Emploi des seniors : 5 politiques qui ont fait leurs preuves à l’étranger

En matière d’emploi des seniors, la France ne se classe pas parmi les bons élèves de l’Union européenne. Quelles leçons peut-elle tirer de ses voisins ?

La Suède est le pays de l'Union européenne qui affiche le taux d'emploi des seniors le plus élevé, à 76,9%.
La Suède est le pays de l'Union européenne qui affiche le taux d'emploi des seniors le plus élevé, à 76,9%. © Lumos sp/stock adobe.com

En France, retrouver du travail après 50 ans s’apparente, dans un grand nombre de cas, à un parcours du combattant. Si le taux d’emploi des seniors augmente légèrement d’année en année dans l’Hexagone, il demeure toutefois inférieur à la moyenne de l’Union européenne : 55,9% contre 60,1%, selon les chiffres 2021 d’Eurostat.

Comment expliquer que la France soit à la traîne ? Les gouvernements successifs ont pourtant mis en place des mesures pour encourager le maintien et l’accès des seniors à l’emploi : le contrat de génération, des aides pour l’embauche d’un plus de 45 ans en contrat de professionnalisation, le CDD senior, le CDI inclusion… Autant de dispositifs qui n’ont pas réussi à inverser la tendance.

Confrontés aux mêmes problématiques (maintenir dans l’emploi des seniors dans un contexte de vieillissement de leur population, équilibrer les systèmes de retraite et maintenir le niveau des retraites), certains pays européens ont su mettre en place des politiques fructueuses pour l’emploi des seniors. Des sources d’inspiration pour la France ?

Faible hausse des salaires liée à l’ancienneté

Le niveau de salaire demandé par les candidats constitue l’un des principaux freins à l’embauche des seniors en France. A l’inverse, les pays où la hausse des salaires est moins indexée à l’ancienneté parviennent mieux à maintenir leurs seniors dans l’emploi et à les réembaucher en cas de licenciement.

C’est notamment le cas en Suède, où le taux d’emploi des seniors atteint 76,9% en 2021 : « Les pratiques salariales en Suède sont fortement égalitaristes (« à travail égal, salaire égal »), ce qui est peu propice au salaire à l’ancienneté. Les études de Flood et al. (2006) et du SCB (l’Office Suédois de Statistiques) montrent une faible progression des salaires après 45 ans ainsi qu’une stagnation voire une baisse pour certaines catégories de travailleurs après 55 ans », souligne un article paru dans la Revue de l’OFCE en 2008

Des plans de formation pour accompagner les fins de carrière

Levier de taille pour maintenir l’employabilité des seniors, la formation professionnelle est peu développée chez les seniors en France : selon une étude Ifop pour le club Landoy, réalisée en 2020, seuls 1 salarié sur 10 a suivi une formation professionnelle entre 45 et 62 ans.

A l’inverse, les pays du Nord de l’Europe ont investi ce sujet de la formation des seniors. Selon Eurostat, en 2006, 72% des Danois de 55-64 ans avaient suivi une formation, pour 66% des Finlandais, 62% des Suédois et… 32% des Français !

Une prise en compte accrue des sujets de santé au travail

Si 70% des Suédois et 72% des Hollandais se déclaraient, en 2005, capables de faire le même travail qu’actuellement à 60 ans, ce chiffre chutait à 49% quand on interrogeait les Français, selon une enquête Eurostat sur les conditions de travail.

La possibilité de travailler jusqu’à un âge avancé dans ces pays nordiques passe notamment par une vigilance accrue des entreprises quant à la santé au travail. En Suède, l’Etat verse des aides aux entreprises pour qu’elles améliorent l’environnement et les conditions de travail et limitent la pénibilité des tâches.

En Finlande, l’institut de santé professionnel a lancé, à la fin des années 1990, le programme Finn Age, respect for the ageing. Son objectif ? Mettre l’accent sur l’importance de la santé des seniors au travail comme levier de leur productivité. « Une campagne auprès des médecins a visé à propager l’idée que leur rôle n’était plus de prouver que leurs patients étaient incapables de travailler, mais d’encourager ces patients à mieux utiliser leurs capacités de travail », développe l’article de la Revue de l’OFCE.

Des filets de sécurité lors des plans sociaux

Dans une loi de 1974 sur la sécurité de l’emploi, la Suède a introduit un principe qui veut que, lors des licenciements, on se sépare d’abord des derniers collaborateurs embauchés. Une mesure protectrice pour l’emploi des seniors. Ce même principe figure également souvent dans les accords collectifs des entreprises finlandaises.

Des emplois seniors dans le secteur public pour les chômeurs en fin de droits

Enfin, au Danemark, les demandeurs d’emploi de plus de 55 ans ayant épuisé leurs droits à l’indemnisation du chômage sont éligibles à un emploi senior dans le secteur public.

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