Pourquoi dit-on que les femmes travaillent « gratuitement » à partir de 9h10 le 4 novembre ?
Comment sont calculés ces chiffres et de quoi sont-ils les symboles ?
Vous l’avez certainement lu ou entendu à la radio ce vendredi 4 novembre : les femmes travaillent « gratuitement » depuis 9h10. Est-ce à dire que toute la gent féminine ne touchera plus de salaire jusqu’à la fin de l’année ? Heureusement non, sinon il y a fort à parier que toutes les femmes auraient stoppé net leur activité dès qu’a sonné l’heure fatidique (et que cet article n’aurait pas été rédigé).
Un symbole pour dénoncer les inégalités salariales
En réalité, ce chiffre, calculé chaque année, par l’association féministe Les Glorieuses, est une moyenne destinée à interpeller l’opinion publique, les entreprises et les pouvoirs publics. Car l’égalité professionnelle femmes-hommes est encore loin d’être parfaite, en France comme en Europe.
Comment l’association en arrive-t-elle à une date et une heure si précises ? Sur son site, elle explique son calcul, qui se base sur deux données de référence :
- L’écart de rémunération entre les femmes et les hommes. D’après les dernières données Eurostat, il est de 15,8% en France, contre 13% en Europe. Cette moyenne est calculée d’après la différence entre les gains horaires bruts moyens des hommes et des femmes, exprimés en pourcentage des gains horaires bruts moyens des hommes, dans les organismes de 10 salariés ou plus, secteurs public et privé confondus.
- Le nombre de jours ouvrés en France, qui est, en 2022, de 253.
Comment obtient-on le jour ?
En calculant 15,8% de 253, on obtient 39,974 jours ouvrés. Puis, on remonte le calendrier, en partant du dernier jour ouvré de l’année 2022, le vendredi 30 décembre, et en y soustrayant 39 jours, en faisant abstraction des week-ends et jours fériés. Ce qui nous conduit au 4 novembre.
Comment obtient-on l’heure ?
À ce 4 novembre, il nous faut à présent ôter, 0,974 jour pour arriver au résultat de 39,974. 1 correspondant à 1 journée ouvrée, 0,974 correspond à 97,4% de cette journée.
Si on se base sur une journée ouvrée de 7h de travail, de 9h à 17h, avec une pause déjeuner de 13h à 14h, 97,4% de cette journée représente 6h et 49,08 minutes. Ces 0,08 points correspondent à des secondes. On reprend donc la même méthode de calcul et nous arrivons à 4,8 secondes, arrondies à 5 secondes. Ainsi, en soustrayant 6h et 49 minutes et 5 secondes à la journée de travail, on obtient à 9h10 et 55 secondes.2
Des pistes pour réduire les inégalités
« Ce calcul nous permet donc de dire qu’en 2022, les femmes pourraient s’arrêter de travailler le 4 novembre à 9h10 et 55 secondes si elles étaient payées avec un taux horaire moyen similaire aux hommes tout en gagnant ce qu’elles gagnent aujourd’hui (toujours en moyenne) à l’année », conclut l’association, qui ne se contente pas de brandir ce symbole mais formule aussi trois propositions concrètes, à travers une pétition, pour remédier à ces inégalités :
- Appliquer un principe d’éga-conditionnalité : cela signifie conditionner l’octroi de marchés publics et les subventions publiques au strict respect de l’égalité salariale femmes-hommes.
- Revaloriser les salaires des métiers très féminisés : notamment la profession d’infirmier (où les femmes représentent 90,4% des effectifs), celle de sage-femme (87,7% de femmes) et celle d’enseignant (65,7% de femmes)
- Mettre en place un congé parental équivalent pour les deux parents : en se calquant, par exemple, sur le modèle suédois où le congé paternité et équivalent à celui pris par la mère post-accouchement.