Les discriminations dans l’emploi coûtent des milliards à l’économie française
Les discriminations sur le marché du travail ont un coût social : elles freinent ou bloquent l’accès à l’emploi de certaines catégories de la population française. Mais ces discriminations ont aussi un coût insoupçonné en termes d’économie, surtout pour les entreprises qui se privent à tort de profils compétents. Tel est le constat de France Stratégie, institution publique rattachée à Matignon, qui chiffre ce coût à 2% des recettes publiques.
> Discrimination à l’embauche : un » panorama inquiétant » en France
150 milliards d’euros de richesse nationale sont perdus chaque année
France Stratégie, se basant sur plusieurs scenarii, estime que les discriminations occasionnent un manque à gagner compris entre 3,6% et 14,1 % du PIB, ce qui correspondrait à une fourchette de 80 à 310 milliards d’euros. Le scénario le plus prudent évalue la perte à 7% du PIB (soit 150 milliard d’euros), dont 97% découleraient directement du non-accès accès des femmes aux postes élevés. Lutter contre les discriminations produirait donc de la richesse, en plus réduire les inégalités sociales. Pour cela, il suffirait de jouer sur quatre leviers :
- Meilleur accès aux postes qualifiés
- Meilleur accès à l’emploi
- Réduction des écarts en matière de durées hebdomadaires de travail
- Réduction des écarts en matière de niveaux d’éducation (avec une convergence au niveau du Bac).
Afin d’illustrer les gains potentiels que générerait la fin des discriminations à l’embauche, M. Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie, cite l’exemple des États-Unis « où 15 à 20% de la croissance est venue de la réduction des discriminations hommes/femmes et noirs/blancs, en près de 50 ans (1960-2008)« .
> 12 dessins humoristiques contre les discriminations
Qui sont les victimes des discriminations ?
L’étude montre que de manière générale, les femmes ont un taux d’activité inférieur de 10 à 15 points en moyenne, comparé aux hommes. L’accès aux emplois à responsabilité leur est plus difficile, et leur salaire est inférieur de 12%. Pour les femmes originaires du continent africain, c’est la double peine. Souffrant de discrimination par le sexe et par l’origine géographique, elles forment une population fortement discriminée, avec un fort taux de chômage et peu d’accès à l’emploi stable de longue durée.
Les hommes originaires du continent africain sont aussi victimes de la discrimination à l’embauche, et connaissent un taux d’activité plus bas (-4 points) ainsi qu’un taux de chômage plus important (+7 points) que les hommes sans ascendance migratoire. Malgré cela, ils sont moins touchés par les inégalités salariales que les femmes en général.
> Inégalités professionnelles : les femmes trinquent toujours