Entreprises : quels leviers pour viser le plein-emploi ?
Le think-tank Néos formule une série de solutions pour atteindre le plein-emploi, dont certaines à la main des entreprises. Précisions.
L’horizon du plein-emploi reste dans le viseur d’Emmanuel Macron, malgré la dégradation économique liée à la guerre en Ukraine et à l’inflation. Pour que le pays se trouve en situation de plein-emploi, le taux de chômage, à 7,4% fin 2021 selon l’Insee, devrait poursuivre sa décrue pour atteindre 5%. Une hypothèse qui semble difficilement plausible, dès 2022, pour la Banque de France, qui table plutôt sur un niveau de 8% de chômage à la fin de cette année.
Si la conjoncture économique joue un rôle important dans l’atteinte de cet objectif, le gouvernement et les entreprises peuvent également y contribuer. A cet effet, le think-tank Néos, composé de 500 experts, professionnels des RH et citoyens, a présenté, début juillet, un éventail de solutions pour mettre le pays sur le chemin du plein-emploi. Quel rôle les entreprises peuvent-elles jouer ?
Favoriser le partage de la valeur
Jugés parfois trop complexes, les dispositifs d’épargne salariale sont peu développés dans les TPE/PME. Les auteurs du rapport préconisent de fusionner les systèmes de participation et d’intéressement, pour les rendre plus lisibles. En créant, par exemple, un dividende travail combinant les facteurs pris en compte pour fixer la participation (les résultats financiers) et l’intéressement (la performance économique, commerciale, sociale ou environnementale, selon les critères choisis par la direction).
Ils proposent également de conditionner le versement des dividendes aux actionnaires au dividende travail versé aux salariés.
Revaloriser les salaires
Alors que l’inflation atteignait 5,2% en mai 2022, d’après l’Insee, le pouvoir d’achat est au cœur des préoccupations quotidiennes des Français. Face à cette situation, Néos encourage les entreprises à augmenter leurs collaborateurs, en rappelant qu’elles bénéficient d’un allègement de charges jusqu’à 1,6 SMIC pour les augmentations de salaire allant jusqu’à 10%.
Revitaliser le dialogue social
Alors que le taux de participation aux élections professionnelles est de plus en plus faible dans les TPE, le think-tank propose de repenser les modes d’expression collective au sein de l’entreprise. Leur suggestion : permettre à tous les collaborateurs de donner leur avis sur des sujets allant au-delà des conditions de travail, en embrassant « les enjeux de performance, les objectifs de production et la rémunération globale ». Et ce, afin de donner un nouveau souffle à la négociation collective et redonner du poids aux syndicats.
Prioriser le développement des compétences des collaborateurs
Face aux mutations rapides du monde du travail, les compétences deviennent de plus en plus rapidement obsolètes. Pour accompagner leurs investissements dans l’innovation, les entreprises ont tout intérêt à investir également dans la formation de leurs talents : « Pour inciter les entreprises à innover et développer les compétences de leurs salariés, les coûts de formation doivent pouvoir être valorisés à leur bilan comme un investissement, un actif amortissable générateur de flux de trésorerie futurs », expliquent les auteurs.
Recruter et maintenir les seniors dans l’emploi
Alors que les actifs sont amenés à travailler de plus en plus longtemps, la France est l’un des pays de l’UE qui affiche le taux d’emploi des seniors le plus bas (6 points de moins que la moyenne européenne). En vue d’inverser la tendance, Néos envisage de s’appuyer sur un index comparable à celui mis en place pour favoriser l’égalité hommes-femmes.
Il pourrait s’appuyer sur des indicateurs de performance RH tels que « le taux de recrutement des seniors, le nombre de seniors ayant suivi une formation, le taux de promotion des seniors, le taux de mentorat, la validation des acquis de l’expérience, les bilans de compétences… ».