Canada : une offre d’emploi réservée aux minorités fait polémique
Plusieurs universités québécoises ont publié des offres d’emploi réservées aux femmes, autochtones, personnes en situation de handicap ou minorités visibles.
« Seules les personnes candidates possédant les compétences requises et s’étant auto-identifiées comme membre d’au moins un des quatre groupes sous-représentés seront sélectionnées » : à travers cette offre d’emploi, l’université Laval, au Canada, ne se cache pas de faire de la discrimination positive.
Une mesure pour favoriser la diversité à l’université
Les quatre groupes minoritaires concernés par l’offre en question ? « Les femmes, les autochtones, les personnes en situation de handicap et celles appartenant aux minorités visibles », qui représentent respectivement 38%, moins d’1%, 6% et 1% du corps professoral, selon les données du Plan d’action en équité, diversité et inclusion publié par l’université.
Celle-ci explique, dans son offre, avoir mis en place ces critères de sélection pour atteindre la cible de représentativité de ces groupes minoritaires aux postes de titulaires de chaire de recherche au Canada. Et a rappelé que les onze chaires réservées aux groupes sous-représentés constituaient une part infime de leur volume d’embauche sur une année : moins de 0,1%.
Une inégalité d’accès à l’emploi
D’autres universités ont publié des offres similaires pour atteindre le même objectif. Mais le procédé divise dans le milieu universitaire. Micheline Labelle, professeure à l’UQAM, citée par Le Journal de Québec, se déclare « totalement en désaccord avec ce qui se passe actuellement, parce que ce sont des quotas qui ne respectent pas l’esprit des programmes d’accès à l’égalité en emploi », même si elle partage l’avis qu’il faut favoriser une plus grande équité et diversité à l’université.
Plusieurs personnalités politiques ont également pris la parole pour dénoncer cette méthode, dont la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, dans un post Facebook : « Favoriser l’embauche ou l’octroi de fonds de recherche pour les groupes sous-représentés, à compétence égale, oui. Mais exclure explicitement des gens compétents parce qu’ils ne font pas partie d’une minorité visible ou parce qu’ils sont des hommes est exagéré pour le gouvernement du Québec. »
Au Québec, la charte des droits et libertés de la personne interdit pourtant tous type de discrimination fondée sur l’un des onze motifs cités, dont le sexe, le handicap, la race ou la couleur, l’origine ethnique ou nationale.
Qu’en est-il en France ?
En France, le fait de publier une offre d’emploi excluant une catégorie de la population en raison de ces mêmes critères, est tout aussi illégal, et est passible d’une amende de 45 000€ et de trois ans de prison. Ce qui n’empêche pas certains employeurs, notamment dans des secteurs d’activité encore largement masculins, de prendre ce risque, comme l’expliquait, il y a peu, Diane Beldame à HelloWorkplace : « Nous avons fait le choix de rédiger une offre exclusivement au féminin pour un poste de développeuse car il fallait qu’on provoque la mixité ! Nous aurions pu publier une offre mixte mais cela aurait été une perte de temps, une démarche irrespectueuse pour nos candidat hommes, et nous aurions eu moins de candidatures féminines. »
Quelles autres pistes pour améliorer la représentativité dans certaines entreprises ? De la rédaction d’offres d’emploi plus inclusives, aux CV sans photos et anonymes en passant par la lutte contre les biais de recrutement, une large palette d’actions est à votre portée. Et d’autres solutions à inventer !