Pourquoi les augmentations de salaire seront moins généreuses en 2025
Changement dans les politiques de rémunération, dynamique du marché de l’emploi, contexte économique et politique… De multiples facteurs viennent confirmer une baisse des budgets d’augmentation.
Après +3,8% en 2024, l’augmentation salariale médiane s’élèverait à 3,5% en 2025, d’après l’étude Salary Budget Planning du cabinet WTW*, sortie le 9 janvier. Une tendance un peu plus optimiste que les estimations des études de rémunération parues fin 2024, qui tournaient plutôt autour de 2% à 3%.
Les prévisions de WTW pour la France se situent dans la fourchette basse des augmentations médianes dans les principales économies mondiales (+3,6% pour le Canada, +3,7% pour l’Allemagne et les Etats-Unis, +3,9% pour le Royaume-Uni, +4,6% pour la Chine et +5,9% pour le Brésil).
Alors que débutent les NAO (négociations annuelles obligatoires), 46% des entreprises interrogées indiquent qu’elles ont réduit leur enveloppe dédiée aux augmentations de salaire par rapport à l’an dernier. On vous explique pourquoi, chiffres à l’appui.
Une approche plus individuelle des augmentations
Après avoir privilégié les augmentations collectives pour soutenir le pouvoir d’achat de leurs salariés, les entreprises françaises adaptent leur politique de rémunération en 2025 dans une logique d’individualisation. Si 39% d’entre elles ont déjà procédé à une révision globale des salaires cette année (et 28% prévoient de le faire), 38% recrutent à des niveaux de salaire supérieurs et 35% ont revu la rémunération d’un groupe de salariés spécifiques (et 22% prévoient de le faire). Près d’un tiers des employeurs a également mis l’accent sur des primes ponctuelles pour fidéliser leurs collaborateurs les plus performants.
Moins de difficultés à recruter et à fidéliser
En 2024, 37% des entreprises ont rencontré des difficultés à recruter et à retenir leurs talents. C’est cinq points de moins qu’en 2023. Au-delà du salaire, les employeurs misent sur d’autres leviers pour améliorer l’expérience collaborateur, au premier rang desquels des actions en faveur de la diversité, de l’équité et de l’inclusion, des opportunités de formation et de développement des compétences et la flexibilité au travail (télétravail, horaires flexibles…).
Des résultats financiers réels ou anticipés plus faibles
Un tiers des employeurs constate ou s’attend à de moins bons résultats financiers. Selon une étude publiée le 8 janvier par BPCE L’Observatoire, les défaillances d’entreprise pourraient se chiffrer à 68 000 en 2025, après avoir touché 66 500 organisations en 2024. « Cette prévision s’inscrit dans un environnement en 2025 qui verra se superposer plusieurs effets potentiellement délétères pour les entreprises : la croissance économique demeurerait très limitée (en-dessous de 1%) et devrait détruire des emplois selon la Banque de France ; la poursuite des remboursements de PGE et la normalisation des recouvrements de l’Urssaf ; un risque d’attentisme accru des ménages et des entreprises qui dépendra du degré d’incertitude politique et de la politique budgétaire ; un recul limité des coûts de financement », notent les auteurs.
Une période de flou politique et budgétaire
En l’absence de budget en ce début d’année, de nombreuses entreprises ont choisi d’attendre pour conclure leurs accords de NAO. Parmi les inconnues, l’hypothèse d’une baisse des exonérations de cotisations sociales sur les salaires supérieurs à 2,25 SMIC, qui avait été mise sur la table par le gouvernement Barnier fin 2024. Une mesure qui fait craindre au patronat une baisse des embauches de travailleurs très qualifiés, qui y voit également un potentiel frein aux augmentations salariales.
Une inflation moins élevée
Après des années d’inflation record (+5,2% en 2022, +4,9% en 2023), l’inflation a progressé moins vite en 2024 (+1,3%). La Banque de France table, par ailleurs, sur une inflation modérée, autour de 2%, en 2025. Alors que 40% des employeurs affirment que la pression inflationniste est un facteur important pour déterminer l’enveloppe des augmentations, le soutien au pouvoir d’achat des salariés apparaît moins urgent que par le passé.
*L’enquête « Salary Budget Planning » – Edition janvier 2025 de WTW a été menée en octobre 2024. Plus de 1 000 entreprises en France, couvrant une large gamme de secteurs et des groupes français ainsi que des filiales de groupes étrangers opérant en France, y ont répondu. Cette étude vise à fournir des informations précises et à jour sur les tendances actuelles et sur les prévisions futures en matière de rémunérations pour aider les entreprises à prendre des décisions éclairées.