Vie de bureau : l’exception culturelle française

La France convertie à l’open-space ?
Les Français attendent-ils trop de leur travail ? C’est ce que suggère l’étude Culture Code en évoquant la » dualité » de notre rapport au monde de l’entreprise. Une ambivalence, « associée à une instabilité économique et à un taux de chômage important, qui génère aisément un sentiment d’insécurité et de désenchantement ».
Le lieu de travail français symbolise donc à la fois le lieu où nous souhaitons absolument nous réaliser, quitte à nous y impliquer avec trop d’émotion, mais aussi l’endroit où ont survécu de fortes traditions hiérarchiques et une organisation de l’espace de travail bien définie. En France, explique ainsi Steelcase, « l’autorité et la hiérarchie prédominent toujours, comme peut-être les derniers vestiges, de son passé aristocratique »…
Autre particularité typiquement française, on aime bien mettre en place des règles strictes et produire des règlements sur tout et n’importe quoi. Mais en même temps, on n’hésite pas à s’en affranchir si ces « lois » sont inadaptées. Mais personne n’ose l’avouer officiellement. D’une manière générale, les Français sont aussi prudents et très peu spontanés dans leur vie professionnelle, toujours en raison du poids de l’autorité. D’après Steelcase, les Français se cachent derrière un masque au travail, « dissimulent leurs personnalités et leurs opinions ». Conséquence, « il y a beaucoup de non-dits et les messages non-verbaux peuvent être difficiles à déchiffrer ».
Les autres particularités françaises :
- « Le bureau est toujours le principal espace de travail », même si les nouvelles technologies « créent un nouvel intérêt » pour le travail mobile.
- Le management est centralisé pour influer sur le travail au quotidien
- Les prises de décision sont parfois longues à cause du besoin de validation de tous les étages de la hiérarchie
- Les réunions sont souvent bien structurées et il est de bon augure qu’elles durent « plus longtemps que prévu ». Mais c’est peut-être aussi parce que la ponctualité n’est pas notre fort et que les réunions commencent rarement à l’heure !
- Côté horaires encore, Steelcase note également que le temps consacré à la vie privée est très important. Du coup, nous travaillons moins que la plupart de nos collègues occidentaux.
- Autre exception très française : les 35H. Dans son enquête, Steelcase rappelle que malgré cette loi, votée en 2001, « la plupart des salariés travaillent plus que 35 heures et emportent des dossiers à leur domicile ».
- La pause-déjeuner c’est sacré ! Pas question de manger sur le pouce devant son ordinateur, comme c’est fréquent dans les pays anglo-saxons. La coupure de midi, d’environ une heure, n’étant « pas incompatible avec une solide éthique professionnelle ».
- Revers de la médaille, pour les hauts dirigeants, « il est courant de terminer très tard »
Malgré tous ces particularismes, le développement de l’open space semble marquer « un changement culturel majeur » qui risque de bouleverser à terme nos vieilles habitudes et notre rapport à une hiérarchie très pyramidale. La remise en cause de la figure du chef « à l’ancienne » pourrait bien à l’avenir nous inciter à travailler plus en mode collaboratif et à communiquer davantage, ce qui ne serait pas un mal. Et en ce qui concerne l’équilibre et la qualité de vie auxquels les Français sont très attachés, Steelcase remarque que la fusion du travail et de la vie privée commence à émerger dans l’Hexagone. Peut-être le signe d’une autre révolution culturelle dans le monde de l’entreprise ?
Voir l’enquête Culture Code sur le site de Steelcase. A lire également Office Code, un comparatif des us et coutumes dans les bureaux en Europe
