Écriture inclusive dans vos offres d’emploi : 6 mauvaises raisons de ne pas s’y mettre
L’écriture inclusive suscite parfois des débats enflammés mais qu’entend-on vraiment par là et pourquoi certaines entreprises refusent-elles de l’utiliser dans leurs offres d’emploi ?
Êtes-vous plutôt du genre à écrire : « Commercial(e) », « Chercheur/Chercheuse » ou « Développeur·se » dans vos offres d’emploi ? Quelle que soit l’option choisie, vous utilisez l’écriture inclusive, peut-être sans le savoir, comme le bourgeois gentilhomme faisait de la prose. Sujet parfois brûlant, l’écriture inclusive s’est invitée à la non-conférence du recrutement (NCDR), début septembre, à Paris. Certaines entreprises l’ont adoptée, d’autres l’ont testée et en sont parfois revenues, quand d’autres ne voient pas son intérêt.
Quelle que soit votre position sur le sujet, n’est-il pas bon que toutes les entreprises se posent la question suivante : « Qu’est-ce qu’une entreprise inclusive et un processus de recrutement inclusif ? » Pour choisir la formulation qui vous convient le mieux, en pleine conscience, et non pas par opposition de principe. On a challengé pour vous les principaux procès faits par les détracteurs de l’écriture inclusive.
C’est illisible
Recruteuses et recruteurs sont unanimes : le sujet qui divise le plus est l’usage du point médian (·), qui n’est d’ailleurs pas moins lisible que la parenthèse (qui a, elle, l’inconvénient de minorer l’importance du féminin : « les candidat(e)s »).
Rappelons que l’écriture inclusive ne se résume pas à ces ponctuations. Elle englobe également les formules associant masculin et féminin : « Enseignant et enseignante », les mots épicènes (dont la forme est identique quel que soit le genre) : « Scientifique » ou une formule globale : « l’équipe de direction ». Des graphies que nous sommes habitués à lire tous les jours !
Les règles sont compliquées
Certes, c’est un pli à prendre. Cela nécessite, au début, un effort de la pensée pour s’adresser aux candidats et aux candidates, sans distinction. Pour cela, il faut se montrer astucieux : certaines entreprises de la Tech recrutent « des devs » ou « des développeurs/développeuses ». Vous pouvez également vous documenter en consultant l’un des nombreux guides publiés sur le sujet.
Un effort relativement minime au regard des bénéfices de ce message d’ouverture. Plusieurs recruteurs et recruteuses ont témoigné avoir reçu davantage de candidatures de femmes et de personnes non binaires après avoir adopté l’écriture inclusive. Le ressenti des candidats et candidates à la lecture de l’offre d’emploi ? Un sentiment de postuler dans une entreprise plus « safe », qui prend en compte la singularité de chacun.
Ça dérange les candidats
Au cours des débats de la NCDR, certains ont évoqué des remarques de candidats agacés par l’écriture inclusive. Il se trouve que les personnes dérangées étaient exclusivement… des hommes !
D’autres ont expliqué que depuis qu’ils pratiquaient l’écriture inclusive, les discussions s’orientaient beaucoup plus vers la politique de diversité et d’inclusion de l’entreprise lors des entretiens d’embauche. Preuve que la thématique intéresse les personnes qui postulent.
Ça dénature la langue française
Retour au XVIIe siècle. L’Académie française, créée par Richelieu, impose comme règle grammaticale que « le masculin l’emporte sur le féminin, car le genre masculin est réputé plus noble que le féminin, à cause de la supériorité du mâle sur la femelle » … Cette règle misogyne n’a donc que 400 ans. Auparavant, on accordait souvent les verbes avec le sujet pertinent le plus proche, qu’il soit masculin ou féminin, une pratique héritée du latin.
C’est mauvais pour le référencement
L’algorithme de Google n’identifie pas, à ce jour, le point médian. En partie parce qu’il se base sur les requêtes des internautes, qui n’utilisent pas massivement ce signe de ponctuation. Certains médias disposant d’une bonne notoriété auprès du moteur de recherche ont d’ores et déjà adopté de nouvelles règles d’écriture inclusive qui pourrait amener les algorithmes à évoluer. Les équipes de recrutement n’ont-elles pas, elles aussi, un rôle à jouer pour faire évoluer les pratiques des GAFAM ?
C’est gadget
L’écriture inclusive n’est-elle après tout qu’une pure question de forme qui occulterait le vrai sujet : les autres actions concrètes pour lutter contre les discriminations au travail ? L’argument ne tient pas, car ce sujet s’inscrit toujours dans une réflexion bien plus large sur l’égalité professionnelle et l’inclusion.
L’offre d’emploi est la porte d’entrée pour la candidate ou le candidat, c’est important de l’accueillir en lui signifiant que ce sujet vous tient à cœur. L’écriture inclusive peut être un premier pas pour qu’un large public se sente concerné par vos offres d’emploi. Pour n’exclure personne, son descriptif du profil recherché doit également mettre en avant les qualités, et notamment les soft skills requises pour le poste, plutôt que lister à l’infini les compétences attendues et les noms des prestigieuses écoles de commerce ou d’ingénieur à afficher sur le CV. Tout cela afin d’éviter l’autocensure liée au sentiment d’imposture des candidates.