Le « field office » ou sortir du clivage présentiel/distanciel

Le mot RH de la semaine. Nicolas Fregona, expert en recrutement au Mercato de l’Emploi, explicite le concept de « field office ».

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« Le "field office" propose aux travailleurs d'investir des lieux inattendus pour renouveler les perspectives et stimuler l'imagination. » © Olly/stock adobe.com

« Récemment, dans un post LinkedIn, Vincent Salimon, CEO de BMW Group France, a partagé une initiative originale : “Après l’open space et le flex office déjà en place depuis longtemps chez BMW Group France, j’ai décidé de me mettre au field office.” Concrètement, il s’agit pour le dirigeant de la firme allemande de se rapprocher encore plus du terrain, en établissant son bureau en concession. A raison d’une journée par concession, il passe 158 jours par an sur le terrain auprès des clients, des prospects et des équipes partenaires du réseau. Changer d’environnement pour ouvrir son esprit, capter l’énergie des autres, être immergé dans le quotidien et les problématiques des collaborateurs donne une nouvelle perspective à son travail et le nourrit. Dans un autre registre, l’émission télé Patron incognito, diffusée sur M6, permettait au dirigeant “déguisé” de prendre le pouls de ses équipes et de mieux appréhender les problématiques du quotidien. Descendre de son piédestal et être au cœur des équipes offre une tout autre lecture de la performance de l’entreprise… »

Créer un écosystème de travail optimal

« D’une façon plus générale, l’enjeu principal n’est plus de déterminer son lieu de travail, mais plutôt de concevoir un écosystème de travail optimal. Cet écosystème doit marier efficacité pour les diverses tâches, bien-être des employés, rapprochement avec les collaborateurs, performance collective et flexibilité d’adaptation. Les collaborateurs aspirent à une approche personnalisée de leur environnement de travail, comme en témoignent les chiffres : selon une étude récente de Cetelem, 81 % des employés sont favorables au travail hybride et 71 % désirent un équilibre entre le bureau et le télétravail. 53 % des salariés s’attendent à ce que l’organisation hybride perdure, selon Gallup. Le travail est désormais perçu comme une commodité accessible partout, à tout moment et avec n’importe qui. Le rôle du bureau évolue ainsi d’un lieu d’affectation fixe à un véritable hub de collaboration. Il devient le point névralgique pour les moments collaboratifs et créatifs, favorisant l’animation d’équipe et le renforcement de la culture d’entreprise. C’est aussi l’endroit privilégié pour les échanges informels et le networking, essentiels au développement professionnel et personnel des collaborateurs. Le travail peut aussi “pousser les murs”… »

Initiatives originales

«- Faire des réunions en marchant dans la forêt pour faire jaillir de nouvelles idées : travailler où l’on se sent le mieux, casser les codes. Notre cerveau a tendance à s’enliser dans des schémas de pensée répétitifs lorsqu’il est confiné dans un environnement familier.

– Instaurer des « journées sans écran » : dédier certaines plages horaires au travail déconnecté, favorisant la réflexion profonde et les interactions authentiques.

– Établir des « hubs de créativité nomades » : des espaces temporaires installés dans des lieux inattendus (musées, parcs, monuments historiques) pour renouveler les perspectives et stimuler l’imagination. »

Mêler les RH aux opérationnels

« Le field office peut permettre aussi aux RH de renouer avec leur mission fondamentale : être au contact des collaborateurs et comprendre leur réalité quotidienne. Travailler sur le terrain est une démarche essentielle pour renforcer la légitimité, la crédibilité et l’efficacité des équipes RH. Cela favorise une meilleure compréhension des défis qu’ils rencontrent au quotidien, qu’il s’agisse d’outils inadaptés, de processus à optimiser ou de besoins non exprimés. Observer directement les pratiques du réel offre une perspective unique pour identifier les points faibles et améliorer les processus internes. Les retours écrits ou numériques sont utiles, mais rien ne remplace l’observation directe pour repérer les habitudes inefficaces ou proposer des solutions adaptées. »

« Les entreprises qui réussiront demain ne seront pas celles qui auront imposé un modèle uniformisé d’organisation du travail, mais celles qui auront su orchestrer une diversité d’environnements de travail, permettant à chacun de trouver le cadre optimal pour sa créativité et sa productivité. Quitte à s’affranchir du traditionnel bureau devenu, à certains égards, dépassé… »

Visuel promo

Bien s’équiper pour bien recruter