Emploi : le diktat de l’apparence

Cheveuxroux« Toute décision de l’employeur (embauche, promotion, licenciement, etc.) doit être prise en fonction de critères professionnels et non sur des considérations d’ordre personnel, fondées sur des éléments extérieurs au travail (sexe, religion, apparence physique, nationalité, vie privée…) ». Depuis plus de 10 ans, les législateurs ont retenu dans la loi la discrimination selon l’apparence physique. Une injonction que les employeurs peinent pourtant à suivre. Selon une étude de l’association Face Hérault, les candidats mal habillés au physique désavantageux ou en surpoids sont en effet plus souvent exclus du processus de recrutement que les personnes répondant aux canons de beauté actuels.

Le physique plus important pour les femmes

Face Hérault a interrogé quarante entreprises pour mener son enquête. Il ressort que la taille, la beauté, la couleur de peau, le handicap mais surtout « le style et l’obésité sont des critères pouvant freiner l’évolution de carrière » pour 76% d’entre elles. De même, à la question « l’apparence physique a-t-elle la même importance qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme », 85% des sondés répondent par l’affirmative. Ainsi, une large majorité de cabinets de recrutement (83%) ont déjà éliminé une personne obèse. L’obésité est perçu comme « un indicateur de mauvaise santé présente ou future et comme le révélateur d’une personnalité faible, moins dynamique, moins compétente, moins intelligente », explique Jean-François Amadieu, professeur agrégé en Sciences de gestion à l’Université Paris 1.


Le critère physique est encore plus important pour les femmes : il pèse pour 75% des employeurs sur leur évolution de carrière contre 60% pour les hommes… Et 83% des personnes interrogées déclarent que « l’apparence physique est plus importante pour une femme ».

Comment obtenir les preuves d’une discrimination ?

Le style (coiffure, tatouage, tenue vestimentaire) est également un critère d’exigence pour 100% des employeurs. Et on ne badine pas avec le look ! Plus d’un tiers des répondants imposent un dress code dans leur entreprise. Le jean et les piercings sont interdits de façon stricte et pour les femmes, pas de jupe trop courte.

Si les discriminations physiques sont interdites par la loi, le Défenseur des droits n’enregistre pourtant que 2% de réclamations sur ce critère. Un arrêt du 19 décembre rendu par la Cour de cassation pourrait toutefois aider les personnes discriminées à faire valoir leur droit. Deux salariés avaient demandé à leur employeur de fournir tous les documents nécessaires à l’examen de leurs conditions salariales pour prouver ou infirmer une supposée forme de discrimination. L’employeur refusait de fournir ces documents au motif de la protection de la vie privée des salariés mais la Cour de Cassation a rejeté cet argument. « Cet arrêt confirme donc la nécessité de conserver l’ensemble des documents relatifs à l’embauche, à l’évolution de carrière et à la rémunération des salariés, afin… souhaitons-le… d’être en mesure de prouver égalité de traitement et transparence des procédures », explique Face Hérault.

Bien s’équiper pour bien recruter