États-Unis : une intelligence artificielle licencie 60 salariés désignés « au hasard »
Les collaborateurs n’ont pas eu d’informations quant au motif de leur licenciement.

L’histoire est digne d’un roman dystopique : à Austin, aux États-Unis, 60 salariés de l’entreprise Accenture ont été licenciés le 17 août dernier. Pour quel motif ? Aucun en particulier. Lorsqu’ils ont demandé à en savoir plus sur les raisons de leur renvoi, les ex-collaborateurs ont appris de la bouche de leurs responsables qu’ils avaient été sélectionnés « au hasard » par un algorithme.
Ces employés qui travaillaient en lien avec Meta, selon les informations du Daily Mail., ont appris la mauvaise nouvelle par vidéoconférence. Leur licenciement intervient en écho d’une prise de parole de Mark Zuckerberg en juin dernier : « En réalité, il y a beaucoup de personnes dans l’entreprise qui ne devraient pas être ici. En augmentant la pression, avec des objectifs plus agressifs, j’espère que certains d’entre vous se diront simplement que cette entreprise n’est pas pour eux. »
Des précédents dans d’autres entreprises
Ces licenciements interviennent dans un contexte où les géants de la Tech (Google, Microsoft, Meta, Apple, Amazon…) ont considérablement ralenti leur cadence d’embauches, voire procédé à des licenciements massifs comme chez Apple, qui vient de mettre un terme au contrat de 100 recruteurs.
Ce n’est pas la première fois qu’une entreprise recourt à une intelligence artificielle (IA) pour se séparer de salariés. En août 2021, une entreprise russe, Xsolla, avait remercié 150 collaborateurs, soit un tiers de ses effectifs, après que son algorithme a analysé leurs mails, leurs activités et leur taux de présence sur le lieu de travail et jugé qu’ils n’étaient « pas assez engagés et improductifs ». Le géant américain Amazon est lui aussi coutumier du phénomène : une IA est chargée d’envoyer une notification de licenciement aux livreurs qu’elle juge les moins performants, d’après les informations de Bloomberg.
Que dit le droit français ?
Pourrait-on voir le même scénario se dérouler en France ? Cela semble peu probable si on se réfère au Code du travail qui encadre strictement les procédures de licenciement. Il prévoit notamment que l’employeur doit préciser le motif du licenciement dans la lettre recommandée notifiant le licenciement (L1232-6) et convoquer le salarié à un entretien préalable au licenciement (L1232-2).
Dans le cas d’un licenciement économique collectif, l’entreprise doit définir des critères d’ordre pour décider des salariés concernés (L1233-5). Ces critères prennent en compte :
- Les charges de famille, en particulier celles des parents isolés ;
- L’ancienneté de service dans l’établissement ou l’entreprise ;
- La situation des salariés qui présentent des caractéristiques sociales rendant leur réinsertion professionnelle particulièrement difficile, notamment celle des personnes handicapées et des salariés âgés
- Les qualités professionnelles appréciées par catégorie.