits sont malheureusement bien réels : une employée d’une compagnie d’assurances a dû renoncer à son emploi après avoir annoncé sa grossesse à son employeur.
En juillet 2021, elle est recrutée dans une entreprise avignonnaise. Au bout d’un mois, alors qu’elle est en période d’essai, elle apprend qu’elle attend un heureux événement. Elle en informe son employeur qui, au bout d’un long silence, lui demande alors d’avorter.
« J’ai eu l’impression de foutre ma vie en l’air parce que je voulais garder mon enfant »
« Il m’a dit : ‘’Moi, avec ma femme, ce genre de problème, on le résoudrait, un accident ça se résout ‘’ , témoigne la salariée au micro de RMC. Il m’a dit : ‘’Vous ne vous rendez pas compte, vous me foutez dans la merde.’’ Je peux l’entendre que ce soit compliqué, pendant quatre mois, mais de là à dire ça… Non ! »
Dès le lendemain de cette discussion, la collaboratrice est convoquée par sa direction qui lui annonce la fin de sa période d’essai. « Mes premiers mois de grossesse, je ne les ai pas appréciés comme j’aurais dû, témoigne encore la jeune maman. J’ai eu la sensation, pendant deux ou trois mois de foutre ma vie en l’air parce que je voulais garder mon enfant. Les six premiers mois de ma grossesse, j’ai eu beaucoup de mal à me dire que j’allais l’aimer parce que ma vie pro était partie en vrille. » Si elle se dit très heureuse aujourd’hui, cette mauvaise expérience demeure un traumatisme.
Les discriminations liées à la grossesse encore fréquentes au travail
Contacté par RMC, l’employeur a reconnu que la grossesse était l’ « un des facteurs » du licenciement de la collaboratrice, même s’il affirme que son travail n’était, par ailleurs, pas « complétement satisfaisant ».
Pour rappel, les règles du licenciement ne s’appliquent pas pendant la durée de la période d’essai et il n’est pas nécessaire d’invoquer un motif pour mettre fin au contrat de travail durant cette période, qui vise à valider que le collaborateur dispose des compétences nécessaires pour occuper le poste.
En revanche, il existe des cas de rupture abusive de la période d’essai : licencier une salariée pour cause de grossesse est interdit par le Code du travail, car discriminatoire. Si l’employeur est reconnu coupable d’une telle discrimination, il devra réintégrer la collaboratrice à l’entreprise, si elle le souhaite, et lui verser des dommages et intérêts équivalents à au moins six mois de salaire brut.
Les discriminations liées à la grossesse demeurent encore trop fréquentes au travail. Selon le baromètre du Défenseur des droits, publié en mars dernier, la grossesse et la maternité constituent le 3e critère de discrimination dans l’emploi pour les femmes. Une discrimination qui prend différentes formes : refus d’embauche, de promotion ou d’augmentation au retour du congé maternité, rupture de période d’essai, harcèlement…