Mieux vaut être directeur que directrice !
Et si derrière la louable intention de féminiser les noms de métier, la société ne tendait pas un piège supplémentaire aux femmes ? C’est la question que soulève une récente étude de l’Université de sciences sociales de Varsovie selon laquelle les femmes dont l’intitulé de poste est féminin sont perçues comme moins capables que celles dont le nom de métier est masculin. En clair, un avocat plaiderait mieux qu’une avocate.« Féminiser le langage aide à rendre les femmes plus visibles mais apparemment ça n’est pas toujours un avantage », explique l’universitaire Magdalen Formanowicz cité par le Daily Mail. Toujours selon l’auteur de l’étude, les femmes dont le titre est masculin n’ont en revanche guère de souci à se faire puisqu’elles « maintiennent le statu quo culturel ».
Une féminisation maladroite des métiers ?
Pour arriver à de telles conclusions, les chercheurs ont au préalable demandé à 96 hommes et femmes d’évaluer des candidats à un « emploi au titre prestigieux ». Celles et ceux dont le nom de métier était masculin ont ainsi été mieux notés que les femmes aux titres féminins. En parallèle, les chercheurs ont mené une enquête via Internet auprès de 121 personnes, dont 71 femmes. Ils devaient imaginer qu’ils recrutaient une personne. Pour aider les participants à trancher parmi les trois personnes restant soit en disant en lice, une lettre de présentation, comportant un titre masculin ou féminin, leur était fournie. Là encore, ceux dont le nom de métier était féminisé apparaissait comme moins « approprié » pour le job.
Pour les auteurs de l’étude, la première raison à cette notation serait que les femmes portant un titre féminin seraient perçues comme potentiellement féministes par des hommes aux attitudes conservatrices… Une autre explication serait que les noms de métier féminisés sonneraient bizarrement.
1986 : une circulaire sur la féminisation des titres
Cette dernière explication paraît crédible. Qui sait de nos jours s’il doit appeler une femme ingénieur, une ingénieure ou pire une ingénieuse ? Une première circulaire tentait de régir la féminisation des noms de métiers dès 1986 en France. Selon le Premier ministre de l’époque, Laurent Fabius, « L’accession des femmes de plus en plus nombreuses à des fonctions de plus en plus diverses est une réalité qui doit trouver sa traduction dans le vocabulaire. Pour adapter la langue à cette évolution sociale (…), une commission de terminologie chargée de la féminisation des noms de métier et de fonction » a été mise en place.
Plus de dix ans plus tard, sous Jospin, une nouvelle circulaire paraissait. Un guide édité par l’Institut national de la langue française est même publié à l’occasion pour aider à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions. Ne reste plus à la société qu’à se l’approprier.
Quelques règles pour féminiser le nom d’un emploi ?
(Crédit photo :Fotolia)