Aux États-Unis comme en France, le nombre de jours de congé maladie bat des records
La hausse des jours d’absence pour maladie concerne principalement les jeunes travailleurs.
Aux États-Unis, de plus en plus de salariés, notamment parmi la génération des 25-34 ans, prennent des jours de congé maladie, relève le Wall Street Journal. 30% des employés des services, ayant accès à des congés maladie payés, en ont posé depuis le début de l’année 2023, contre 21%, à la même période, en 2019, selon des chiffres de l’entreprise de gestion de la paie Gusto.
Une utilisation extensive du congé maladie outre-Atlantique
Une hausse qui date de la crise sanitaire et témoigne d’un changement de rapport au travail des travailleurs américains. Auparavant, ils mettaient un point d’honneur à ne pas s’arrêter de travail lorsqu’ils étaient souffrants, pour montrer leur engagement au travail à toute épreuve.
Aujourd’hui, la réalité est bien différente. Les employés n’hésitent plus à s’arrêter de travailler pour préserver leur santé mentale. Et les employeurs ont une conception bien plus large du congé maladie, développe le WSJ : « Au cours de la dernière décennie, de nombreux États ont promulgué des lois exigeant des employeurs qu’ils mettent à disposition de leurs salariés des jours de congé maladie pour s’occuper de leurs proches malades […] De plus en plus d’entreprises proposent un nombre illimité de congés maladie. »
Si certains employeurs se plaignent du coût que représentent ces absences, d’autres estiment que ces congés constituent un avantage apprécié des collaborateurs, alors que le marché du travail demeure tendu. Une manager de Starbucks témoigne qu’elle n’hésite pas à inciter ses salariés à utiliser leurs jours de congé maladie pour des raisons « moins conventionnelles », par exemple, pour se reposer après un long trajet de retour de vacances : « Vous générez davantage de loyauté et d’engagement chez vos équipes si vous prenez soin d’elles », explique-t-elle.
Les entreprises voient aussi ces congés comme une manière d’aider leurs employés à « faire face à des imprévus, qu’il s’agisse de problèmes de santé familiaux, de fermetures d’écoles ou tout simplement d’un rhume ordinaire ».
Le réengagement des collaborateurs au travail : un défi pour les entreprises françaises
La France fait, elle aussi, face à une augmentation notable des jours d’arrêt de travail. Pour la cinquième année consécutive, le baromètre de l’absentéisme de WTW constate une hausse du nombre de jours d’arrêts de travail, dont 96% sont dus à la maladie. 42% des employés français se sont arrêtés au moins un jour en 2022, soit 8% de plus par rapport à 2021. Là encore, c’est parmi les plus jeunes générations que la hausse est la plus significative.
Le sondage note que l’absentéisme dû à la maladie a augmenté de 8% en un an, ce qui représente un coût pour les employeurs de 4,4% de la masse salariale en 2022. « Face à cette accélération de l’absentéisme, l’engagement, voire le réengagement, ainsi que la fidélisation seront les grands défis à relever pour les entreprises. Elles devront faire évoluer le modèle de la relation entreprise / collaborateur pour répondre aux attentes des nouvelles générations en matière de partage de la valeur, d’impact social et environnemental, d’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, de flexibilité du travail et de management… Il s’agira, en outre, de rassurer les « anciennes générations » dans un contexte économique incertain marqué par la digitalisation des entreprises, l’inflation, la hausse des taux, la réforme des retraites, ou encore le transfert de charges de la Sécurité Sociale … », décrypte Noémie Marciano, Directrice Placement & Actuariat Health & Benefits chez WTW en France.
La France adopte une stratégie différente des États-Unis en cherchant à limiter le recours aux arrêts de maladie de complaisance. Cet été, l’Assurance maladie a lancé une campagne pour contrôler les médecins qui prescrivent le plus d’arrêts. Le gouvernement souhaite aussi permettre aux employeurs qui auraient des doutes la possibilité de mandater un médecin contrôleur pour vérifier si l’arrêt maladie est justifié et suspendre le versement des indemnités journalières en cas d’abus.