Ce qu’attendent les seniors de leur entreprise

Quel rapport les plus de 50 ans entretiennent-ils avec le monde de l’entreprise ? Et leurs attentes sont-elles foncièrement différentes de celles de leurs cadets ?

attentes seniors entreprises etude
Les attentes des seniors à l'égard de leur travail sont globalement les mêmes que celles des jeunes générations. © Lumos sp/stock adobe.com

De l’avis des salariés de plus de 50 ans, le rôle d’une entreprise est avant tout de créer de l’emploi, et donc d’embaucher des salariés. Ses deux autres missions principales, d’après eux, sont de donner les moyens à leurs collaborateurs de s’épanouir professionnellement et d’être utile pour la société, nous apprend l’enquête de la Fondation Jean-Jaurès/Macif/France Silver Eco*, publiée le 20 mars 2025.

Les seniors attendent leur entreprise au tournant sur l’amélioration des conditions de travail (40% de ce panel souhaitent qu’elle s’engage sur ce point), sur la défense de leur pouvoir d’achat (citée par 30%) et sur la transmission des savoirs (citée par 20%). Pour être heureux au travail, ils ont besoin d’être bien payés, d’avoir une activité intéressante et de travailler dans une équipe où ils s’entendent bien avec leurs collègues.

Pour une majorité de salariés de cette génération, l’entreprise idéale est locale et enracinée dans son territoire, de préférence française et porteuse de valeurs telles que le respect, la confiance, l’écoute et la solidarité. Leur définition du manager idéal ? Quelqu’un qui reconnait le travail accompli et crée un environnement de travail épanouissant. Et les collègues parfaits ? Ceux qui contribuent à créer une bonne ambiance et sur lesquels on peut compter en cas de difficulté.

Le choc des générations : un mythe ?

En comparant les résultats de cette étude avec celle menée auprès des 18-24 ans par la même Fondation Jean-Jaurès fin 2024, on observe que les attentes des seniors et des jeunes vis-à-vis de leur employeur ne sont pas si différentes qu’on peut parfois le croire. Les réponses qui arrivent en tête chez les premiers sont les mêmes que celles des seconds, que ce soit sur leur conception du rôle de l’entreprise, leurs attentes vis-à-vis d’elle, de leur manager et de leurs collègues.

« Cette vision et ces attentes communes portées par les jeunes salariés comme par les seniors sont autant d’aspects enthousiasmants pour les dirigeants, managers et salariés dans leur ensemble. Ils permettent d’envisager des collaborations entre salariés d’âges et d’expériences différentes, mais également d’écrire un récit commun autour de l’entreprise et de son rôle dans la société, loin des clichés », commente la Fondation Jean-Jaurès.

L’entreprise, c’était mieux avant ?

Quand on les interroge sur les récentes évolutions du travail et de l’entreprise, les seniors semblent traversés par une nostalgie du monde d’avant : la moitié d’entre eux juge que le travail est devenu moins intéressant, contre 27% plus intéressant et 23% qui ne savent pas. Ils estiment aussi que le travail et son rythme sont devenus plus pénibles que par le passé et que les rapports collectifs entre salariés sont moins nombreux qu’avant.

Le regard des salariés les plus expérimentés sur les jeunes générations est assez sévère : ils les jugent moins engagés qu’avant dans l’entreprise, plus exigeants et moins fidèles à l’entreprise.

Au rang des évolutions positives, 44% de l’échantillon juge que l’équilibre vie pro/vie perso est mieux respecté qu’avant, 44% que l’entreprise prend davantage en compte la santé de ses salariés et 40% que les nouvelles manières de travailler, telle que le télétravail, sont vecteur de progrès.

Des seniors qui se sentent dévalorisés au travail

Concernant leur place dans le monde de l’entreprise, 55% des plus de 50 ans se sentent plutôt dévalorisés au travail et 51% se disent même moins considérés que ne l’étaient les salariés senior autrefois.

De leur point de vue, cette mauvaise image s’explique avant tout par des stéréotypes tenaces tels que :

  • « Les seniors coûtent trop chers/sont trop payés par rapport à ce qu’ils rapportent à l’entreprise » ;
  • « Ils ne veulent pas changer leur façon de travailler » ;
  • « Ils ne comprennent pas assez les nouvelles générations » ;
  • « Ils sont trop en décalage avec le monde contemporain et ses enjeux ».

Une vision nuancée par les réponses des cadres dirigeants : si 36% partagent l’avis que les salariés senior résistent davantage que les autres au changement, ils ne sont que 12% à partager les trois autres constats.

Quelle politique RH pour les seniors ?

Les seniors interrogés identifient cinq pistes principales pour améliorer la place des seniors au sein de l’entreprise :

  • Leur confier un rôle de transmission, que ce soit de savoirs, de savoir-faire ou de valeurs, par le biais de mentorat de compétences, par exemple ;
  • Les traiter comme les autres salariés de l’entreprise, que ce soit en termes d’accès à la formation, de possibilité d’évolution, d’augmentation… ;
  • Leur permettre de travailler plus longtemps s’ils le souhaitent ;
  • Leur donner davantage de temps libre pour s’engager à l’extérieur et préparer la suite : 79% des seniors pensent d’ailleurs que l’entreprise doit les accompagner dans la préparation de leur retraite ;
  • Les mêler davantage à la jeune génération.

*Etude menée par la Fondation Jean-Jaurès, la Macif, France Silver Eco et BVA Xsight auprès de 1 003 salariés de 50 ans et plus, du 7 au 18 octobre 2024, et de 300 cadres dirigeants du secteur privé, du 7 au 21 octobre 2024.

Visuel promo

Bien s’équiper pour bien recruter