Burn out : comment repérer les signes avant-coureurs chez vos collaborateurs
La crise sanitaire affecte profondément la santé mentale des actifs, menant certains au burn out. Quels sont les symptômes qui doivent vous alerter ?

Il est le mal professionnel de notre siècle. Le burn out, ou syndrome d’épuisement professionnel, touche de plus en plus d’actifs. Ce trouble s’est propagé comme une traînée de poudre chez les actifs cette année, dans un contexte de crise sanitaire marqué par l’anxiété, l’incertitude et l’apparition de nouvelles contraintes liées au travail à distance.
Qu’appelle-t-on burn out ?
La Haute autorité de santé définit le burn out comme un « état d’épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ». Ce trouble dépressif découle d’un trop grand décalage entre l’investissement du salarié dans son travail et le peu de satisfaction qu’il en tire.
Il peut être causé par un ou plusieurs facteurs :
- Une charge de travail trop importante
- Un manque de reconnaissance professionnelle
- Un soutien social et moral insuffisant
- Une perte de sens du travail
- Une situation d’insécurité au travail
Selon Catherine Vasey, psychologue et auteure de Burn-out : le détecter et le prévenir, il s’agit d’un « processus et non d’un état dû à un stress important et répété. Le stress est une réaction du corps, qui lui permet de se mettre en alerte le temps d’un danger. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, l’urgence est devenue un mode de vie. Les gens sont sur le qui-vive 24 heures sur 24. Résultat : leur corps est épuisé. Et cette fatigue de fond va avoir un impact sur leur moral ».
S’il n’est pas reconnu comme maladie professionnelle, ce syndrome peut néanmoins avoir de graves conséquences lorsqu’il n’est pas pris en charge à temps : accidents du travail, suicides…
Les signes qui doivent vous alerter
Symptômes physiques
L’apparition de troubles du sommeil de type insomnies ou une fatigue physique importante (maux de dos ou de tête qui semblent inexpliqués) doivent faire l’objet d’une vigilance particulière. Des problèmes digestifs ou des ulcères d’estomac sont également révélateurs d’une situation de mal-être. Chez certaines personnes, cet excès de stress peut également faire apparaître des irritations cutanées.
Soyez prévenants envers vos collaborateurs qui tombent très souvent malades car il est scientifiquement prouvé que notre système immunitaire se défend moins bien lorsqu’on est en proie à un burn out.
Prenez également garde aux modifications du comportement alimentaire de vos salariés (manque d’appétit, malbouffe…), qui peuvent se traduire par un gain ou une perte de poids significatifs, ainsi qu’aux addictions diverses (tabac, alcool, drogue).
Symptômes psychiques
Des troubles de l’attention et de la concentration se manifestent fréquemment lorsqu’on est au bord du burn out. Ils prennent différentes formes : perte de mémoire, difficulté à se concentrer ou à trouver ses mots, erreurs inhabituelles. Ces phénomènes peuvent se doubler d’une baisse de confiance en soi qui se traduit par un autodénigrement permanent, un sentiment de perdre en efficacité.
Portez une attention particulière aux collaborateurs qui ne jurent que par leur travail et font des journées à rallonge. Ce surinvestissement des workaholic peut cacher une souffrance. S’il s’accompagne d’un repli sur soi, d’une tendance à éviter les moments de convivialité avec les collègues à la machine à café ou durant les pauses déjeuner, votre collaborateur est sûrement sur la mauvaise pente.
Si l’on en croit les chiffres du dernier baromètre du cabinet Empreinte Humaine, les managers sont deux fois plus exposés au risque de burn out que les autres collaborateurs. Il faut donc veiller à ce qu’ils ne subissent pas une charge de travail et une pression plus importantes que celles qu’ils peuvent supporter.
Toute émotivité exacerbée doit aussi vous mettre la puce à l’oreille : passage rapide du rire aux larmes, crises de pleurs incontrôlées et inexpliquées, colère fréquentes…. De même, une posture cynique vis-à-vis des collègues, des supérieurs ou des clients (un médecin négligeant ses patients, un professeur s’acharnant sur un élève…) est généralement la dernière étape avant l’éclatement du burn out.
Dans les cas les plus graves, ce trouble dépressif mène à des pensées suicidaires, formulées à demi-mot ou clairement exprimées, notamment sur les réseaux sociaux.
Les solutions pour éviter à vos salariés de sombrer
Un rapport issu de la mission d’information de l’Assemblée nationale relative au syndrome d’épuisement professionnel formule plusieurs propositions pour apporter des réponses plus adéquates face à cette situation de détresse. D’après ce texte, les entreprises ont un rôle central à jouer, à la fois en matière de prévention et d’accompagnement des salariés victimes de burn out.
La prévention des risques psychosociaux est le principal rempart à ce mal. Ainsi, le rapport préconise de mettre en place dans les entreprises un réseau de salariés, délégués du personnel et représentants de CHSCT formés à la vigilance contre les risques psychosociaux.
Si vous repérez les signes annonciateurs précédemment énoncés, prenez le temps d’écouter le salarié et adoptez une attitude bienveillante. Les collaborateurs en situation de burn out sont souvent dans le déni, il convient donc de les amener en douceur au diagnostic.
Pour appuyer votre démonstration, vous pouvez proposer à votre salarié de passer un test : le Malash Burn out Inventory (MBI). Il s’agit d’une série de questions, conçue par des chercheurs américains dans les années 1980, destinée à mesurer le degré d’usure professionnelle d’un actif en évaluant trois volets : l’épuisement, le sentiment de dépersonnalisation et l’accomplissement personnel.
Une fois que le salarié a pris conscience du mal qui le ronge, prenez le temps de discuter avec lui. Ensemble, vous pourrez mettre en place des solutions pour adapter ses conditions de travail en fonction de ses besoins. A-t-il besoin d’un aménagement du temps de travail (horaires flexibles, temps partiel…) ? Souhaite-t-il suivre une formation pour monter en compétences ? Envisage-t-il une reconversion professionnelle ?
La psychologue Catherine Vasey préconise d’identifier les « lieux d’usure » au travail, c’est-à-dire les différents facteurs générant du stress : un téléphone sonnant sans arrêt, une tâche répétitive inefficace, un collègue avec qui le collaborateur ne s’entend pas bien… Vous pourrez, à la lumière de ces informations, proposer des alternatives à votre collaborateur : instaurer des plages horaires de déconnexion durant lesquelles il ne sera pas joignable, utiliser un outil pour automatiser les tâches pénibles, changer d’équipe…
Invitez enfin votre collaborateur à consulter un professionnel de santé : médecin du travail, psychothérapeute. Ce dernier déterminera s’il a besoin d’un arrêt de travail pour se reposer avant de reprendre son poste en douceur.
Gardez à l’esprit que le burn out peut toucher n’importe quelle personne de votre entreprise mais qu’il n’est en rien une fatalité. Apprenez à décoder précocement les signaux pour remotiver au mieux vos équipes et prévenir les dépressions.