Sens au travail, salaire, équilibre pro/perso… c’est quoi un emploi de qualité en 2024 ?
Spoiler : aucun métier ne coche toutes les cases…

Renforcer l’attractivité de leurs métiers est un enjeu clé pour les recruteurs en quête de nouveaux talents. Pour ce faire, rien de tel que d’examiner ce qui rend un poste désirable aux yeux des candidats afin d’identifier des leviers pertinents d’amélioration. Dans une note publiée en décembre 2023 et qui se base sur les 87 familles professionnelles de la Dares, France Stratégie distingue six critères constitutifs d’un « bon » emploi :
- un salaire satisfaisant
- un emploi stable
- un travail qui préserve la santé
- un bon équilibre vie pro/vie perso
- des opportunités de formation et d’évolution professionnelle
- une bonne représentation et écoute des salariés
En passant toutes les familles de métier au tamis de cette grille de lecture, les auteurs sont parvenus à les regrouper en six grandes catégories d’emploi :
1. Les métiers bien rémunérés, aux perspectives de carrière favorables mais à forte densité de travail
Ce groupe rassemble une majorité de cadres. Leur salaire annuel net moyen se situe autour de 43 000 €, soit plus de deux fois supérieur à la moyenne de l’ensemble des salariés (19 618€). « Ce groupe est celui qui présente les plus faibles risques de basculer dans le chômage et les plus grandes chances de promotion », détaille le rapport.
Si ces professionnels sont moins exposés que la moyenne aux accidents du travail et à la pénibilité physique, ils sont, en revanche, plus en proie aux risques psychosociaux et travaillent davantage « sous pression ». Leur volume horaire de travail est généralement supérieur à 44 heures par semaine et il peut leur arriver d’avoir à travailler à des horaires imprévisibles, ce qui rend ces métiers plus difficiles à concilier avec une vie de famille.
2. Les métiers de bonne qualité, protégés des risques et des contraintes
C’est la catégorie qui présente la plus grande variété de métiers, avec des professions extrêmement qualifiées (enseignants, ingénieurs informatiques) qui côtoient des métiers moyennement qualifiés, en particulier dans les services (employés administratifs, comptables et financiers, employés de banque, techniciens de maintenances, professions paramédicales, secrétaires de direction…).
Leurs points communs : une bonne sécurité de l’emploi, de bonnes conditions de travail, de belles perspectives d’évolution professionnelle et un bon équilibre vie pro/vie perso, favorisé par l’absence d’horaires atypiques de travail. En revanche, le revenu salarial des travailleurs de cette catégorie est moins élevé que celui de ceux appartenant au premier groupe, même s’il reste légèrement supérieur à la moyenne de l’ensemble des travailleurs.
3. Les métiers à fortes contraintes physiques
On retrouve ici les ouvriers qualifiés et non qualifiés. Si leur niveau de salarie horaire brut moyen apparaît inférieur de plus d’un quart à celui de l’ensemble des salariés, en raison d’une proportion très faible de CDD et de temps partiel, leur revenu salarial annuel net moyen est sensiblement supérieur aux métiers appartenant au quatrième et au cinquième groupe.
Ces emplois se caractérisent, en revanche, par un important recours aux salariés en intérim, à une très forte exposition au risque de chômage et à un accès très faible à la formation professionnelle. Ces métiers sont également très exposés aux accidents du travail et aux contraintes physiques.
4. Les métiers à bas salaires relativement protégés des contraintes physiques et horaires
Il s’agit des employés faiblement à moyennement qualifiés qui bénéficient, dans l’ensemble, de bonnes conditions de travail et horaires. En ce qui concerne la rémunération, ils sont moins bien lotis que la catégorie précédente : tous les scores de salaires sont inférieurs à la médiane des métiers, sauf pour les employés de l’informatique et les professionnels des arts et spectacles.
Dans cette catégorie, plusieurs métiers (employés de maison, assistants maternels, coiffeurs esthéticiens) bénéficient d’un niveau très bas de représentation des salariés.
5. Les métiers à bas salaires et trajectoires défavorables, avec de fortes contraintes horaires
Ce sont les métiers cumulant faible rémunération, fortes contraintes horaires et faibles perspectives d’évolution professionnelle, c’est-à-dire les métiers peu qualifiés de l’aide à domicile, de l’aide-ménagère, de l’hôtellerie-restauration, de la vente, de a sécurité, les conducteurs de véhicules et les agriculteurs, les éleveurs, les sylviculteurs et les bûcherons.
6. Les métiers très exposés aux contraintes horaires mais avec des perspectives de carrière favorables
Enfin, ce groupe rassemble les professionnels de santé, de l’action sociale et de l’orientation, de l’armée, de la police et les pompiers. Ils ont en commun d’être exposés à des conditions de travail difficiles, notamment en termes de risques psychosociaux et à de très fortes contraintes horaires. Côté positif, on peut lister des trajectoires professionnelles favorables et de bons niveaux de représentation collective. Les situations salariales de ces métiers sont très contrastées : ainsi, si l’on retrouve les médecins et les professionnels de ‘larmée, de la police et les pompiers parmi les 25% des professions les mieux rémunérées, les aides-soignants, les infirmiers ou les professionnels de l’action sociale se situent bien en-dessous du salaire médian.
En définitive, on s’aperçoit qu’aucun métier ne coche toutes les cases des conditions optimales d’emploi. Cette cartographie fournit également une analyse précieuse pour prioriser les axes de revalorisation des emplois en fonction de la nature de chacun.
« Ainsi, les enjeux salariaux concernent particulièrement les métiers du care, les agents d’entretien, certains métiers ouvriers. Les problèmes relatifs aux horaires concernent, eux, particulièrement les métiers du care et de l’hôtellerie-restauration, tandis que les conditions de travail dégradées touchent les métiers du bâtiment et certains métiers ouvriers, mais aussi des métiers de services, y compris qualifiés, notamment en termes de pression ressentie et de risques psychosociaux. »