Accidents du travail : combien en dénombre-t-on en France ?
La France fait partie des pires élèves de l’Union Européenne.
Lundi dernier, sur les bancs de l’Assemblée nationale, l’intervention du député Aurélien Saintoul -qui a employé les termes « d’imposteur » et « d’assassin » envers le ministre du Travail- a éclipsé le sujet initial du débat : les chiffres des accidents du travail en France. Combien y en a-t-il chaque année dans l’Hexagone ? On fait le point.
La France au-dessus de la moyenne européenne
pour les accidents mortels
Les dernières données d’Eurostat, l’office statistique de l’Union Européenne, datent de 2020 et sont moins représentatives en raison du confinement et de l’arrêt partiel de l’économie. Elles présentent la France comme le huitième pays de l’UE avec le plus d’accidents du travail mortels par rapport au nombre total de travailleurs.
Si on remonte en 2019, les chiffres montrent que la France est le pays avec le plus d’accidents de travail mortels par 100 000 travailleurs : 3,53 (ce qui représente 790 décès soit deux morts au travail chaque jour). Près du double de la moyenne des 27 pays membres de l’Union Européenne (1,74) et bien loin devant les meilleurs élèves que sont les Pays-Bas (0,48) et la Suède (0,72).
Toutefois, l’année 2019 fait office de cas particulier : c’est la seule fois où la France a été sur ce triste podium. Si elle reste toujours au-dessus de la moyenne depuis 2010, elle occupe plus souvent la septième ou huitième place.
Accidents non-mortels : la France pire pays de l’UE
Selon le ministère du Travail, en 2019, plus de 780 000 accidents du travail non-mortels ont eu lieu en France. D’après Eurostat, la France présente un taux d’environ 3000 accidents pour 100 000 travailleurs, soit deux fois plus que la moyenne des pays de l’Union Européenne. Juste derrière l’Hexagone, on trouve le Danemark, le Portugal et l’Espagne. Ces comparaisons sont néanmoins à relativiser en raison d’un système de décompte des accidents du travail non-homogénéisé selon les États membres de l’UE. Ainsi, l’Assurance maladie inclut les malaises et accidents de trajet : deux éléments pas toujours pris en compte à l’étranger.
Une amélioration ces deux dernières années
La hausse du nombre d’accidents du travail mortels en France a été quasi continue entre 2010 et 2019, passant de 537 à 790. Mais le dernier rapport de l’Assurance maladie observe une baisse en 2021 avec 88 décès de moins. La trajectoire est similaire pour le nombre d’accidents du travail non-mortels avec près de 50 000 accidents de moins en 2021 par rapport à 2019. Une nouvelle encourageante, dû en partie à une meilleure formation en sécurité distillée aux salariés. Et notamment aux apprentis et aux intérimaires, qui sont plus souvent victimes d’accidents que les autres salariés.