Quoi de neuf dans le quotidien des RH en 2024 ? Les dessous de 8 chiffres-clés
Caroline Acs, directrice générale des éditions Tissot, revient sur les tendances révélées par le baromètre « Les RH au quotidien ».
Le baromètre « Les RH au quotidien » 2024 des éditions Tissot et de Payfit retranscrit les préoccupations majeures des RH ainsi que leur état d’esprit actuel. Caroline Acs, directrice générale des éditions Tissot, nous propose d’aller voir ce qui se cache derrière les chiffres de cette enquête.
La fidélisation : sujet-phare de 2024 pour 64% des RH
Pour la première fois, la fidélisation passe devant le recrutement dans la liste des priorités RH. « Cela paraît évident alors que le marché de l’emploi est toujours en tension, notamment dans des secteurs très concurrentiels, comme la Tech. Finalement, après une période post-Covid, où les actifs ont été attirés par la liberté du statut d’indépendant, on constate un retour à une préférence pour le salariat. Tout l’enjeu est ensuite de parvenir à garder ces nouveaux salariés », précise la directrice générale des éditions Tissot.
Le recrutement reste une priorité pour 59% du panel
Malgré tout, le recrutement arrive en seconde place des principales préoccupations de la fonction. « On voit que l’attractivité et notamment la marque employeur sont des enjeux majeurs, notamment pour les ETI et les PME, qui cherchent à se démarquer, et, par capillarité, le sujet prend de l’importance au sein des TPE », constate Caroline Acs.
62% des entreprises prévoient d’accorder des augmentations individuelles
Pour répondre à ce double enjeu de fidélisation et d’attraction des talents, les revalorisations salariales sont le principal levier que les RH comptent mobiliser. « Les entreprises privilégient les augmentations individuelles : 62% prévoient d’en accorder quand 54% optent pour des augmentations collectives. Mais il faut noter que les incitations gouvernementales ont réintroduit un peu de collectif dans les politiques de rémunérations, via les primes de partage de la valeur et les dispositifs d’intéressement et de participation », analyse Caroline Acs.
Selon les RH, 71% des salariés souhaitent qu’elles se concentrent sur la qualité de vie au travail
Autre vecteur d’amélioration de l’expérience collaborateur : créer les conditions de leur bien-être au travail. « Cela passe par des éléments comme le télétravail ou l’ambiance au sein d’une équipe, qui sont particulièrement importants pour les candidats et les salariés. Mais aussi par un travail de fond des équipes RH sur la santé au travail. De plus en plus, les RH sont appelées à innover pour combler de nouvelles attentes. L’expérimentation de la semaine de quatre jours dans les ministères en est un exemple. Le travail n’est plus une fin, mais un moyen qui ne doit pas empiéter sur la vie privée. »
La RSE jugée prioritaire pour seulement 25% des RH
On sait que les candidats posent des questions liées à la RSE de plus en plus fréquemment en entretien d’embauche, pourtant seuls 25% des RH envisagent de prioriser ce sujet en 2024. « Il y a un décalage entre les attentes des candidats et les pratiques des entreprises en matière d’engagement environnemental et social, observe Caroline Acs. On peut, en partie, expliquer cela par un manque de temps et de moyens, mais les RH dans leur rôle de recruteur sont en première ligne pour répondre aux attentes des candidats sur le sujet. »
Et si c’était à refaire ? 77% des RH choisiraient cette profession…
« Cette année encore, il ressort de manière très nette que les RH choisissent leur métier par passion. 74% d’entre eux l’ont choisi pour sa dimension humaine et sociale et 97% se sentent utiles. 77% déclarent qu’ils choisiraient la même profession si c’était à refaire. » En outre, 93% de l’échantillon se dit motivé par son travail et 91% se sent épanoui à son poste.
…même si 81% de ces professionnels se disent fatigués…
« Fatigué, épuisé, frustré sont les adjectifs qui reviennent en majorité lorsqu’on sonde les RH sur leur état d’esprit. Signe qu’il y a une distorsion entre une image très positive du métier et des conditions difficiles d’exercice. Avec, pour conséquence, cette problématique : comment garantir le bien-être de ses salariés quand on ne se sent pas bien soi-même ? »
… car 59% d’entre eux disent manquer de temps et de ressources en interne
Au rang des principales difficultés rencontrées dans le cadre de leurs fonctions, les RH citent le manque de temps et de ressources en interne. À cela s’ajoutent un budget insuffisant et un manque de reconnaissance. De quoi les RH auraient-elles besoin pour travailler dans de meilleures conditions et limiter les sources de stress et de fatigue ?
« Les sujets sur lesquels elles passent le plus de temps sont ceux qui les passionnent le moins (gestion administrative du personnel, de la paie…) et a contrario, elles manquent de temps pour des sujets qui les intéressent le plus, comme la qualité de vie au travail. Elles auraient besoin de budget pour automatiser les tâches à faible valeur ajoutée. La généralisation réussie des logiciels de paie prouve que ce n’est pas une question d’aversion au changement de la part des RH, mais bien de manque de moyens financiers alloués par la direction. Les RH considèrent qu’elles sont là pour rendre service à l’humain, elles n’ont pas cette culture de demander des choses à la direction, contrairement à d’autres services. »
Enfin, la complexité d’un droit du travail en constante évolution alourdit encore leur charge mentale. « Là encore, les RH peuvent être accompagnées par un certain nombre de services en ligne qui faciliteraient leur veille réglementaire et les conforteraient dans leurs décisions. »
*Cette étude, réalisée pour la septième année consécutive, a été menée auprès de 921 professionnels des ressources humaines, qui ont répondu au questionnaire, en ligne, entre le 14 décembre 2023 et le 14 février 2024.