« Les conseils que j’aurais aimé recevoir au début de ma carrière RH »

On ne les avait pas prévenus de tout ce que le métier de RH leur réserverait.

Rien de tel que de poser la question à ceux qui savent déjà.
Rien de tel que de poser la question à ceux qui savent déjà. © SurfupVector/stock adobe.com

« Prends un coach »

« J’aurais aimé qu’on me dise de prendre un coach, pour faire moins d’erreurs, avance Agnès Romatet-Espagne, DRH du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Si on n’a pas appris à relativiser, à mettre en perspective, à émettre un jugement critique, on risque de prendre de mauvais plis. »

Un avis que partage Joanna Bouy, experte Talent Acquisition chez The Workologist : « Un recruteur doit gérer les montagnes russes émotionnelles propres à son métier, mais aussi les émotions des candidats et de ses éventuels clients. Il faut également parvenir à adopter une posture d’expert et à dépasser son syndrome de l’imposteur. Et tout cela s’apprend. Se faire coacher permet de gagner plusieurs années ! »

Pour Maud Grenier, fondatrice de la communauté RH Worldmakers, cet accompagnement peut aussi prendre le visage d’un mentor : « Il ne faut jamais rester seul. Avoir un mentor permet d’échanger et de se confronter à un regard extérieur. »

« Forme-toi sur l’organisation et le relationnel »

« Au-delà des compétences techniques (évaluation, sourcing de candidats…), le recrutement requiert de l’organisation (gestion du temps, process, efficacité personnelle) et de l’ingénierie relationnelle (devenir un Talent Partner de référence pour les candidats et les clients, si on travaille pour un cabinet de recrutement). Il faut donc se former, dès le début, à tous ces sujets », estime Joanna Bouy.

« Apprends à maintenir la distance »

« Les RH ont des relations très personnalisées avec les autres collaborateurs, observe Agnès Romatet-Espagne. C’est un métier où l’on met beaucoup de soi, on accompagne des personnes qui peuvent avoir des vies compliquées, vécu des histoires dramatiques. Parfois, c’est difficile de maintenir la distance. Ce n’est pas évident, car on ne peut pas faire ce métier si on n’aime pas les gens, mais il faut apprendre à se préserver en prenant du recul. »

« Positionne-toi comme partenaire du hiring manager »

Un recruteur, y compris junior, doit se placer d’emblée sur un pied d’égalité avec le hiring manager, d’après Marie-Sophie Zambeaux, fondatrice du cabinet ReThink RH : « Il doit se positionner comme partenaire du manager, dès la phase de recueil de son besoin. En tant que ‘’sachant’’ en recrutement, il doit conseiller le manager sur la stratégie de recrutement, les éléments à mettre en avant sur l’annonce, les rémunérations pratiquées sur le marché, mais aussi l’accompagner dans la définition du besoin et l’accouchement des vrais bons critères de recrutement. C’est à lui de lui faire passer le message si ses attentes sont trop ambitieuses ou irréalistes. Pour ce faire, le recruteur doit s’appuyer sur des chiffres et des résultats d’études concrets et tangibles afin d’asseoir sa légitimité. »

« Ose tester de nouvelles façons de faire »

« En recrutement, il ne faut pas avoir peur de tester pour voir ce qui fonctionne le mieux : un autre intitulé d’annonce, différents canaux de sourcing, énumère Marie-Sophie Zambeaux. Le monde du recrutement évolue rapidement ; idem pour les habitudes et les attentes des candidats. Il est essentiel de remettre en question ses pratiques afin d’éviter de rester coincé dans des pratiques dépassées sous prétexte ‘’qu’on a toujours fait comme ça’’… Les recruteurs sont extrêmement bien placés pour faire bouger les lignes et peuvent, de manière très concrète, contribuer à faire évoluer les mentalités, que ce soit sur la diversité, le handicap, les profils jugés « atypiques » ou ceux qui, a priori, ne cochent pas toutes les cases. »

« Étoffe ton réseau professionnel »

« Au début de ma carrière, j’aurais aimé comprendre l’importance du réseautage, notamment sur les réseaux sociaux. Ils peuvent ouvrir de nombreuses portes et offrir des opportunités de rencontre et de collaboration inattendues », souligne Laura Pedro, consultante en recrutement indépendante.

« Travaille ta marque personnelle »

Aux yeux de Joanna Bouy, « travailler sa marque personnelle en tant que recruteur est un game-changer, et c’est à construire dès le début, même si l’on n’est pas freelance. D’ailleurs, cette marque doit être construite à la fois online (présence digitale, profil sur les réseaux sociaux) et offline (manière de se présenter, façon d’adresser les sujets, interactions…) ».

« Fais connaître ton travail »

« C’est bien d’avoir une vision orientée « data » pour faire rayonner son travail, y compris auprès des personnes qui ne le connaissent pas. Piloter son travail avec des indicateurs précis permet de donner un bel aperçu de la performance », poursuit Joanna Bouy.

« Préserve ton équilibre pro/perso »

« J’aurais aimé qu’on me dise plus tôt à quel point prendre soin de son équilibre entre travail et vie personnelle est crucial, témoigne Laura Pedro. Investir du temps dans sa santé mentale et son bien-être au travail aura forcément un impact positif sur votre carrière à long terme. »

« Ne te sous-estime pas ! »

« Il faut avoir conscience de sa valeur, c’est-à-dire prendre conscience de sa valeur ajoutée, ne pas hésiter à être force de proposition et à confronter ses idées. Dès le début de notre carrière, on est face à des dirigeants et il faut savoir appuyer ses idées et les porter ! », affirme Claire L’Hostis, Talent Acquisition Manager chez HelloWork.

« Reste toi-même ! »

Maud Grenier recommande, quant à elle, de rester fidèle à soi-même : « Il ne faut pas avoir peur d’exprimer son opinion, même si on n’est pas d’accord ! »

« Ne suis pas tous les conseils »

« Mon conseil est de ne pas suivre tous les conseils, sourit Gaël Mosny, DRH de Burger King France. Il faut les écouter, mais ne pas tous les appliquer à la lettre, car les choses évoluent tellement vite ! En ce qui me concerne, ce sont les échecs et la fréquentation de gens inspirants qui m’ont le plus appris. J’ai été ouvrier pendant six ans au cours de mes études, j’ai donc vu le monde du travail de l’autre côté, ça aide un peu. »

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Bien s’équiper pour bien recruter