Le « conscious quitting » : démissionner pour la bonne cause

Le mot RH de la semaine. Kathie Lago, recruteuse au Mercato de l’Emploi, nous parle de cet acte de démission pour raisons éthiques.

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Deux employés sur trois disent que les entreprises n’en font pas assez pour relever de grands défis sociétaux et environnementaux, selon Kathie Lago, recruteuse au Mercato de l'Emploi. © Hellowork

« Le conscious quitting (ou démission consciente) consiste à quitter son emploi pour des raisons éthiques. Cet acte de départ volontaire est la résultante de l’absence d’alignement entre les valeurs personnelles du salarié et celles de l’entreprise. Ce phénomène, particulièrement présent chez les jeunes, peut être contenu si l’entreprise repense son “logiciel” »

Un acte engagé

« C’est Paul Polmann, ancien PDG d’Unilever, qui est à l’origine du terme de conscious quitting. En février 2023, il publie son premier baromètre Net Positive Employee pour alerter les hauts dirigeants sur la préoccupation environnementale et sociale des salariés. L’étude porte sur 4 000 travailleurs aux États-Unis et au Royaume-Uni, et montre que la plupart des talents veulent travailler dans des entreprises qui ont un impact positif sur le monde. Par ailleurs, deux employés sur trois disent que les entreprises n’en font pas assez pour relever de grands défis sociétaux et environnementaux, tels que le changement climatique et les inégalités.

En France, cette préoccupation traverse la jeunesse étudiante. À Polytechnique, Sciences Po, ou encore AgroParisTech, les jeunes exigent une prise de conscience de la société en général et de leurs futurs employeurs en particulier. On revient à la quête de sens au travail née durant les années Covid : pour attirer les talents, on connaissait l’argumentaire salarial, l’argumentaire du télétravail, maintenant, il y a l’argument environnemental, social et sociétal (ESG). C’est un élément de différenciation dans la quête des talents activé par la marque employeur. Si l’entreprise ne répond pas à ces aspirations, les jeunes sont enclins à démissionner. »

Les jeunes en première ligne

« Imaginez : vous êtes jeune, diplômé, plein d’ambition… et vous travaillez pour une entreprise dont les actions ne sont pas en phase avec vos convictions environnementales et sociales. Frustrant, non ? C’est le sentiment qui habite de plus en plus de salariés, en particulier les moins de 35 ans. Ils n’hésitent plus à mettre les voiles pour trouver une entreprise plus en phase avec leurs valeurs. En fait, les jeunes actifs ne veulent plus seulement un salaire : ils souhaitent un travail qui ait du sens, qui contribue à un monde meilleur. C’est l’émergence d’un “salarié citoyen”, plutôt jeune, qui veut que son entreprise s’engage pour la planète. Si elle n’est pas l’écoute ou si elle n’agit pas, il est prêt à la quitter pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs. »

« Climate quit » : la démission pour sauver la planète

« Parmi les « démissionnaires conscients », on trouve de plus en plus de climate quitters. Ces jeunes, souvent très engagés dans la lutte contre le changement climatique, refusent de travailler pour des entreprises qui n’en font pas assez pour la planète. Ils veulent mettre leurs compétences au service d’un monde plus durable. »

Les entreprises doivent s’engager…

« Face à cette vague de conscious quitting, les entreprises ont tout intérêt à réagir. Il ne suffit plus de proposer un bon salaire et des horaires flexibles. Il faut montrer patte blanche sur le plan environnemental et social.

Cela passe par des actions concrètes :

  • Bilan carbone transparent
  • Politique d’achat responsable
  • Formation des salariés aux enjeux environnementaux
  • Soutien à des projets environnementaux et sociaux. »

… et être à l’écoute

« Lorsqu’il s’agit d’évaluer l’ESG de l’entreprise, l’opinion des collaborateurs est aussi cruciale. Faire remonter les feedbacks et associer les équipes avec des actions concrètes à mettre en place peut être capital. Pour ce faire, Il peut être utile de créer un questionnaire anonyme qu’ils peuvent facilement remplir à l’aide de Google Forms. Les talents veulent sentir qu’ils contribuent activement à un changement positif sur leur lieu de travail. Ainsi, cela peut être aussi une bonne idée de créer une équipe dédiée à l’amélioration des efforts de l’organisation en matière de questions environnementales et sociales, et de réunir tous les volontaires engagés sur ce sujet. »

Un travail vecteur de changement positif

« Le conscious quitting est bien plus qu’une mode. C’est un signal fort envoyé par les jeunes générations : le travail ne peut plus se limiter à une source de revenus, il doit être un vecteur de changement positif pour la société et la planète. Il incarne un appel à l’action pour les entreprises comme pour les individus. Il invite chacun à réfléchir à sa contribution au changement sociétal et environnemental. Cette tendance souligne qu’au-delà du profit, le sens et l’éthique deviennent des piliers incontournables du travail moderne. »

Bien s’équiper pour bien recruter