Quand un spécialiste de la collaboration à distance rappelle ses salariés au bureau

Vous savez ce qu’on dit sur les cordonniers.

Zoom rappelle ses salariés au bureau
En septembre 2022, environ 1% des effectifs de Zoom avait une présence régulière dans les locaux de l'entreprise. © VisualProduction - stock.adobe.com

 

Devenu le symbole d’une nouvelle façon de travailler post-pandémie, Zoom attend désormais de ses 8 400 salariés qu’ils fassent leur retour au bureau, convaincu que la meilleure voie à suivre est celle d’une organisation hybride.

La mort de la révolution du télétravail ?

Concrètement, les collaborateurs résidant à moins de 80 kilomètres de leur bureau devront être présents sur site au moins deux jours par semaine. Avant cette nouvelle annonce, Zoom avait pourtant envisagé que ses salariés puissent télétravailler sans limite de jours ou de temps, mais ce ne sera plus d’actualité à partir de ce mois d’août. Pour Business Insider, ce n’est rien de moins que la mort de la révolution du télétravail.

En septembre 2022, environ 1% des effectifs de Zoom avait une présence régulière dans les locaux de l’entreprise, 75% étaient en télétravail complet et le reste profitait d’une organisation hybride. Le rappel des troupes au bureau se fait parallèlement à un marché plus tendu, qui a vu émerger de solides concurrents comme Microsoft. D’où la réduction de 15% de ses équipes et les baisses de rémunération significatives de son top management. Une action Zoom est actuellement évaluée à 68 euros, alors qu’elle en valait 500 en octobre 2020.

Un hôtel pour les salariés de Google

La moitié des salariés de Zoom sont basés aux Etats-Unis. A L’échelle du pays, 12% des travailleurs américains pratiquent le full remote, tandis que 29% sont en télétravail partiel. Chez Google, la plupart des salariés doivent être présents trois jours par semaine depuis l’année dernière. En juin dernier, son DRH invitait même des salariés, dont le télétravail avait pourtant  été validé par le passé, à reconsidérer leur choix et rejoindre leurs collègues au bureau. Sachant que les nouvelles demandes seront prises en compte seulement à titre exceptionnel, comme l’a annoncé Fiona Cicconi, Chief People Officer chez Google.

D’où l’idée lumineuse du géant de la tech pour rapprocher les salariés de leur bureau en période estivale : un hôtel installé au cœur de son campus de Mountain View, en Californie. Jusqu’au 30 septembre, les salariés peuvent réserver une chambre pour la somme de 99 dollars la nuit. Selon Google, les raisons de se laisser tenter sont nombreuses : plus de sommeil, petit-déjeuner et sport à proximité pour commencer la journée en pleine forme, soirée chill sur le rooftop… Et la somme demandée est finalement assez concurrentielle dans cette zone où les prix de l’immobilier sont très élevés, tout comme la demande. Mais à 3000 dollars le mois entier, les salariés de Google restent dubitatifs à l’idée de donner une partie de leur salaire à leur employeur. Eux qui ont déjà été avertis que leur assiduité au bureau deviendrait un critère de leurs futures évaluations de performance.

Télétravail et productivité : l’organisation hybride tire son épingle du jeu

Une récente étude du MIT relayée par Les Echos aurait tendance à donner raison à Zoom et autres initiateurs d’un retour au bureau. Sa principale conclusion ? Le télétravail à temps complet entraînerait une perte de 18% de productivité chez les salariés. L’étude a été menée en Inde à Chennai, avec des salariés de la data aux tâches facilement réalisables à distance. A leur embauche, ces salariés avaient été répartis au hasard en télétravail complet ou en présentiel.

Les salariés en full remote seraient moins productifs sur les horaires dédiés au travail, ce qui entrainerait des journées plus longues pour parvenir à réaliser leurs missions. Alors que les salariés onboardés au bureau apprennent mieux, et ce serait d’autant plus flagrant sur les missions les plus difficiles, avec une différence de productivité de 20%. Les Echos nous apprennent aussi que les télétravailleurs par choix ne sont pas plus productifs que ceux qui subissent ce fonctionnement.

Bien s’équiper pour bien recruter