7 infos à retenir des négociations annuelles obligatoires 2024-2025

Enveloppe dédiée aux augmentations, individualisation des hausses de salaire… Ce qu’il faut retenir de la dernière étude de Mercer sur les NAO dans les entreprises françaises.

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En 2025, le climat social s'est tendu, avec 21% des négociations qui se sont achevées sur un PV de désaccord. © Lightfield Studios / Stock.adobe.com

Après deux années de fortes hausses des rémunérations liées en partie à l’inflation, comment se sont passées les négociations annuelles obligatoires (NAO) dans les entreprises cette année ? L’étude annuelle* publiée par Mercer France pour la période 2024-2025 en dresse un bilan mitigé. Voici les principaux points à retenir.

L’enveloppe des augmentations en forte baisse

Après un budget médian à +4% en 2024, notamment porté par l’inflation, celui des négociations annuelles obligatoires pour 2025 retrouve un niveau plus modéré, à +2,5%. 7% des entreprises interrogées ont même gelé les salaires, une première depuis 2021, note le cabinet Mercer.

Cette année, les budgets sont très homogènes d’un secteur à l’autre, de +2% en moyenne pour le secteur des biens de consommation à +3% pour celui de l’énergie ou des sciences du vivant.

Des augmentations générales quasi nulles

Avec la fin du contexte inflationniste et un contexte économique plus tendu, les augmentations générales tendent à diminuer. En 2025, le budget médian des augmentations générales s’élève à +0,2%. En 2024, il était déjà en recul à +1%, contre +3% en 2023. Mercer note qu’il s’agit d’un niveau historiquement bas et qui est même inférieur au niveau d’avant-Covid (+0,43% en 2019-2020).

C’est même la fin des augmentations générales pour les cadres. « À l’image des années précédant la période inflationniste, les augmentations générales ont toutes été dédiées aux populations non-cadre », indique Mercer. Le budget média des augmentations générales pour les employés est à +0,5% et celui chez les ouvriers est à +0,8%.

Les augmentations individuelles prennent le pas

Comme en 2024, les entreprises ont privilégié des augmentations individuelles aux augmentations générales. Pour autant, le budget d’augmentations individuelles est en légère baisse, à +1,8% de budget médian, contre +2% en 2024. La quasi-totalité de cette enveloppe est allouée à des augmentations au mérite (+2%), quand celle liée à des promotions est proche de zéro (+0,05%). Cela « montre bien la volonté des entreprises à retenir les talents », pointe l’étude.

Les cadres sont ceux qui ont le plus profité des augmentations individuelles. Que ce soit pour les cadres supérieurs et dirigeants, le management, les cadres vente et hors vente, l’augmentation individuelle médiane budgétée pour 2025 s’élève à +2%, voire +2,03% dans certains cas. A contrario, elle se limite à +1,4% chez les employés et à +1% chez les ouvriers.

Des augmentations toujours sélectives

Comme en 2024, la plupart des entreprises n’ont pas augmenté l’ensemble de leurs salariés en 2025. Seuls 28% des entreprises ont accordé une augmentation individuelle à l’ensemble de leurs salariés, une proportion stable sur un an. En moyenne, parmi les 222 entreprises interrogées dans cette étude, 59% des effectifs ont été augmentés individuellement cette année.

D’autres leviers pour aider financièrement les salariés

Faute d’augmenter tous les salariés, les entreprises activent souvent d’autres leviers pour soutenir le pouvoir d’achat de leurs équipes. L’étude note ainsi que « les initiatives sont de plus en plus variées allant de l’augmentation de la contribution aux titres restaurant [15% des entreprises], à la prise en charge des coûts en télétravail en passant par l’augmentation du budget des œuvres sociales ». 7% des entreprises disent avoir aussi augmenté la contribution aux transports et 6% revu l’accord d’intéressement et/ou de participation. Plus de deux tiers des entreprises offrent ces avantages extra-salariaux à leurs équipes.

La prime de partage de valeur perd encore du terrain

Déjà en perte de vitesse en 2024, la prime de partage de valeur perd en 2025 encore davantage de terrain. Seulement 4% des entreprises interrogées l’ont versée cette année, contre 19% en 2024. « Cette tendance est en partie liée au traitement fiscal moins favorable ainsi qu’à une stabilisation du pouvoir d’achat », pointe le cabinet Mercer.

La tension sociale en hausse

Dernier enseignement de l’étude, le climat social plus tendu cette année qu’en 2024. 84% des entreprises avaient finalisé leurs NAO à la fin du premier trimestre 2025, contre 93% en 2024. Parmi celles-ci, 21% des négociations se sont achevées sur un PV de désaccord, soit 3 points de plus qu’en 2024.

« L’année 2025 est un tournant stratégique qui pourrait redessiner durablement les pratiques de négociation : entre fortes attentes salariales, exigences en termes de qualité du travail et rétention des talents, les entreprises doivent conjuguer performance et attractivité dans un contexte économique et politique qui reste incertain et un climat social tendu », note Sophie de Heer, consultante senior en charge de l’activité des enquêtes de rémunération chez Mercer France.

*Enquête réalisée entre octobre 2024 et mars 2025 auprès d’un panel de 222 entreprises implantées en France (DRH et responsables Rémunération & Avantages Sociaux), par le biais d’un questionnaire en ligne et d’entretiens individuels.

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