Emploi des seniors : pourquoi la France reste à la traîne dans l’UE
Le taux d’emploi des seniors dans l’Hexagone a progressé de près d’un point entre 2021 et 2022, mais reste bien en-dessous de la moyenne européenne.
La France compte de plus en plus de travailleurs seniors. Si, comme la Dares, on englobe dans cette catégorie la population âgée de 55 à 64 ans, le taux d’emploi des seniors atteignait, en 2022, 56,9%.
L’influence des réformes des retraites sur l’emploi des seniors
Un taux qui progresse pas à pas, au gré des réformes des retraites successives : 38,2% en 2003, au moment des réformes Fillon, qui ont augmenté la durée de cotisation pour pouvoir toucher sa retraite à taux plein, 41% en 2010, année du report de l’âge légal de départ à 62 ans, 48,2% en 2014 avec un nouvel allongement de la durée de cotisation porté par la réforme Touraine…
« Entre 2000 et 2022, le taux d’emploi et le taux d’activité des seniors progressent respectivement de 25,9 et 27,4 points, soit en moyenne un peu plus d’un point par an », décrypte le service statistique du ministère du Travail.
Dans la lignée, la dernière réforme, entrée en vigueur le 1er septembre, qui repousse l’âge de départ à 64 ans, devrait également avoir un impact sur le maintien en emploi de cette frange de la population. Et notamment sur les plus de 60 ans. Comme lors des précédentes enquêtes de la Dares, on constate un effet de seuil : si 76,4% des 55-59 ans travaillent, seuls 36,2% des 60-64 ans sont en emploi.
Et ailleurs en Europe ?
Ce dernier chiffre fait dégringoler la France à la 17e place sur les 27 pays de l’UE en matière d’insertion professionnelle des seniors. La moyenne européenne de taux d’emploi des seniors, se situe, elle, à 62,4%.
Il est à noter que dans tous les pays de l’UE où le taux d’emploi des 55-61 ans dépasse les 70% (les Pays-Bas, l’Allemagne, le Danemark, l’Estonie), l’âge légal de départ à la retraite est fixé après 64 ans. A l’exception de la Suède (qui affiche un taux de 76,9% selon Eurostat), où l’âge de départ minimum actuel est de 61 ans mais devrait passer à 64 ans d’ici 2026.
Des salariés pas tous égaux face au maintien dans l’emploi
Si on regarde plus en détail la publication de la Dares, on remarque que le taux d’emploi des femmes seniors française (55,5%) et plus proche de la moyenne de l’UE (56,2%) que celui des hommes français (58,3% contre une moyenne européenne de 68,7%). Mais leur situation est souvent plus précaire : 31,5% de ces femmes exercent un emploi à temps partiel, contre 10,7% des hommes.
Rappelons aussi que tous les travailleurs ne sont pas égaux face au maintien dans l’emploi, les 55-64 ans les plus qualifiés ayant davantage tendance à conserver leur emploi jusqu’à la fin de leur carrière, tandis que les moins qualifiés sont plus exposés aux ruptures conventionnelles et aux licenciements pour inaptitude.
Une conférence sociale en octobre
Comment accorder plus de place aux seniors au sein du marché du travail ? La question est notamment au menu de la grande conférence sociale convoquée par Emmanuel Macron, qui doit se tenir courant octobre. A cette occasion, les partenaires sociaux sont invités à faire part de leurs propositions.
Plusieurs pistes ont d’ores et déjà été esquissées par l’ANDRH, en mars dernier : aides à l’embauche, exonération de cotisations chômage, sensibilisation aux biais discriminatoires… Seront-elles retenues par l’exécutif ?